Thione Seck ouvre un nouveau chapitre dans sa carrière avec Penc Mi. Il s’agit d’un ancien cinéma transformé en salle de spectacles en collaboration avec un partenaire. Le patron du Raam Daan a investi beaucoup d’argent dans ce projet et le veut, au finish, un lieu de rendez-vous de la culture sénégalaise. Il trace les contours dans cette interview réalisée sur le chantier, dont les autres points forts sont ses retrouvailles avec Youssou Ndour, la mise en selle de son fils Waly, la situation économique nationale. Plusieurs aspects donc avec un Thione toujours égal a lui-même. Le franc-parler en bandoulière.
Thiof Magazine : Que représente une boite de nuit dans votre carrière ?
Thione Seck : Mon projet n’est pas uniquement une boite de nuit mais une salle de spectacles, pour toute économie. Ensuite, je ne serai pas le seul artiste à m’y produire. Youssou Ndour va voir selon son programme. J’irai voir Baba Maal, Omar Pene, Iso Lo, les rappeurs. Il se peut même que je laisse le local à quelqu’un pour aller jouer ailleurs. De même, je réfléchis sur des formules de couplage, en ayant deux artistes par soirée. Le nom Penc Mi résume la conception, car c’est le lieu ou se retrouvaient les dignitaires pour discuter des questions sérieuses et prendre les grandes décisions. Cette salle sera l’affaire de tous les artistes. Le plus important est de le rendre fonctionnel car les investissements sont trop lourds, on frôle les 182 millions Cfa et les dépenses continuent. Pour le public, ceux qui veulent sortir et se faire plaisir en toute discrétion seront bien servis. La structuration se fera de sorte qu’on ne sache même pas qu’ils sont dans la salle.
On vous dit actionnaire majoritaire. Quels sont les pourcentages et vos partenaires ?
Disons que je suis actionnaire à 80 %. Mon principal partenaire s’appelle Bernard Ramel dit Adama. Il a déjà géré le lieu sous le nom de Club Fever avant de venir me proposer de l’accompagner dans cette nouvelle affaire. Selon les termes que nous avons établis, il sera le maitre des deux bars avec son équipe. Moi je gérerai les entrées car je ne veux pas toucher à tout ce qui concerne l’alcool. Je vais donc essayer de couper la poire en deux. Et, on veillera à la sécurité, de l’avenue principale à la corniche.
Aviez-vous l’impression avec les prestations en boite d’enrichir d’autres personnes ?
Si je pouvais, j’aurai créé ma propre structure depuis le début de ma carrière, mais les différentes boites fréquentées m’ont permis d’apprendre. C’est comme si j’étais en stage. Ce lieu compte selon les estimations 2500 places, on a 36 collimateurs, des armoires. Je pense que ce sera un endroit très prisé.
Peut-on dire que Thione Seck cherche maintenant de l’argent ?
J’ai fait tellement de sacrifices, aujourd’hui je cherche à m’en sortir. Même si je ne joue pas, il se peut que mon groupe tourne. Je me suis bien débrouillé, mais Dieu réalise les choses à sa manière. Et j’ai foi en lui. Je me suis battu pour disposer d’un matériel, être indépendant et ne plus avoir à subir des chantages pendant les prestations. Apres cette salle, je vais passer à d’autres projets toujours dans le volet musical.
Beaucoup de personnes se sont mis à rappeler que vous aviez dit que vos sous ne seraient jamais investis dans une boite de nuit.
J’avais dit exactement qu’on n’entendra pas que telle boite appartient à Thione. Je suis musulman et ma conviction reste sans ambages en ce qui concerne la vente de l’alcool et certaines autres choses. Si j’avais acheté une boite de nuit, on n’y aurait pas vendu de l’alcool.
Quelles sont les conditions d’acquisition de ce local ?
Contrairement a ce s’est dit, je n’ai pas l’acheté. J’ai habité à quelques jets de pierres d’ici, gosses nous venions voir des films avec une entrée de 45 francs Cfa. Je reviens donc quelque part dans un environnement ou l’on me connait bien.
C’est pour rendre la monnaie à Youssou Ndour que l’inauguration se fera avec lui ?
