
Épaules carrés, barbe blonde, visage avenant : Nicolas semble être un homme solide et équilibré. Pourtant, ce trentenaire a vécu un "enfer" que beaucoup n'osent pas raconter : pendant plusieurs mois, il a été battu par sa femme. "Socialement, c'est nié et intellectuellement, c'est inacceptable", résume Nicolas, qui a témoigné pour Metro afin de briser le silence sur une situation qui touche 140 000 hommes chaque année, selon l'observatoire national de la délinquance.
Son histoire d'amour avait commencé de belle manière : "Il y a trois ans, je me suis lancé dans un tour du monde. En Asie centrale, j'ai rencontré une femme de nationalité turque, enseignante à l'université. Nous avons vécu ensemble trois mois, ca se passait très bien." Puis le couple décide de s'installer en France. Pour des raisons administratives – et "parce que j'étais amoureux d'elle"– Nicolas se marie au printemps 2011.
"La première fois, j'étais sidéré"
Très vite, leur relation se détériore. La jeune femme se montre jalouse, le soupçonne d'avoir des liaisons, lui demande de détailler "minute par minute" son emploi du temps. Puis surviennent des crises. "Cela commençait par de la violence verbale, des insultes d'une vulgarité étonnante, puis de la violence physique : coups de pieds, de poing, morsures. Elle a essayé de m'étrangler, de me poignarder. La première fois, j'étais sidéré. J'essayais de parer les coups, mais j'ai cet interdit depuis l'enfance : on ne frappe pas les femmes."
Après un deuxième accès de violence, Nicolas essaie de partir, mais il est pris dans un engrenage. "Elle me demandait pardon, jurait que cela n'arriverait plus, qu'elle irait voir un psychiatre." Crise, départ, retrouvailles. Le scenario se répète. Le jeune homme n'ose pas en parler, par honte ou pour ne pas accabler sa femme. Il se replie alors sur lui-même, se coupe de sa famille et de ses amis.
"Si j'avais été une femme…"
"En novembre 2011, après une dispute, je suis allé me coucher, raconte Nicolas. Deux heures après, je sens une lame de cutter sous la gorge. Je me suis dit, je vais crever." Il appelle la police. "L'appartement était dévasté, il y avait du sang partout. Les policiers ont dit à ma femme de sortir se calmer. Si j'avais été une femme, ils l'auraient sûrement arrêtée." Nicolas dépose une main courante, mais ne porte pas plainte. "Je pensais qu'elle était malade et que c'était mon devoir d'aider ma femme." Quelques mois après, il franchit le pas, fait appel à la justice et quitte sa femme, sur les conseils de sa famille.
Aujourd'hui, Nicolas a changé de ville et de métier. Il va prochainement entamer une procédure de divorce. Il ne ressent plus que de la "haine", celle d'une "victime envers son bourreau". Des mots très durs, qu'il profère avec un calme désarçonnant. "Je ne suis plus la même personne qu'avant, explique-t-il. Je vois quelqu'un en ce moment, mais je suis très fermé, je n'exprime plus aucun sentiment."
Le prénom a été modifié.
Source Métro
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