Dakar, 9 oct (APS) – Le débat concernant les ‘’bienfaits’’ de la colonisation française constitue quelque chose ‘’d’obsolète’’, puisqu’on ‘’ne peut trouver une seule raison de justifier le système colonial’’, a jugé jeudi l’écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clezio, lauréat le même jour du prix Nobel de littérature.
‘’Je me suis demandé pourquoi un tel débat, à mon avis obsolète, sans doute de basse politique. On ne peut trouver une seule raison de justifier le système colonial, même s’il y eut des gens exceptionnels, comme le fut mon père’’, a soutenu Le Clézio, cité par le quotidien français Libération.
‘’Je sens bien que, même si je n’ai aucune part dans ce qui s’est passé, j’appartiens à cette histoire-là’’, a-t-il dit dans un entretien publié jeudi par le site du quotidien français.
Le prix Nobel de littérature a été attribué à Jean-Marie Gustave Le Clézio en récompense de son œuvre dominée par les thèmes du voyage, de l’exil et de la nostalgie des mondes primitifs.
‘’Il y a fort longtemps, j’étais à Lille pour une rencontre, organisée par Pierre Mauroy, sur la question de la responsabilité vis-à-vis du tiers-monde, en particulier des pays anciennement colonisés et aujourd’hui abandonnés’’, a-t-il rappelé.
‘’J’avais adhéré, a-t-il ajouté, à toutes les idées très généreuses des socialistes à l’époque, et j’avais terminé en disant que je tenais à signaler que, même si je condamnais cela, mon père était quelqu’un de bien’’.
‘’Je n’aurais pas dû le dire, car j’ai été littéralement pris à partie violemment par des Africains (très radicaux je suppose) qui disaient que c’était honteux d’entendre des choses pareilles’’, a poursuivi le nouveau Nobel.
‘’Je persistais, disant bien que je ne faisais pas une généralité, mais que je tenais seulement à signaler que, chez ces administrateurs, il y avait des gens qui croyaient à la République, qui pensaient qu’ils apportaient quelque chose, que les médecins venaient vacciner et que, même s’ils participaient au système colonial, ils venaient aussi donner quelque chose d’eux-mêmes’’, a expliqué l’écrivain français.
Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice d’une famille bretonne (son nom signifie « les enclos » en breton) émigrée à l’Ile Maurice au 18e siècle. Son père était un Anglais, médecin de brousse en Afrique (un homme né à l’Ile Maurice d’origine bretonne) et sa mère une Française.
Le Clézio a notamment écrit "La fièvre", "L’extase matérielle", "Terra amata", "Le livre des fuites", "La guerre", "Désert" (peut-être son chef d’oeuvre), "Le chercheur d’or", "Onitsha", "Etoile errante", "Le poisson d’or", "Révolutions", "Ourania" et, en 2008, "Ritournelle de la faim".
0 Commentaires
Participer à la Discussion