
Revenant sur son itinéraire, il raconte : « Je suis journaliste professionnel sorti de Maison Lafitte en France avec des camarades de promotion comme Sokhna Dieng (Ndlr ancienne directrice de la télévision et actuelle député du Pvd à l’Assemblée nationale) ». C’est à l’Orts qu’il fera ses premières armes mais pour un an seulement. Car, en 1973, dit-il, « j’ai eu une punition-promotion qui fera de moi un correspondant en Allemagne ».
Jusqu’en 1976, Abdoul Aziz Diop assurera cette fonction avant de passer le relais à Diadji Touré. Mais pendant tout ce temps, il avait entrepris une collaboration avec la radio internationale allemande Deutsch Welle et c’est donc tout naturellement qu’il va l’intégrer après avoir quitté l’Orts. Il sera tour à tour aux Desks Politique, Culture, Economie et Sports. Quand il est arrivé à Cologne, se souvient-il, il n’y avait que 10 Africains dans la ville.
« A l’époque, l’Allemagne n’était pas comme elle est maintenant. C’était un pays triste et travailleur », renseigne M. Diop avec une lueur de nostalgie dans le regard. Sa profession de journaliste l’a amené à se déplacer en Allemagne, mais aussi un peu partout en Europe, notamment en France et en Scandinavie.
Les téléspectateurs sénégalais des années 1980 se souviennent certainement des documentaires Transtel qui étaient diffusés sur la Rts. C’est notre compatriote de la Deutsch Welle qui était à l’origine de cet échange de programmes.
Intégration et enracinement
Parfaitement
intégré dans son pays d’adoption et malgré ses plus de quatre décennies
de présence, Abdoul Aziz Diop n’a jamais renoncé à sa nationalité
sénégalaise ni à sa culture. D’ailleurs, ajoute-t-il, « j’écris des
chansons en wolof car avant d’être journaliste, j’ai été musicien. Je
chantais et jouais de la guitare et je me suis formé au Star Jazz de
Saint-Louis ». Ce penchant musical qu’il croyait avoir oublié va le
rattraper sur le tard et il taquine maintenant des instruments comme la
guitare, la basse ou le piano. D’ailleurs, il est sur le point de sortir
un double album produit au studio de Pape & Cheikh à Dakar.
Marié d’abord au Sénégal, il va divorcer et lier son destin à celui d’une Allemande qui est son épouse depuis 39 ans. Le couple aura trois enfants et goûte aujourd’hui au bonheur d’être grands-parents. « Un de mes enfants venait souvent au Sénégal », ajoute-t-il, comme pour montrer que le lien n’est pas rompu avec son pays d’origine. Les différences culturelles peuvent souvent être source de conflits dans un couple mixte, comme par exemple la conception de la famille (nucléaire), indique-t-il. Mais, c’est pour ajouter aussitôt : « La société allemande m’a beaucoup marqué ; elle m’a donné le sens de la ponctualité, de la franchise, de la conscience au travail quitte à y laisser ma vie ».
Pour ce qui est du racisme qui semble monter en flèche un peu partout en Europe, M. Diop affirme ne l’avoir personnellement pas vécu, mais, reconnaît-il, « la discrimination existe, ce qui est différent du racisme primaire et de certains comportements que je qualifie de misérabilistes ».
Abdoul Aziz Diop, en dehors de la musique dont il a passé le virus à un de ses fils d’ailleurs, a un autre violon d’Ingres, à savoir l’écriture, ce qui n’est pas surprenant chez un journaliste. « J’ai publié trois romans et je m’apprête à sortir un quatrième que j’ai terminé ». Les deux premiers (« l’Ailleurs et l’illusion », « Prisons d’Europe », 3e prix des lycées et collèges du Sénégal) portent sur le thème de l’immigration. Le troisième roman « Prisonniers de la vie » est une œuvre sur Saint-Louis et faisait partie du programme de l’Ugb en littérature sénégalo-américaine avec Malick Fall et Abdoulaye Sadji, dit-il avec fierté. Maintenant qu’il est à la retraite, Abdoul Aziz Diop compte consacrer son temps à ses hobbies et essayer d’être utile à son pays. Chapeau doyen !
Ibrahima MBODJ
0 Commentaires
Participer à la Discussion