Limiter le nombre de chiens dans la capitale économique chinoise, déjà minée par des problèmes de surpopulation, c'est l'objectif d'une loi actuellement à l'étude à Shanghai. Le chien unique, trente ans après l'instauration de la politique de l'enfant unique ?
La proposition peut sembler saugrenue, mais peut-être pas tant que ça : avec près de 20 millions d'habitants, sans compter les migrants, Shanghai souffre d'une trop grande densité de population, et d'un espace de vie limité, expliquent les législateurs, selon le quotidien anglophone China Daily.
C'est pourquoi, si cette proposition de loi est adoptée, chaque foyer shanghaïen ne pourra plus posséder qu'un seul chien. Si celui-ci met au monde une portée, les chiots devront être donnés à des amis, ou à un centre d'adoption approuvé par le gouvernement. Autre alternative, explique le quotidien : une amende, ou, plus recommandé, la stérilisation.
Et pour inciter les propriétaires de toutous à s'enregistrer, le prix de la licence annuelle, qui pouvait auparavant s'élever à 1 000 ou 2 000 yuans (110 ou 120 euros) selon les cas, sera désormais de 300 yuans (33 euros), y compris la vaccination, la puce d'identification, etc.
La tendance canine Ce faisant, la municipalité compte procéder à un recensement plus systématique des meilleurs amis de l'homme. A Shanghai, ils seraient pour l'instant près de 800 000 enregistrés, un nombre bien inférieur à la réalité.
Car le chien est assurément à la mode dans les grandes villes chinoises, et les choses ont bien changé depuis la période communiste. Considéré comme un luxe bourgeois, il avait été banni des villes en 1983, de même que les canards et les cochons.
Aujourd'hui, les propriétaires de chiens sont de plus en plus nombreux, notamment parmi les classes moyenne et aisée, et c'est un véritable marché du chien qui s'est développé ces dernières années.
Les chiens de race s'achètent à prix d'or : en 2009, une habitante de Xian avait défrayé la chronique en se faisant livrer en Mercedes un chien qu'elle avait payé quatre millions de yuans !
« Les gens considèrent leur chien comme un enfant » En conséquence, le marché du toilettage canin connaît également un véritable boom, et partout se multiplient les salons, les accessoires pour chien, les piscines pour chien…
Pékin compte même désormais un parc des animaux de compagnies avec un restaurant pour maître et chien, un parcours d'agilité pour chien, et même un cimetière et une chapelle pour chien.
« Les gens qui amènent leur chien ici le considèrent comme un enfant », confiait récemment le directeur des ventes du parc au New York Times.
C'est peut-être pour cela que l'idée d'une politique du chien unique, pourtant déjà en vigueur dans plusieurs villes chinoises comme Chengdu et Canton, ne ravit pas tous les Shanghaïens. Créé par des passionnés, le site Shanghai Dog regorge de commentaires indignés :
« Nous sommes prêts à garder nos chiens chez nous. Vont-ils entrer de force pour les prendre quand même ? Qu'ils essayent, pour voir. »
Heureusement pour les amoureux des chiens, comme souvent en Chine, les modalités d'application de la loi restent floues. Tout comme il est actuellement difficile pour les autorités de contrôler les chiens illégaux, il sera compliqué de débusquer les contrevenants à la future loi.
Ceux-ci ne devraient d'ailleurs pas être trop dissuadés par l'amende. Selon le China Daily, celle-ci devrait s'élever à 1 000 yuans. A peine le prix de quelques toilettages.
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1 Commentaires
Smokey
En Novembre, 2010 (18:16 PM)Participer à la Discussion