L’inauguration se fera sous le haut patronage de Youssou Ndour mais avec la présence de tous les artistes. You m’a fait honneur a Bercy, il est normal que je lui rende la monnaie dans son fief de la Médina.
Que retenez-vous du feuilleton autour de vos relations avec Youssou Ndour ?
J’ai toujours considéré que le temps était le seul juge, et le temps appartient a Dieu. Chaque chose arrive en sont temps. Il y a eu beaucoup de polémiques sur nos relations et nous avons tous les deux laissé faire. Nous n’aurions pas laissé faire, on n’en serait pas arrivé à certaines choses. Aujourd’hui, chacun de nous à découvert que l’autre était un homme d’honneur, respectable. On a plus à gagner ensemble que séparés. On aurait du faire ça depuis longtemps
Quelle intervention a été déterminante pour vos retrouvailles avec You ?
Si Dieu veut régler les choses, une petite intervention peut faire l’affaire les interventions datent de Mathusalem et j’avoue que le blocage se situait de mon coté. Je ne voulais même pas qu’on parle de ça.
Après avoir formé vos frères, pensez vous avoir trouvé un vrai héritier avec votre fils Waly ?
C’est mon fils et le seul à chanter a la maison, en dehors de moi. Mon souhait était qu’il devienne footballeur pour gagner plus d’argent. Je n’ai jamais soupçonné son penchant pour la musique et je le croyais entre la France et l’Angleterre en train de faire des démarches pour intégrer les milieux du football professionnel jusqu’au mariage de ma sœur auquel j’étais absent pour raison de tournée a l’étranger. On m’a dit qu’il a animé la cérémonie et ému tout le monde. Quand nous avons discuté, il m’a dit vouloir faire de la musique. Depuis, je l’encadre. Il apprend sous ma supervision. Pour la réalisation de son single « Bo Dioudo » par exemple, j’étais en face de lui au studio, afin de lui indiquer comment faire. C’est pourquoi a la sortie, beaucoup de personnes ont pensé qu’il s’agissait de moi.
Comment estimez-vous ses capacités à percer dans la musique ?
Si on le pousse, il peut avancer. Il lui faut un peu plus de courage, une bonne maitrise des gammes. Il a une chance dont je n’avais pas bénéficié a mes débuts, c’est a lui d’en profiter le maximum.
N’avez-vous pas peur qu’il vous quitte, comme vos frères ?
(Il coupe presque). Non pas vraiment.
Dans une famille avec un père et un fils chanteur, sa mère risque-t-elle de jouer un rôle dans la musique ?
La seule musique qui peut toucher vraiment la sensibilité de sa mère porte sur le prophète(Psl). Elle ne se préoccupe même pas de la musique que fait Thione Seck.
Sur quels autres jeunes musiciens parez-vous pour la relève ?
Sidy Samb, Pape Diouf, Abdou Guité font de bonne choses. Pour les dames je connais, Adiouza, la fille d’Ouza, est sur la bonne voie. Il faut de la technique pour réussir les variations dans sa chanson. Viviane, Ma Sané, Titi et Coumba Gawlo ont, elles, dépassé le cap.
Que considérez-vous comme les maux de la musique sénégalaise ?
En dehors de la piraterie, il y a surtout le manque de soutien. Tous les musiciens se battent bien mais avec des soutiens, ils auraient pu mieux faire.
Que pensez-vous de la situation du pays, partagé entre les difficultés et tiraillements politiques ?
C’est trop dur (il insiste). Je ne peux pas croire que le président Wade se satisfait de cette situation, il aime le pays et s’est battu pendant longtemps pour avoir le pouvoir mais, il ne peut rien faire contre la crise mondiale. Je crois qu’il se bat mais ne peut rien faire face a la situation internationale. Aujourd’hui, les gens peinent pour manger ou se nourrissent de bouillie de mil, d’eau, de pain spaghetti. Je parle en connaissance de cause. Le président Wade a besoin de soutien de son entourage pour trouver des solutions. A mon avis, ils doivent laisser tomber les bisbilles pour l’aider à atténuer les souffrances des populations.
Souleymane Thiam
Thiof Magazine, Repris par Galsentv.com
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