VIVIANE CHIDID, LEAD VOCAL JOLOF BAND « Il me suffit de claquer les doigts pour avoir un mari »

Cela fait longtemps que vous ne vous êtes pas produite à Saint-Louis. Ce concert à l’Ugb (Université Gaston Berger) est-il une manière pour vous de renouer avec votre public ?

(Jusque-là debout, elle s’assoit enfin) Heu, ça me fait plaisir parce que ça fait longtemps que je ne suis pas venu à l’Université de Saint-Louis. Je suis contente de retrouver les fans et de jouer pour les étudiants.

Pourquoi avez-vous choisi l’université ?

«Niom nio ma dieulssi» (Ce sont eux qui sont venus me chercher). Les artistes sont nombreux, mais les étudiants m’aiment beaucoup, et à chaque fois que je viens jouer au campus, je vois qu’ils sont contents. En plus, je ressens leur plaisir. Voilà pourquoi, à chaque fois qu’ils font appel à moi, je ressens une réelle satisfaction. Et je me défonce pour leur donner du plaisir. Et puis «ngi gui niaffé pour guénssi quoi» (ils se battent pour s’en sortir).

Que pensez-vous des difficiles conditions d’existence des étudiants sénégalais ?

Je prie pour eux, car tout apprentissage est difficile et tous les métiers sont difficiles, qu’il s’agisse de l’étudiant, du bureaucrate, de l’artiste, etc. Mais, (les étudiants) doivent se battre pour s’en sortir, car comme on dit : «Kou mokal ber sa daraa» (s’ils obtiennent leurs diplômes, ils vont travailler pour leur compte). Tout début est difficile. «Nañou niaffé dinañsi guéne» (s’ils travaillent dure, ils vont s’en sortir).

Ces derniers temps, on constate au Sénégal une recrudescence des viols commis sur des mineurs. Qu’en pensez-vous ?

(Elle sursaute) «Nioñou mom, dañou lène wara raye» (ces gens-là, on doit les tuer). Les violeurs doivent être pendus. Quand je parle des cas de viols, j’ai vraiment mal au cœur. Ça me fait très mal. Il faut se mettre à la place des mamans dont les filles ont été victimes de viol. C’est affreux, c’est une vie entière qui est détruite à jamais, aussi bien pour la maman que pour la victime. J’ai entendu des députés proposer une loi qui condamne sévèrement les violeurs. Je crois que ces députés ont vu juste. Il faut maintenant les soutenir et que les présidents de la République, de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les magistrats se lèvent, comme un seul homme, pour combattre ce fléau. C’est trop facile de violer une petite-fille et d’être condamné à 2 ou 3 ans. «Teudé xalé bou ndaw» (coucher avec une fillette), ça fait vraiment mal. Il faut voter une loi qui autorise leur pendaison publiquement. «Dou deug ?» (N’est-ce pas ?) Si on fait cela, les violeurs se tiendront à carreau.

Et concernant les femmes qui sont toujours victimes de violence ?

Les femmes sont fatiguées et cela ne date pas d’aujourd’hui. Il faut que les hommes aient pitié des femmes. Je vois bien que nous avons notre place dans la société. Nous nous battons et nous voulons avancer. Les femmes doivent se battre et redoubler d’effort en montant des réseaux. Elles doivent surtout s’entendre, car les hommes ne valent pas plus. Avant, les femmes étaient cloîtrées dans les foyers et les hommes se chargeaient de tout faire. Maintenant, c’est le contraire. «Nañou bagne» (Refusons).

Un scandale concernant l’ambassadeur du Portugal à Dakar et certaines de vos collègues femmes ont été éclaboussées. Y croyez-vous ?

Franchement, concernant cette affaire, je ne veux pas en parler. Je ne le vis pas. (Elle éclate de rires) Je n’y crois pas.

Mais cela a fait les choux gras de la presse et les gens en parlent ?

«Nañou bayi artiste yi» (Qu’on laisse les artistes en paix). Les gens parlent souvent des artistes. «Wax si ñome si lou bone dafa gaw et dafa yomb» (il est facile de parlez des artistes en mal). Mais Dieu est grand. Franchement cette histoire...(elle ne termine pas sa phrase). C’est compliqué à expliquer et je ne veux pas me prononcer sur cela. Je n’y crois pas en plus.

A quand la sortie de votre prochain album ?

Bientôt. Je suis en train de préparer l’album, mais grave.

Pourquoi ‘’Grave’’ ?

Grave, parce que l’album est important. Parce que cela fait 2 ans et demi, voire 3 ans que je n’ai pas sorti un album, à part l’année dernière avec Bataclan. Tout le monde attend mon prochain album. Les gens se demandent ce qu’il va contenir, ils attendent de voir si Viviane sera la même. Donc, c’est un album important. Pour cette raison, nous le préparons minutieusement. Et je vous assure que l’album va cartonner. «Mane lou maye deff dama koye tek si temps» (Tout ce que je fais, je le fais bien). Je ne suis pas pressée.

Qu’est-ce qui a entre temps changé au Jolof Band ?

Rien n’a changé en fait. Le groupe est toujours le même. C’est normal et je ne veux pas m’épancher sur ma vie privée. Mais bon, «diakhasso wone na touti» (j’étais un peu déboussolé) c’est normal, mais c’est le même groupe côté boulot.

