Dans quelles circonstances et pourquoi avoir créé l’événement Bercy ?
C’est parti des tournées que j’effectue en Europe. Depuis des années, il y a des concepts standard qui font que nos concerts commencent à 20h pour se terminer à 22h30mn. Obligeant de facto le public à rentrer tôt. A chaque fois que j’allais en tournée, je recevais des Sénégalais qui formulaient le vœu de réaliser un concert identique à l’ambiance du Thiossane. Et ils ne cessaient de me le rappeler à chaque occasion. Et un jour, on a décidé de faire un Grand Bal, en leur disant que nous ne pouvions l’organiser partout lors de nos passages dans certains pays. Mais qu’ensemble, on allait retenir une date pour que les gens se retrouvent et recréent l’ambiance du Thiossane. C’est ainsi qu’on a organisé le premier Grand Bal à Evry, parce qu’auparavant, on ne pensait même pas au Zénith, à plus forte raison à Bercy. L’année suivante, j’ai voulu faire cela au Zénith, l’agence m’a appelé pour m’informer que le lieu n’était pas libre, en me soulignant que Bercy était disponible. Je n’en revenais pas et je me suis exclamé : «Bercy !» Ils m’ont convaincu, et on a fait le premier Bercy. C’est vrai que ce n’était pas plein à craquer, mais une belle ambiance ! C’était en 2001. Aujourd’hui, on a même des problèmes pour contenir les gens.
Nous sommes à quelques semaines de Bercy 2008, quelle surprise nous réservez-vous ? Qui seront les invités d’honneur?
Si Bercy se met à dévoiler ses surprises, le public saura d’avance à quoi s’attendre. Laissons le suspense ainsi. L’information sur la présence de Thionne Seck est déjà passée. C’est un grand invité d’honneur. «Seytaané moo doxoon sama diggênté ak moom» (nos différends passés sont l’oeuvre de Satan). Il y a aura d’autres invités sur scène. Idem pour la danse, le son, la lumière, qui sont entre les mains de professionnels. En ce qui me concerne, avec le Super Etoile, au niveau du répertoire, nous avons commencé les répétitions depuis longtemps et même en tournée actuellement, on improvise de nouveaux morceaux et les gens sont surpris. Je vous assure que nous sommes sur le chemin de Bercy.
Ça va coûter combien cet événement, si on prend en considération la forte mobilisation... ?
Il faudra vous rapprocher de Mady Dramé, qui peut vous vous dire le montant exact. Ce que je peux vous dire par contre, c’est que Bercy, rien que pour les invités, leur transport nous coûte 125 millions Cfa. Cela n’a rien à voir avec les préparations. Vous imaginez donc le pactole dégagé à cet effet. Nous ferons venir, par avion, 200 personnes. Tout événement grandiose coûte de l’argent et contrairement à ce que les gens disent, je n’y gagne pas de fric. Pour moi, c’est un spectacle en l’honneur de mes fans, une manière de faire plaisir et d’être en communion avec eux. Cela n’a pas de prix. C’est aussi une occasion pour de remercier tous les gens qui me soutiennent. Mais le budget n’est pas encore amorti au vrai sens du mot.
Justement, l’édition de cette année sera présidée par le maire sénateur Pape Diop, fera-t-il le déplacement à Paris ?
Je n’impose pas à Pape Diop de faire le déplacement. C’est un ami de longue date, je l’ai vu à l’œuvre lorsqu’il était dans le privé. Il est devenu le premier magistrat de la ville de Dakar et je l’ai observé. Il a un caractère noble, parle peu et regorge de qualités. C’est une personne effacée. C’est pour moi une manière de l’encourager, de magnifier nos relations, mais aussi de célébrer la ville de Dakar. Dès qu’on prononce un mot dans ce sens, certains pensent que je verse dans la politique, mais il faut reconnaître que Dakar a un nouveau visage grâce à son maire. Pour la première fois, j’en fais le parrain de Bercy. Je ne lui impose rien du tout et même s’il ne vient pas, je suis content.
