
HIMALAYA — Une jeune mère de 21 ans a épousé les quatre frères de son premier mari. Une tradition ancestrale.
Rajo Verma est presque étonnée qu’on le lui demande: oui, elle trouve normal d’avoir cinq époux et qu’ils soient frères, peut-on lire dans le «Sun».
C’était également le destin de sa mère ainsi que de sa grand-mère. En fait c’est une tradition millénaire au nord de l’Inde. Les textes anciens, notamment le Mah? bh? rata, une épopée de la mythologie hindoue composée de 250 000 vers écrits il y a 4 ou 5 millénaires, l’attestent. Rajo est même fière de présenter au photographe indien Shariq Allaqaband ses maris, son bébé et sa maison. «Je dors une nuit à tour de rôle avec chacun d’eux. Je reçois ainsi beaucoup plus d’amour et d’attention que la plupart des autres femmes», a déclaré la jeune indienne de 21 ans.
Son premier époux a été Guddu, qui a le même âge qu’elle. Comme c’est la coutume en Inde, leur mariage a été arrangé par les deux familles quand ils avaient 18 ans. Ensuite, elle a épousé les frères de Guddu: Baiju, 32 ans, Sant Ram, 28, Gopal, 26, et Dinesh, 19. «Au début c’était un peu bizarre, mais après je me suis habituée», a encore expliqué Rajo.
La famille n’a pour l’instant qu’un enfant, Jay, 18 mois, mais elle espère en avoir plusieurs. On leur trouvera de la place dans la maisonnette familiale d’une pièce de Dehradun, la capitale de l’Etat indien d'Uttarakhand, bordé par le Tibet et le Népal, deux pays où la polyandrie fraternelle se pratique également.
Cette sorte de polygamie inversée n’est pas forcément liée au manque de femmes, estiment les historiens. Il a été instauré pour que les frères puissent tous rester sur leurs terres ancestrales. Mais cette pratique était particulièrement utile pour les plus pauvres qui voyaient les filles de leur caste disparaître comme domestiques ou concubines dans les maisons des plus riches.
Ces mariages ne sont plus autorisés par la loi. Rajo n’a d’ailleurs qu’un époux officiellement: Guddu. Mais ils sont tolérés par la société. Les membres de ses familles n’ont donc absolument pas besoin de se cacher, signale «Times of India». Le frère aîné est généralement le chef de famille. Un fait qui ne dérange pas Guddu en sa qualité de premier époux. «Nous formons une grande famille heureuse, a déclaré ce dernier. Nous avons tous les cinq des relations sexuelles avec notre épouse, mais je ne suis pas jaloux de mes frères.»
Personne ne sait d’ailleurs qui est le père de leur bébé. Les enfants naissant de ces unions sont les enfants de tous. Ils appellent le frère aîné «père» et les frères cadets «père-frère». Même lorsque l'un des frères se sait le père biologique de l'un d'entre eux, ce dernier sera traité de la même façon que les autres par tous les «pères», peut-on lire sur le site Zone Himalaya.
Si la pratique de la polyandrie diminue dans tous les pays himalayens, il ne disparaît pas. Notamment en raison des avortements sélectifs. En Inde, avoir un garçon est tellement plus valorisant, que les femmes se font avorter quand l’échographie montre que le fœtus est féminin. Ce phénomène est responsable d’une natalité déséquilibrée qui fait que le pays manque de filles à marier.
(Le Matin)
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