Source : Rfi
Avait-il 73 ans, comme il le prétendait, ou 78 ans, comme il le cachait bien ? A-t-il vu le jour en Caroline du Sud ou en Géorgie ? Ainsi commence l’histoire peu banale de James Brown, à la manière des légendes, entourée de mystère. Une chose est sûre, c’est dans une famille pauvre qu’il grandit. Bientôt, pour survivre, le jeune James Brown travaille dans les champs de coton ou s’improvise cireur de chaussures à Augusta où les siens viennent de s’installer. Plutôt du genre voyou, il se retrouve vite à fréquenter prison et maison de redressement. Et c’est lors d’un de ces séjours sous les verrous qu’il rencontre Bobby Bird, homme providentiel s’il en est puisqu’il l’incorpore à son groupe de gospel. Le temps de faire ses gammes et bientôt James Brown se met à voler de ses propres ailes : en 1952, il rejoint les Starlighters qu’il rebaptise sans tarder James Brown and the Famous Flames. Son nom mis en avant comme pour mieux imprimer sa griffe. Car en deux albums - Please, Please, Please en 1956 et Try Me en 1958 - , le style de James Brown se fait jour : moins gospel alangui, plus rythm and blues nerveux. En 1962, premier succès public avec l’album-live qu’il a fait enregistrer à l’Apollo de New-York.
Fort de cette reconnaissance, James Brown entame à partir de 1964 une carrière solo. Et commence, par la même, à enchaîner les tubes. Ce sont successivement « I got you (I feel good) », « Papa’Got A Brand New Bag » jusqu’à l’explosif « Sex Machine », en 1970, probablement le point d’orgue de la carrière. Ce titre vaudra d’ailleurs à son interprète d’être surnommé « Le Parrain de la Soul ». Ses déhanchements endiablés résisteront toutefois mal à la vague disco qui marque les années 70. Début d’une traversée du désert qui se poursuivra lors de la décennie suivante, même si James Brown fait de temps à autre reparler de lui à la faveur d’un tube comme, en 1978, avec « It’s too funky in here ». Mais c’est le cinéma qui finalement relancera sa carrière. En 1986, le film Rocky IV lui permet en effet de triompher avec ce titre devenu lui aussi un classique, « Living in America ».
Dr Jekyll and Mr Hyde
Si la musique, dit-on, adoucit les mœurs, elle n’aura en tout cas pas réussi à venir à bout des démons de James Brown qui, à cette époque, défraye également la chronique à la rubrique « Faits divers ». Violences conjugales, drogue, alcool : l’artiste multiplie de nouveau les séjours derrière les barreaux en alternance avec les cures de désintoxication. En 1988, il est condamné à six ans de prison pour tentative d’agression contre des policiers. Il sortira au bout de deux ans et demi. Il n’empêche, avec son invraisemblable jeu de jambes, James Brown a inspiré des générations de chanteurs, d’Otis Redding à Michael Jackson. En 2001 paraît d’ailleurs un album baptisé Doing The James Brown et qui, comme son titre l’indique, se veut un hommage à celui qui, de la Soul au Rap en passant par le Funk, aura traîné sa voix rocailleuse et ses costumes voyants sur tous les genres musicaux. Au générique, Otis Redding, donc, mais aussi Aretha Franklin.
A la fin de l’année 2004, James Brown apprend qu’il est atteint d’un cancer de la prostate. « J’ai surmonté beaucoup de choses dans ma vie. Je surmonterai cela aussi », avait déclaré « Mr Dynamite », début décembre, en apprenant qu’il devait subir une nouvelle intervention chirurgicale. Au terme d’une existence faite d’excès et d’abus en tous genres, c’est une pneumonie qui l’a finalement emporté. Même les « Sex Machine » ont une âme.
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