Voudriez-vous être plus explicite ?

Le groupe est le même. Tout le monde est là. Je travaille avec Bouba qui reste mon manager. Le staff et les musiciens sont toujours ensemble, voilà. Le staff n’a pas bougé pour rassurer tout le monde.

Une question d’ordre personnelle. Pensez-vous à vous remarier ?

Mais oui, comme toutes les femmes. Mais bon, pour le moment, je me repose. Et puis, il me suffit de claquer les doigts pour trouver un mari. Mais j’ai voulu prendre mon temps et surtout me reposer. Mine de rien, j’ai été mariée pendant 12 ans durant. Donc je crois que j’ai le droit de me reposer. Je vois les journalistes se poser, à travers leurs écrits, la question de savoir si Viviane aura de nouveau un mari. «Dina am dieukeur» (Je me remarierai). Je suis une femme et j’ai un cœur. Je tombe amoureuse. J’ai des sentiments comme tout le monde. Donc, je vais me remarier. Mais pour l’instant, je me concentre sur ma carrière de musicienne.

Êtes-vous toujours amoureuse de Bouba ?

Mais non, Bouba vit sa vie. Il s’est remarié (rire). Voilà, «mane aussi magui am sama life, magui am sama adouna, magui doundou sama doundou» (Moi aussi, je mène ma vie). Bouba, c’est le travail qui nous lie. Et nous le faisons bien et sans problème.

Y a-t-il un candidat potentiel…

(Elle coupe) «Ça mome» (Pour cela), franchement, je ne vais pas en parler.

Il se susurre que Fadiga en est un ?

Je dis non, parce que les gens ne peuvent pas comprendre que je puisse discuter et sympathiser avec Fadiga, El Hadji Diouf, Oumar Pène, ou qui que ce soit, si je les trouve dans un milieu. Je ne sais pas où les gens sont allés chercher cette information, mais bon, on a cité El Hadj Diouf, Henry Camara ; «façon nitt bou nek di nako guiss» (je croise toute sorte de mec), de toute façon «manoul niak, kham na dama saf si guémiñou gayi» (c’est possible, mais je pense que les gens éprouvent du plaisir à parler de moi).

Est-ce parce que les hommes vous courent après ?

Parce que «nima mel la, dama nékha nop té kou ma guiss daga may beugue ma challa» (Je suis comme je suis, je suis aimable et les gens qui me voient m’aiment). Donc les hommes sont obligés de tomber amoureux de moi. Tous les hommes m’aiment.

Certaines femmes vous craignent et se disputent avec leurs mecs qui vous lorgnent dans des endroits mondains. Etes-vous au courant ?

Mais non, je crois qu’un homme peut estimer une femme sans pour autant tomber amoureux d’elle. Vous comprenez ? Parfois, il m’arrive de rencontrer des femmes mariées qui me disent que leurs maris m’estiment, mais ne sont pas amoureux de moi, et elles me demandent de leur donner une de mes robes, c’est pour que leur hommes portent le regard sur elles. «Beugue bokoul ak nop» (aimer ne veut pas forcément dire tomber amoureux). «Naye leer» (il faut que ça soit clair).

Vous n’êtes pas une voleuse de mec ?

Ah non ! «Mane la ñouye volé, mé pas mane» (c’est moi qu’on vole, mais je ne vole personne).

Que réservez-vous à votre public pour cet été ?

Comme je vous l’ai dit, l’album qui va bientôt sortir d’ici un mois et demi.

Beaucoup de musiciens acceptent des rôles dans le cinéma. Accepteriez-vous un rôle dans un film ?

Mais oui, pourquoi pas. Parce que ça fait partie de mon métier. Et j’ai des projets dans le domaine du cinéma. Et j’accepterai tous les rôles (rire).

On ne vous voit pas faire des œuvres de charité. Est-ce à dire que Viviane n’est pas généreuse ?

Non, je fais de bonnes actions, je ne le montre pas. «Lou nitt di def té amoul soutoura, poukaré la» (Si une personne fait des actes de bienfaisance et l’exhibe, ce n’est rien d’autre que du tape-à-l’œil). Je donne de l’aumône, je partage tous mes avoirs. Je suis comme ça.

Si vous n’étiez pas musicienne, quel métier alliez-vous pratiquer ?

Métier ! «Ay mane sou ma nékoul wone waye kate lou maye done (Ho, si je n’étais pas musicienne que serais-je être) ? Je ne sais pas, attend, je serais présidente de la République du Sénégal (rire).

Ah bon présidente de la République ?

«Wa waw waw» (bien sûr).

Accepteriez-vous un poste de ministre dans le gouvernement ?

Pourquoi pas ?

Quel ministère auriez-vous choisi ?

(Rire) Culture et je vais régler tous les problèmes des artistes.

Vous avez une amie parmi vos collègues ?

Ndèye Marie Ndiaye Gawlo. C’est ma maman.

Qu’est-ce qui vous a le plus choqué dans votre vie ?

Je dirais mon concert au Voile d’or. Cela m’a choquée et m’a beaucoup affectée. Parce que jouer et qu’il y ait des morts, c’était vraiment pénible pour moi. J’avais même décidé d’arrêter la musique.

Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans votre vie ?

Le jour où j’ai eu mon premier enfant.

Combien de fois êtes-vous tombée amoureuse ?