Si j’étais Président… HABIB DIOP « GOORGOOLOU » « Il faut impérativement baisser le prix des denrées »

Héros de la célèbre bande dessinée, «Goorgoorlou » de TT Fons, Habib Diop, plus connu sous le nom de Baye Ely, incarne le prototype du Sénégalais lambda. Sous la peau d’un futur président de la République, il dévoile ses projets.

Ma première décision

Je vais écarter toutes les personnes qui n’ont aucune responsabilité dans la marche du pays. Celles qui n’ont aucun rôle à jouer ne doivent pas encombrer ceux qui veulent travailler et développer la nation.

Habiter ou pas le palais de la République

Je ne vais jamais habiter le palais de la République. Je préfère habiter ma propre résidence quelque part en ville. C’est mieux. Personnellement, je considère le palais comme étant un lieu de travail. Les gens doivent y aller et venir uniquement pour travailler comme au niveau des autres institutions.

Mon gouvernement

Il sera le plus restreint possible. Vu les difficultés que rencontrent les pays africains, il est inadmissible d’avoir un gouvernement d’une quarantaine de ministres. Je veux tout juste 20 ministres actifs, capables et conscients de leur nomination. Car gérer une nation n’est pas chose facile.

Dakar comme capitale

Dakar restera la capitale du Sénégal. Par contre, j’appliquerais la politique de décentralisation. Histoire de faire un clin d’œil aux régions pour qu’elles puissent se développer, mais aussi éviter que Dakar soit saturée. C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui nous pose des difficultés présentement dans la mesure où tout est centralisé dans une seule ville, à savoir Dakar.

Mesures pour le monde rural

Il faut laisser les paysans travailler comme ils le souhaitent. Toute personne qui peut acheter leur production devrait être le bienvenu. Il ne faut pas que le gouvernement se mêle de la vente de leur production agricole. Le rôle que devraient jouer les autorités, c’est de voir comment les aider à écouler leur production dans de bonnes conditions et sans arrière-pensée.

La jeunesse

C’est à cela que mon gouvernement devra s’intéresser le plus. Il faut donner à la jeunesse ce dont elle a besoin pour s’instruire, se soigner, etc. Si toutes ces conditions sont réunies, la jeunesse sénégalaise n’aura aucun problème et, demain, elle pourra prendre le relais. Mais tant qu’on continue de diviser les jeunes du pays afin de mieux régner, j’ai peur pour cette jeunesse. D’ailleurs, c’est uniquement le manque d’encadrement qui pousse les jeunes à emprunter les pirogues pour rallier l’Espagne dans les conditions les plus inimaginables.

Politique culturelle

Dans ce secteur, il y a trop de laisser-aller. C’est dire que beaucoup de choses devront disparaître au cours de ma présidence. Aujourd’hui, des personnes venues de nulle part se font des comédiens ou des chanteurs. Ce n’est pas comme cela. Pour être un artiste, soit on naît avec ou on l’apprend à l’école. Il faut que les gens comprennent que c’est seul un talibé devient un marabout. Personnellement, j’ai abandonné les études à bas âge pour le théâtre et il ne suffit pas de savoir faire rire pour devenir un artiste. Si tu ne l’apprends pas à l’école, il faut l’avoir dans le sang. Et un artiste doit être un éducateur, car il est suivi par toutes les couches sociales, du plus petit au plus grand.

Prix des denrées alimentaires

Il faut impérativement baisser les prix pour que tout Sénégalais puisse se les procurer. La hausse des prix des denrées alimentaires constitue un véritable casse-tête pour les Goorgoorlous qui représentent plus de 90% de la population. Il y a quelques années, un sac de riz coûtait 1500F. Aujourd’hui, on ne peut l’avoir à moins de 9000 francs. C’est difficile à admettre pour quelqu’un qui a vécu les deux générations. Subitement, il y a eu une différence de plus de 200%.

Question de genre et de parité

Un homme est un homme et une femme est une femme. C’est clair et net, comme bonjour. Partout dans le monde, la femme doit être toujours sous commande. Elle ne doit jamais donner des ordres à son époux. Celles qui parlent de parité entre homme et femme, non seulement n’ont rien compris, mais elles exécutent les ordres de leur mari sans bruit. Il n’y aura jamais une égalité entre homme et femme. La preuve en est qu’une fois au lit, l’époux est devant et sa conjointe derrière.

Corruption

Il faut lutter contre la corruption sous toutes ses formes et de la façon la plus répressive. À cause de la corruption, les Sénégalais ne connaissent plus leurs droits et leurs devoirs. J’ai été témoin d’un jugement. L’un d’eux avait donné un bélier tandis que l’autre avait octroyé au juge un bœuf. Au cours du procès, c’est le propriétaire du bœuf qui a gagné l’affaire. C’est inadmissible de voir quelqu’un qui a plus de moyens gagner toujours son procès.

Gestion des ordures

Il faut y mettre beaucoup de moyens. Aujourd’hui, notre seul souci pour la gestion des ordures, c’est le manque de dépôts d’ordures en plus d’un déficit criard de voitures. À cela, s’ajoute le fait que tous les espaces sont habités maintenant.

Politique d’emploi

Il faut former les gens, car sans qualification, on ne peut rien faire ni prétendre à un poste.