Parlons affaires maintenant. Il a été annoncé dans la presse que le Groupe Futurs Médias sera coté en bourse à Paris, si l’on sait que cela dépend de la réputation de l’entreprise, de son assise financière et de son secteur d’activité. Est-ce que le Groupe est prêt à aller à l’aventure ?
Le Groupe Futurs Médias ne va jamais aller à l’aventure. C’est l’approche que les gens de la bourse de Paris ont eue à notre égard, en observant notre manière de travailler. Et ils nous ont proposé d’aller en bourse. Nous travaillons sur ce dossier, qui nécessite beaucoup de temps. Et à la sortie de cette jonction entre nous et la bourse de Paris, nous serons plus précis sur notre entrée en bourse. Mais pour l’instant, il est possible que nous réalisions ce projet de grande envergure.
Avez-vous rencontré des banques d’investissements dans ce sens, car les enjeux sont énormes, si l’on sait qu’au Sénégal, seule la Sonatel est cotée en bourse ?
Nous comptons dans le milieu des finances, des amis qui nous conseillent et qui sont prêts à nous accompagner. Vous savez, en matière de bourse, tout a été élaboré d’avance, dans une procédure où l’on ne peut déroger à aucune règle. Si le signal est vert, nous sommes prêts.
Donc, on peut dire que le Groupe dispose de moyens pour répondre à toutes les exigences de ce grand projet ?
Le Groupe est encore modeste, même s’il est leader. Il dispose d’un environnement favorable, d’une crédibilité par rapport à ses fournisseurs, l’opinion nationale et internationale. C’est dans ce sens qu’aujourd’hui, il peut prétendre se lancer en bourse. Les décisions seront prises en conseil d’administration, mais nous sommes très réalistes. Ce n’est pas parce qu’on a un nom qu’on peut tout se permettre.
Abordons vos relations avec certaines personnalités comme Thione Seck, Mbaye Dièye Faye, Karim Wade et Kouthia qui, lui, vient de vous adresser des excuses publiques…
Pour moi, il n’y a pas de problème !
Oui, mais on parle souvent de réconciliation…
Je suis toujours dans une logique de paix. J’aime mon pays, je respecte les acteurs qui le font fonctionner, je veux nommer le gouvernement légitime. Je respecte la musique que je propose au public. J’aspire à la quiétude. Et il n’y a pas quelqu’un qui aime le Sénégal plus que moi. J’en suis arrivé à ce stade grâce à la sueur de mon front. Et je n’ai de problème avec personne. Je ne suis pas méchant, je suis droit et demande à Dieu de toujours me guider sur ce chemin. Ces rumeurs, ces petits problèmes, cela fait partie de la vie. Ce qui est important, c’est de se retrouver sur l’essentiel. Avec tous ces gens que vous venez de citer, j’ai partagé des moments forts. Donc, il n’y a rien de grave. Il y a eu seulement manque de communication, mais on a su, comme de grandes personnes, nous retrouver pour remettre les pendules à l’heure. S’il y a des gens qui étaient contents parce que je ne m’entendais pas avec Karim, Thione, Mbaye Dièye Faye, «na ñù merr !» (ils n’ont qu’à se fâcher). Personne ne me mettra en mal avec ces gens-là. Je ferme la parenthèse. Et je remercie des amis dont je ne peux citer les noms, qui se soucient de la dimension de mon label, au point d’œuvrer pour le salut du Sénégal.
Le nouveau projet Birima est important pour vous. Vous dites même ne pas vouloir de don pour son évolution, à part le groupe Benetton, avez-vous d’autres partenaires.
