
Un chirurgien de l’hôpital Principal, journalier dans un entrepôt à cartons à Montréal. Loin d’une fiction cinématographique qui subjugue les esprits les plus cartésiens. La triste réalité de l’immigration au Canada se dessine en des tragédies individuelles vécues comme une humiliation suprême. Dans la catégorie des médecins, des dentistes, vétérinaires, avocats, ingénieurs, on est trop diplômé pour travailler au Canada.
(Correspondant permanent - Montréal) - Surqualifié. Le mot revient souvent lorsque l’immigrant débarquant au Canada surtout au Québec commence la dure épreuve de recherche d’emplois. La réalité choque et brise toutes les certitudes qui peuplaient un nuage de rêves canadiens. Etre trop diplômé devient alors un frein énorme pour intégrer le marché du travail québécois. Dans le jargon du pays, on te dit à propos de tes compétences et diplômes : «Oublie ça !». Alors que dans les milieux immigrants, les discussions à propos de l’emploi s’appréhendent autour de l’idée : «A-t-il trouvé quelque chose dans son domaine?». Sur nombre d’immigrants débarquant dans la belle Provence, la quasi-totalité ne travaille pas dans leurs domaines de compétence. Le médecin, le dentiste, le vétérinaire frapperont à toutes les portes des hôpitaux ou cliniques pour finalement se retrouver dans les rues de Montréal comme … chauffeur de taxi ou dans des épiceries, restaurants, entrepôts, champs de cueillette…
Un chirurgien sénégalais ayant cumulé une riche expérience professionnelle à l'hôpital Principal de Dakar pensait trouver le paradis en débarquant à Montréal pour s'y installer avec sa famille. Toutes ses tentatives pour travailler dans son domaine n'aboutissent guère. Il se résolut, pour faire vivre sa famille, d'aller travailler dans des entrepôts du fait qu'il avait quelques difficultés pour retourner au Sénégal. Une gynécologue algérienne, diplômée de la faculté de médecine de l’université d’Alger, faute de pouvoir pratiquer dans un pays en demande de gynécologues est obligée de se contenter d’un travail à la garderie puis rester à la maison pour garder ses deux enfants. Témoignant dans les colonnes du Journal de Montréal qui a consacré ce week-end un dossier sur la surqualification des immigrants, elle indique que le Collège des médecins du Québec lui a demandé de retourner à la faculté pour 7 années encore avant de pouvoir pratiquer comme gynécologue. Amal Hadji-Kaddour, fière de ses 12 ans d’études en médecine en Algérie pensait qu’en arrivant au Québec, on allait juste lui demander de passer une formation puis un examen d’équivalence. Une dure réalité que le Marocain, Mohamed Safir, ingénieur en informatique connaît. A son arrivée au Québec, il y a douze ans, il travaille dans son domaine. Un emploi qu’il perd à cause de discriminations. Faute d’autres chances dans son domaine, il se lance dans le taxi.
Les Sénégalais vivent comme les autres immigrants ce dysfonctionnement du système québécois. Confrontés à des questions de survie après avoir tout abandonné derrière, ils sont obligés de travailler dans des domaines en totale rupture avec leurs études et compétences professionnelles. Modou (nom d’emprunt) regrette le jour où il a tout laissé à Dakar pour s’installer au Québec. «Lorsque tu arrives, on t’oriente vers des structures d’accueil d’immigrants pour te formater sur la connaissance du marché québécois. On t’apprend à faire un Cv. Inutile de te dire que l’exercice t’informe rapidement sur ce qui t’attend. Quand on est ingénieur, il ne faut surtout pas le mentionner dans le Cv. A la place, le titre de technicien est plus acceptable», souligne Modou. Un tel exercice ne vous ouvre guère les portes de l’emploi à cause de la discrimination et surtout du manque de «l’expérience québécoise». Mais c’est surtout au niveau des ordres professionnels que le blocage se situe. Au Québec, tout est régi par de puissants ordres qui sont tellement autonomes que les autorités ont de la peine à infléchir leurs positions.
Un autre compatriote plus chanceux travaillant au ministère des Transports du Québec a accepté de refaire des études d’ingénieur parce que le Québec n’a pas reconnu ses études d’ingénieur faites en Suisse. Le calvaire est individuel. Il engendre des drames quotidiens qui provoquent souvent des divorces dans les couples. Alors en attendant, des Sénégalais surqualifiés se retrouvent dans des entrepôts, des restaurants, des usines, des champs pour cueillir des pommes pour vivre le rêve canadien. Le choix sera alors d’opter pour une nouvelle carrière en changeant complètement de domaine professionnel. «Alors, si on ne donne pas la chance à l’immigrant d’obtenir son premier emploi, comment il va avoir l’expérience québécoise ?» peste un chef d’entreprise d’origine libanaise. La philosophie de ce dernier est de donner de l’emploi à tout immigrant qui a eu la chance de frapper à sa porte.
Le Canada n’a pas de politique d’immigration
Le Québec accueille chaque année près de 50 000 immigrants qui seront confrontés aux affres du chômage. La problématique est d’autant plus grave que Québec donne l’impression de n’avoir aucune solution à proposer face à un tel drame. Malgré les conclusions de la commission Bouchard-Taylor disponible depuis 5 ans, il n’y a jamais de mesures réelles sur la question. La commission avait recommandé l’intensification des mesures pour reconnaître les compétences acquises pour les immigrants dans leur pays d’origine. Statistique Canada note que les immigrants formés au Canada et les Canadiens de naissance ayant fait des études post-secondaires sont plus susceptibles que les immigrants formés à l’étranger de travailler dans leur domaine.
Le professeur Mesbah Sharaf de l’université Concordia s’explique dans les colonnes du Journal de Montréal sur le fait que les immigrants manquent de liens sociaux à leur arrivée. «Dans la recherche d’un emploi à la hauteur de leur formation, les immigrants se heurtent à des obstacles comme le manque d’expérience professionnelle et de contacts sur le marché du travail canadien. Souvent, ils ne possèdent pas les connaissances linguistiques nécessaires et ne peuvent compter sur des réseaux sociaux pour se trouver un meilleur poste», déplore le professeur Sharaf. Ce dernier, tout en reconnaissant que 96 % des médecins, dentistes, vétérinaires, ingénieurs…sont surqualifiés, estime que «c’est un problème sérieux pour un pays dont le déficit ne cesse d’augmenter. Le Canada pourrait stimuler son économie s’il orientait les ressources de manière à combler l’écart entre l’emploi et le niveau d’instruction chez les immigrés récents».
1 Commentaires
Billot Marie
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