Après 30 ans de présence dans le patrimoine mondial : Gorée sera finalement restaurée par l’Etat

Après 30 années d’inscription au patrimoine universel de l’Unesco, l’île de Gorée a besoin d’être réhabilitée. C’est pour cela que l’Etat s’est engagé à mener ce travail en faisant l’inventaire de tous les bâtiments et sites de l’île. L’affirmation a été donnée par le ministre de la culture lors de l’ouverture de la 4è édition du Gorée Diaspora Festival. L’événement va réunir du 13 au 16 novembre, plusieurs personnes venues des quatre coins du monde.

« L’Etat du Sénégal n’attend plus l’Unesco, il a pris les taureaux par les cornes. Nous allons faire de notre mieux pour ce qui est du travail de restauration de l’île Gorée ». Le ministre de la Culture, du Patrimoine historique classé et de la Francophonie est réellement préoccupé par la réhabilitation de l’île mémoire. Hier, lors de l’ouverture de la 4è édition de Gorée Diaspora Festival, il a beaucoup été question de la réhabilitation de l’île qui célèbre en 2008, sa trentième année en tant que site classé Patrimoine mondial.

Semblant répondre au représentant de l’Unesco Breda qui suggère une « nouvelle dynamique de sauvegarde de l’île », Mame Birame Diouf a souligné que l’Etat du Sénégal ne veut plus entendre des « discours velléitaires », par rapport à cette question. Pour lui, une fois qu’une cité ou une ville est reconnue, comme Gorée, « Patrimoine mondial de l’humanité », il appartient à l’Unesco de mener les travaux de réhabilitation du site. Certes, souligne-t-il, une réhabilitation doit répondre à une « expertise pointue », mais déjà un comité a été mis en place sur demande du président de la République afin d’inventorier tous les sites et bâtiments de l’île. « Des cybercafés sont prévus, tout comme la réhabilitation de la villa Médicis pour les écrivains et le Relais d’Espadon. Un ensemble d’infrastructures qui vont permettre une animation culturelle de l’île », a déclaré Mame Birame Diouf.

Les valeurs de tolérance

Durant les quatre jours que va durer le Gorée Diaspora festival (du 13 au 16 novembre), il sera aussi question de l’évocation d’Aimé Césaire, cet homme multidimensionnel, choisi cette année comme parrain de cette 4è édition. « A lui seul, le poète et homme politique martiniquais représentait les valeurs de tolérance de rapprochement des peuples », a indiqué Me Augustin Senghor, président du Comité de pilotage du festival. Et le maire de Gorée d’ajouter que de par sa mission et son ambition, le Gorée Diaspora festival ne peut pas passer sous silence l’œuvre et la vie de cette personnalité illustre qui a consacré sa vie entière à la refondation de l’histoire des peuples. D’ailleurs, le thème du festival 2008, « Cahier d’un retour aux sources de la Diaspora » est un clin d’œil que les organisateurs lancent à l’ancien ami de Senghor pour le combat de la Négritude. Pays de cultures et dépositaire des anciennes civilisations africaines, l’Ethiopie est à l’honneur cette année à ce festival. Son choix qui n’est point dû au hasard et va permettre, selon Me Augustin Senghor, de faire découvrir à l’Afrique ce pays. « Et pour que, indique-t-il, les Africains se connaissent entre eux avant de connaître les autres ». Terre abritant le siège de l’Ua, l’Ethiopie représentée par son ambassadeur à Dakar, son Excellence Hassene Abdulkadir Berket, va saisir l’occasion pour exposer son art culinaire durant la journée du dimanche 16 novembre. . Mais 2008, qualifiée par bien des personnes de « d’année particulière », coïncide avec le 160è anniversaire de l’abolition de l’Esclavage. Me Augustin Senghor a d’ailleurs plaidé pour que l’Unesco fasse que la Traite négrière soit reconnue comme un crime contre l’humanité. Et dans ce rappel de ce passé douloureux connu par les Africains, Me Senghor ne veut oublier Babacar Joseph Ndiaye qui, pendant 40 années, a fait connaître par « l’oralité et l’émotion », l’Esclavage à bien des personnes dans le monde.

Pour le président du comité de pilotage de GDF, le conservateur de la Maison des Esclaves de Gorée a réussi là où les hommes politiques et autres responsables ont échoué.

Gorée Diaspora Festival va constituer cette année encore des moments de retrouvailles pour les nombreux festivaliers qui viennent d’Europe, d’Amérique, d’Amérique et d’Afrique. Côté animation, un avant-goût a été donné par le Shoublack, groupe vocal caraïbéen, le Dona Brass Band du Bénin ainsi que la Capoeira de Gorée.