Les producteurs, musiciens, auteurs, interprètes et auteurs-interprètes ont ajourné leur marche parce que le préfet en a modifié l’itinéraire en seconde appréciation. Que redoute-t-on en définitive ? Sûrement que d'autres corps de métier se mêlent de la partie, entraînant avec eux toute une population de mécontents qui profiteraient du climat politiquement et social tendu pour semer le désordre, voire le chaos.
Il y avait sans doute comme une lueur d'espoir à mesure qu'approchait l'échéance. Le 19 septembre 2006 en effet, producteurs, musiciens et artistes comptaient marcher contre la piraterie. Une façon de donner le coup de grâce à un fléau que, sous nos cieux, l'on a encore du mal à contenir. Une marche qui, ce jour-là, n'aura pas lieu. Tout simplement reportée par les artistes. Motif invoqué par ces derniers : le non-respect de l'itinéraire initialement prévu par eux en accord avec les autorités compétentes. Le parcours prévoyait en ce sens différentes destinations, selon l'ordre qui suit : la Place de la Nation (Obélisque), Boulevard du Centenaire, Rond-point Rts, Allées Pape Guèye Fall, Avenue Faidherbe, Avenue Lamine Guèye, Rond-point Sandaga, Avenue Peytavin, Avenue Place Washington. Changement radical sur décision du préfet. destination Sandaga. Ce que musiciens et artistes, à travers la Coalition interprofessionnelle des producteurs et éditeurs phonographiques du Sénégal (Cipeps), n'ont pas du tout apprécié encore moins accepté. Parce que, selon leurs explications, il s'agissait, à l'issue de cette manifestation, de rencontrer une autorité à laquelle ils remettraient leur memorandum. Or le rond-point Sandaga, ont-ils estimé, reste très peu indiqué et ce serait faire dans la dispersion. Les artistes ne comptent pas s'en tenir à ce non préfectoral et qui, assurément, vient de plus haut. Ils entendent mener la lutte jusqu'au bout. Dans ce dessein, ils ont demandé à rencontrer le Premier ministre Macky Sall pour se faire entendre. De façon à reconduire le même itinéraire.
Mais de quoi a-t-on peur finalement? Qu'y aurait-il de mal à ce que l'on maintienne la destination choisie initialement approuvée par le préfet de Dakar ? À première vue, rien ne s'y oppose si tant est qu'il ne s'agit ni plus ni moins que d'une marche pacifique et légitime. Et ce «oui-mais ou «oui-non» ne se justifie pas le moins du monde. Que redoute-t-on en définitive ? Sûrement que d'autres corps de métier se mêlent de la partie, entraînant avec eux toute une population de mécontents qui profiteraient de l'occasion pour déverser leur bile. Ou que les politiciens se glissent dans la foule pour emboîter le pas aux artistes et s'identifier à leur cause. Ce qui se comprendrait aisément si l'on prend en compte le climat politiquement précaire qui prévaut actuellement au Sénégal.
Quid de l'affiche proprement dite, symbole de la lutte anti-piraterie ? Alioune Mbaye Nder y apparaît l’air faussement affecté, presque rayonnant dans son boubou bleu ciel, brandissant un doigt qui se veut menaçant. Et en caractères blancs sur fond noir, quelque chose qui se donne comme un cri du cœur dirait-on : «ce n'est plus possible». Une bande blanche sur la tête de Mbaye Nder qui en aurait par-dessus la tête ? Difficile à croire sauf pour les amnésiques. La conscience collective retient toujours l'initiative de Nder de rendre hommage au président de la République Abdoulaye Wade par son fameux Sargal Gorgui. L’image de Nder (perçu comme un allié du pouvoir contre qui se battent les créateurs pour faire passer les mesures contre la piraterie) souffre par ailleurs d’un manque de pertinence et ne traduit pas la symbolique du drame. Il y a des artistes qui ont directement et durement souffert de la piraterie et qui auraient bien pu figurer sur l’affiche comme symbole expressif.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion