![Single Post](https://images.seneweb.com/dynamic/modules/news/images/gen/fb/e99a70b5fed9644adaa090ff164545c9.jpg)
"Quand j’étais enfant, il n’y avait ni juifs, ni arabes, ni chrétiens... Il n’y avait que des copains."
En lisant cette phrase sur Facebook cette semaine, j’ai eu le sentiment désagréable que quelque chose s’était effectivement cassé en France. Que les tensions intercommunautaires avaient creusé un fossé qui faisait de la France de notre enfance un souvenir doux et lointain. Tout le monde a fini par se détester dans la France de 2014.
22 étages et autant de nations
Pourtant, il est possible de vivre en bon entente entre communautés. New York a réussi ce pari, même si beaucoup de quartiers sont encore ghettoïsés et que les ethnies aiment à rester entre elles. Et alors ? Si finalement, il ne fallait pas chercher à intégrer de force les immigrants pour que la génération d’après se sente parfaitement assimilée ?
Je vis dans le Queens, un des quartiers périphériques de New York. Ici le monde entier cohabite.Dans mon immeuble de 22 étages, je salue toutes les nations du monde et côtoie sari, tchador ou kippa. Dans mon immeuble personne n’échange de regards haineux, ne souligne la différence de l’autre et oserait se plaindre des effluves des cuisines épicées. Chacun vit à côté de l’autre, respectueux de sa différence et de ses traditions.
Il en est de même à l’école. Ma fille est la seule européenne de l’ouest de sa classe. Ses amis sont des Russes, des hispaniques, des Chinois, des Maliens, des Philippins ou des Pakistanais. Chacun parle la langue de ses parents et l’anglais d’un pays qui les a vu naître.
Hanouccah, Noël, le Nouvel an chinois
Ces enfants sont Américains le jour et retrouvent la langue et la cuisine de leur culture centenaire le soir. On raconte son histoire, on parle de ses coutumes, on est plutôt fier de ses origines. À l’école, on fête Hanouccah, le Nouvel an chinois et Noël a peu près à la même période !
Mister Lee, le professeur de maths est venu en costume traditionnel pour célébrer la nouvelle année de son pays d’origine. La professeur d’art, hindoue, a célébré la fête des couleurs comme en Inde, avec ses élèves ravis. Pendant le mois de l’héritage afro-americain ou hispanique, on explique les traditions et l’histoire de ces communautés et les élèves issus de ces cultures apportent des plats de leur pays, qu’ils partagent avec leurs copains.
Des foulards ? Il y en a pas mal à Manhattan. Mais au pays du 11 septembre, paradoxalement, ça ne gène personne dans la rue. Même les baraques à hot-dogs servent du hallal à chaque coin de rue. Des kippas ? Il y en a dans chaque quartier, avec des religieux tout de noir vêtus, qui font partie du décor de la ville. Des Pakistanais ? C’est sûrement l’un d’eux qui vous chargera dans son taxi jaune, à moins que ce ne soit un perse à la langue chantante.
Chez moi, le vendeur de fromages européens et le poissonnier de luxe sont Chinois, ma pharmacienne est Philippine, mon sommelier est Irlandais et mon boulanger Français. Et chaque jour, je réalise le luxe de vivre dans cette tour de Babel où chacun parle son langage et celui de l’autre.
Le communautarisme ? Mais où est le problème ?
En France, on m’oppose ce communautarisme intolérable de l’Amérique. Peut-être ! Mais si c’est là le premier stade d’intégration, alors pourquoi pas ? Tous les enfants issus de cette génération d’immigrants sont des petits américains, quelque soit la forme de leurs yeux ou la couleur de leur peau.
Si leurs parents ont eu besoin de recréer un Chinatown, un Russian land ou un Korean quartier en plein cœur de New York, c’est peut être pour ne pas se sentir étrangers en les terres de l’Oncle Sam. Rassurant, ce cocon "familial" les a préservés de l’incompréhension du monde extérieur. Leurs enfants se battent, eux, pour faire parti du peuple américain. Et ils y arrivent parfaitement bien. Il suffit d’assister à un match de basket ou de football et de voir tous les spectateurs entonner d’une même voix l’hymne national, la main sur le cœur. Dans un pays qui s’est construit sur l'immigration, l’étranger fait partie de la nation. D’ailleurs, même nous Français, avons tendance dans notre grande majorité à nous regrouper entre Français, se sentant rassurés de partager une langue qu’on maîtrise et une culture qui est nôtre.
En France, où l’on a cherché à assimiler au nom de la République, force est de constater qu’en 2014 ça n’a pas marché comme on l’aurait souhaité. Et que cet échec est une des raisons qui a permis au Front national de capter 25% des votes lors des Européennes.
Il n’y a pas de recettes miracles. Il n’existe pas de paradis sur Terre. Mais on peut tirer les leçons d’expériences vécues…C’est ce que je fais aujourd’hui, après avoir passé 38 ans en France et 8 aux États-Unis.
6 Commentaires
Politique2
En Juin, 2014 (09:26 AM)On a trop laisser jouer la "liberté d'expression" au Front National. Le résultat est là. Ce que les français ne comprennent pas c'est que le discours de Marine Lepen n'est juste un discours démagogique. C'est juste pour se faire élire. Une fois élue, je vous le garantis, elle pourra rien contre l'immigration. On verra !!
diaadieuf
Lol
En Juin, 2014 (09:49 AM)Il n'y a que moi que ça choque!
Et New-York n'est pas l'ensembles des Etats-Unis dans le deep south la vie est misérable :downe: pour les minorités rien à voir avec tout ce que tu a pu voir dans l'hexagone ma petit.
Strasbourg Pareil
En Juin, 2014 (09:57 AM)Euhh ici à Strasbourg c'est exactement ça et Strasbourg c'est bien en France. En France la quasi totalité des abattoirs sont déjà hallal, les cantines ainsi que tout les Kebab. Est-ce qu'elle sortait de chez elle quand elle vivait en France? Les journalistes du Nouvel Observateur ne connaissent-ils pas leur propre pays pour nous pondre un tel article? Je m'attendais à un truc qui tranche sur l'insertion professionnelle mais là ce ne sont que des clichés mis les uns après les autres et qui ne tranchent pas vraiment avec la France. Que ceux qui habitent Paris, Lyon ou Marseille me confirment que ce n'est pas spécifique à Strasbourg pour pas que je dise n'importe quoi mais il me semble qu'à Paris, Lyon ou Marseille aussi on voit des femmes avec le hijab et des types avec la kippa près des synagogues, non?
Bobodiouf
En Juin, 2014 (10:04 AM)A Paris, une fillette voilee de 12 ans fait changer de trottoir à 2 personnes du 3e âge, développe un sentiment de haine chez un adulte et rend des ados agressifs.
Que sont devenus les français ? On sent partout la peur et la haine de l'autre. Pourtant quelques années en arrière ils n'étaient pas comme ça dans les grandes villes.
Le peuple français a vieilli et régressé au moment où les autres européens se sont ouverts aux autres et que leurs pays malgré les difficultés gardent la tête hors de l'eau
Sékou
En Juin, 2014 (10:31 AM)Atypico
En Juin, 2014 (12:51 PM)Participer à la Discussion