L’auguste Assemblée nationale sénégalaise a failli s’écrouler le jour du vote du budget du ministère des Sports sous l’effet de l’énormité de la député Fatma Niang. Intervenant lors des débats dominés ce jour-là par le différend Fédération de foot-ministère des Sports et par l’intervention de la Fifa (Fédération Internationale de Football Association) pour aplanir la difficulté, Mme Niang a dit ceci (en langue Wolof): «ce pays nous fatigue ; la Fifa devrait s’occuper de son propre football et nous laisser tranquille. Il faut dire au président de ce pays de ne pas se mêler de nos affaires, monsieur le ministre. Nous sommes un pays indépendant». La Fifa, un pays ? Il faut vraiment oser le dire. Pourtant, cette actualité, tous les médias en ont fait leurs choux gras. Ils l’ont retournée dans tous les sens, à toutes les minutes et dans toutes les langues. Il fallait juste se donner la peine de s’informer pour éviter d’être catastrophique.
En Fatma Niang, je vois-là le symbole d’une Assemblée nationale sénégalaise à tendance déclinante. Où le gros de la troupe des députés (dont le nombre est porté à 150 avec des privilèges affolants) s’ils ne sont pas aux abonnés absents, passent leur temps à roupiller ou à débiter des grossièretés. Des «honorables» qui, pour la plupart, sont intellectuellement désarmés du point de vue de l’appréciation des situations et de la prise de position responsable. Désarmés sûrement par… la dictature des intérêts personnels ?
Aux yeux des Sénégalais, l’essentiel des députés a trahi le peuple dont il n’est plus au service. Les droits et les libertés de ceux qui ont placé leur confiance en eux leur importent peu et sont à tout moment abandonnés, sacrifiés aux intérêts du Parti-Etat. Hier, c’était le Parti socialiste (Ps) ; aujourd’hui c’est le Parti démocratique sénégalais (Pds).
Personne ne s’y méprend : l’Assemblée nationale qui amnistie des criminels (Loi Ezzan pour le crime de Me Sèye) est le reflet de la réalité démocratique sénégalaise. Une démocratie qui se ment à elle-même et qui ment au monde en se prenant pour ce qu’elle n’est pas au fond. En vérité, le Sénégal est une société où les libertés sont de plus en plus confisquées voire réprimées. Un pays qui, si vous grattez le vernis de mesures «modernes» en apparence, laisse voir la dictature d’un régime autoritaire et violent qui fait de notre démocratie une démocratie superficielle, fausse et hypocrite. Quant à nous autres, de la plèbe, je dirais simplement que nous n’avons que les dirigeants que nous méritons. Sinon…
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