Mbour, 25 juil (APS) - L’Afrique ne sera construite que quand ses fils seront conscients que le continent n’est pas encore indépendant, a déclaré l’auteur-compositeur sénégalais Didier Awadi.
’’L’Afrique ne sera construite que quand ses fils seront conscients que le continent n’est pas encore indépendant. Il est certes bien de parler d’intégration mais je ne vois pas dans quoi on va s’intégrer ; on ne nous a intégrés dans rien du tout", a lancé le rappeur iinvité de l’Institut supérieur africain de formation (ISAF Kangforé).
Dans le cadre de son week-end culturel, l’ISAF organisait une conférence sur le thème : "Le rôle des jeunes dans la construction d’une autre Afrique".
"Aujourd’hui on dit Malien, Sénégalais,...alors qu’on n’est même pas propriétaire de notre souveraineté, de notre développement et même de notre avenir", s’est indigné le musicien.
’’Pour évoluer, il nous faut des ruptures franches", a-t-il dit, estimant que la première chose c’est de s’attaquer à la monnaie qui n’est même pas africaine.
"On utilise la monnaie coloniale et on est tous fiers de l’utiliser. On ne s’intègre pas avec une monnaie qui ne nous appartient pas. Dans nos pays, on n’a pas pris l’indépendance, on nous l’a donnée. A partir de là, tout est faussé", a regretté Didier Awadi.
"Tant qu’on ne va pas accepter de prendre l’indépendance et les sacrifices qui vont avec, ce n’est pas la peine et on se trompe de combat", a-t-il signalé, estimant par ailleurs que "la mondialisation est un faux débat".
’’On est mondialisés, on n’ compte ; on dit qu’on ne représente rien dans le marché mondial. Même quand les multinationales viennent chez nous c’est pour nous amener des sous-produits", a-t-il relevé, constatant qu’’"aujourd’hui, c’est la foire aux sous-produits et on n’a pas le réflexe de dire il faut qu’on soit indépendants".
"Si on prend l’exemple du riz, on dit en tant que Sénégalais on consomme le riz du Sénégal et on développe notre agriculture pour faire du paysan sénégalais un milliardaire", a-t-il dit.
Il poursuit : "De la même manière, on va développer la pêche de chez nous, on va consommer les produits nobles de chez nous au lieu de rester dans le "yabooy" (NB : les sardinelles)’’.
Au lieu de ça, dit-il, "nous préférons que tout le bon poisson parte ailleurs. Résultat des courses, le pêcheur sénégalais est pauvre, il prend ses pirogues pour convoyer des gens vers l’Europe’’.
"Et même quand elles essayent d’amener les gens en mer, parce qu’ils ne veulent pas vivre la misère, nos propres autorités collaborent avec l’ennemi, parce que c’est un ennemi (l’Espagne), pour faire le FRONTEX. Dans les prirogues, on arrête les jeunes Sénégalais, les jeunes Africains, avec la complicité de nos Etats", a déploré le rappeur.
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