Il faut bien situer mon partenariat avec le groupe Benetton. Ce groupe nous a donné sa campagne institutionnelle, qu’on utilise à travers le monde pour parler de microcredit et principalement de Birima. Cette campagne est bien visible en Inde, en Chine. Quel est l’intérêt que je cherche dans tout cela ? Que les gens en parlent pour que les institutions financières injectent de l’argent afin que «Birima» puisse à son tour financer les projets des populations. L’objectif est atteint et nous avons reçu une réponse favorable pour booster la mutuelle. On se demande même si on a la possibilité d’absorber tout ce financement ? On n’a rien signé pour le moment, mais il y aura un bon suivi pour recevoir les capitaux. J’ai été surpris de l’engouement de la population. Les gens, non seulement adhèrent, mais nous demandent d’installer des antennes un peu partout, même en Afrique. Il y a même des gens, qui au lieu d’ouvrir un compte avec 15. 000F, apportent des millions. Je les comprends, ce sont des gens comme moi, qui ont envie de participer au développement social de ce pays. Car, c’est un projet digne et beaucoup de mes amis sont venus à la rescousse avec des chèques énormes. Je ne veux pas de don et ils disent qu’ils viennent prêter à la mutuelle. Je tiens à dire aux responsables qui gèrent «Birima» de veiller à ce projet qui m’est tellement «cher». Et cela, au niveau de la clarté, des procédures de vérifications… Qu’on aide les gens et qu’on s’appuie sur la dignité dont j’ai parlé, c’est-à-dire la parole donnée, pour permettre aux gens de s’épanouir. Un projet de cette taille, qui a eu les encouragements des Présidents Wade et Diouf, de Jacques Attali, de personnes de la haute finance, je vous assure que c’est une fierté et l’on n’a pas le droit d’échouer. Chaque fois que j’ai un projet, je mets les gens qu’il faut à la place qu’il faut. Vous-même, vous le savez, je ne mets pas les pieds au Groupe Futurs Médias. D’ailleurs, j’ai prévu au mois de mai une tournée nationale pour expliquer à tous les dignitaires, les enjeux et les retombées du projet.
C’est vrai, il y a cette ruée vers «Birima», mais quel est le secret de la réussite dans la vie, quel est votre message ?
La mutuelle est là pour tout projet viable et je tiens à signaler que si les gens ne remboursent pas, ils vont tuer «Birima». Il faut refuser la facilité, essayer de prendre le bateau, cela ne marche pas. Voler, truander, c’est s’enliser dans le gouffre. Il faut croire à notre pays, notre économie, et cette solidarité qui y règne et qui n’existe nulle part. L’Etat ne peut pas tout faire, il faut savoir persévérer dans la vie.
Avant de vous quitter, dites nous, avez-vous songé à initier un de vos enfants dans la musique ?
Initier, non. Moi je ne force jamais mes enfants à verser dans la musique. Cela me ferait plaisir de les voir chanter. Mais entre mes enfants et moi, il n’y a pas encore de décision prise pour qu’ils fassent la musique. Ils sont conscients et ont réalisé ce que j’ai fait pour la musique. Ils l’ont compris et je suis sûr qu’un de mes enfants va bientôt faire de la musique pour prendre le flambeau.
Ah…bon, bientôt ?
Je ne sais pas quand mais je suis sûr de ça. Tous mes enfants ne peuvent pas ignorer la musique.
Et le sommet de l’Oci ? vous allez y participer ?
Je suis en tournée, je m’apprête comme cela à aller à New York. Je serai là en mi- mars. C’est un sommet où les responsables doivent se retrouver pour discuter. Je tiens à dire que les travaux effectués pour ce sommet ont causé beaucoup de désagréments aux populations, mais aujourd’hui, on a le plaisir de circuler dans ces artères magnifiques. Quand on est critique, il faut savoir encourager. Lorsque j’ai pris la corniche pour aller chez moi, j’étais très fier de toutes ces réalisations. Et je félicite le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade. Son fils également, à qui l’on a confié les travaux avec Abdoulaye Baldé. Je souhaite que ce sommet soit une réussite et que le Sénégal puisse bénéficier de ses retombées.
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