
Des malfrats n’hésitent pas à couper les cheveux des femmes en pleine rue, sous la menace d’une arme, pour les revendre aux fabricants d’extensions capillaires.
Les Vénézuéliennes sont terrifiées. Pour alimenter le marché très en vogue des extensions capillaires naturelles, des voleurs n’hésitent pas à agresser des femmes en plein jour… Pour leur couper les cheveux.
«Nous sommes réduites à porter des cheveux courts à Maracaibo», a témoigné lundi Egmari Villareal dans le journal Panorama.
Les proies idéales de ces voleurs sont les femmes à la chevelure longue et lisse. La toison dérobée est ensuite revendue à des ateliers. La police s’arrache les cheveux car elle peine à retrouver les voleurs. «Les victimes n’osent pas porter plainte. Elles ne veulent pas courir le risque de voir les malfrats se venger», a expliqué un commissaire.
La mafia capillaire a été surnommée les «piranhas» et elle sévit partout: dans la rue, à la plage ou dans les centres commerciaux. Ces membres n’hésitent pas à menacer leurs proies avec des armes pour leur prendre leur précieuse chevelure.
«Ils ont sorti des ciseaux»
Mariana Rodriguez a été attaqué en pleine ville par deux individus. «Je pensais qu’ils allaient me voler mon téléphone portable parce que je l’avais à la main, a-t-elle raconté sur la chaîne Globovision. Mais ils ont sorti des ciseaux. Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir, de m’enfuir ou de faire quoi que ce soit.
Quand je me suis regardée plus tard dans un miroir, je n’avais plus de cheveux.» Le responsable de cette nouvelle forme de criminalité est la misère qui règne dans ce pays d’Amérique latine. Les «piranhas» sont issus du 60% de la population qui vit dans des bidonvilles, selon Globovision.
Ils profitent de la mode des extensions capillaires. La pose de rajouts de mèches a en effet augmenté de 30% à Maracaibo (3,6 millions d’habitants). Cette tendance a fait exploser le prix des extensions de cheveux. Le Venezuela n’est pas le seul à être touché par le fléau. Au Brésil, les vols de chevelures sont également courants.
Et même aux Etats-Unis, cela arrive quelques fois. Ce pays a même enregistré des attaques à main armée pour dévaliser des stocks entiers d’extensions. Dans le Michigan, un grossiste a trouvé la mort en 2011 lors d’un braquage et à Houston, les voleurs sont partis avec un butin de 160?000?dollars.
Un marché d’un milliard
D’après les estimations, le marché global des produits capillaires naturels atteindrait 1 milliard de francs, dont 40% pour les seules extensions, selon une enquête du journaliste britannique Scott Carney. Plus de 80% de la matière première provient d’Inde.
Les déshérités y vendent leur tignasse par besoin. Et pour le plus grand bonheur des marchands des temples indiens, il existe aussi une tradition hindoue demandant aux fidèles de se raser le crâne au minimum une fois dans sa vie pour offrir sa chevelure aux dieux. Des cheveux qui finissent toujours sur le marché.
Après l’Inde, les pays d’Asie du Sud-Est et la Chine sont devenus fournisseurs. Enfin l’Ukraine et la Moldavie peuvent offrir des coiffures blondes pour 40?francs le kilo, contre 10?francs pour une chevelure noire d’Indienne. Après être passés par différents intermédiaires, ces produits valent 3700?francs le kilo à Londres ou à Paris.
Ces sommes sont toutefois dérisoires si l’on pense que l’humanité dépense chaque année près de 70 milliards de francs en soins pour les cheveux. Les fabricants de shampooings et autres cosmétiques capillaires ont donc un bel avenir devant eux.
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