Ces suspects avaient "un projet de passage à l'acte violent aux contours mal définis à ce stade", d'après une source proche de l'enquête.
POLICE - Dix personnes liées à l'ultradroite radicale ont été interpellées samedi 23 juin au soir dans toute la France, notamment en Corse, par les services antiterroristes dans le cadre d'une enquête sur un projet d'attaque ciblant des musulmans, a appris ce dimanche l'AFP de sources judiciaire et proches de l'enquête.
Les suspects avaient "un projet de passage à l'acte violent aux contours mal définis à ce stade, ciblant des personnes de confession musulmane", a précisé une des sources proches de l'enquête.
Les surveillances de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont montré qu'"ils étaient organisés et en lien pour éventuellement commettre des actions violentes contre des cibles présumées en lien avec l'islam radical", a indiqué une autre source proche de l'enquête. D'après France 2, ils avaient effectué des repérages autour de mosquées et établi une liste d'imams à cibler.
Selon TF1-LCI, ils ciblaient notamment des imams radicaux, des détenus islamistes sortant de prison ou encore des femmes voilées, choisies au hasard dans la rue. L'enquête devra déterminer le degré d'avancement et de maturité du projet. Aux termes de la loi, leur garde à vue peut s'étendre jusqu'à 96 heures.
Des armes saisies
Les échanges interceptés par la DGSI montrent qu'ils voulaient se procurer des armes. Et au cours de différentes perquisitions, des armes ont été saisies, selon cette même source.
Ces interpellations ont été menées samedi soir par des policiers de la DGSI sur commission rogatoire d'un juge antiterroriste, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris le 14 juin du chef d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle", a indiqué une source judiciaire.
Parmi les 10 arrestations, deux se sont déroulées en Corse, notamment à Ajaccio, a précisé une source proche de l'enquête. D'après LCI, d'autres interpellations ont eu lieu en Gironde, dans la Vienne et en Charente. Selon LCI et France 2, les personnes interpellées sont soupçonnées d'appartenir à l'AFO ("Action des forces opérationnelles"), un groupuscule dédié à la préparation du "combat sur le territoire national".
Dans un tweet, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué "l'engagement constant de la DGSI qui veille au quotidien à la protection des Français face à toute action violente, d'où qu'elle vienne".
Interpellations d'individus liés à l'ultradroite, soupçonnés de passage à l'acte : je salue l'engagement constant de la DGSI qui veille au quotidien à la protection des Français face à toute action violente, d'où qu'elle vienne.
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 24 juin 2018
?? @gerardcollomb salue l´interpellation d'individus liés à l'ultra-droite soupçonnés de préparer un passage à l'acte, ainsi que l'engagement constant de la DGSI dans la protection des Français au quotidien pic.twitter.com/AAznfhDel7
— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) 24 juin 2018
Il s'agit d'un rare dossier judiciaire impliquant la mouvance de l'ultradroite au sein du pôle antiterroriste de Paris qui a connu depuis 2015 un important contentieux lié à la menace terroriste jihadiste.
Le précédent Logan Nisin
En octobre 2017, les services antiterroristes avaient démantelé un groupuscule d'ultradroite fédéré autour d'un ex-militant du mouvement royaliste Action Française, Logan Nisin, qui avait été arrêté en juin 2017. Ce dernier avait reconnu avoir fondé un groupuscule baptisé OAS, reprenant le nom de l'organisation responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance de l'Algérie dans les années 1960. Son mot d'ordre: "Enclencher une re-migration basée sur la terreur".
Le groupe avait envisagé de s'en prendre à l'ex-candidat à la présidentielle de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et ex-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) et de cibler des "kebabs" de Marseille ou le "chantier de la grande mosquée de Vitrolles". Mais l'entreprise avait tourné court, faute d'en avoir "les capacités", selon les éléments de l'enquête.
Des notes de la DGSI versées dans ce dossier toujours à l'instruction et dont a eu connaissance l'AFP décrivent le réveil de l'ultradroite en France avec des "groupuscules concurrents", "soudés" autour de la dénonciation de "l'islamisation de la France" et prospérant sur les craintes liées à la menace jihadiste. Les services de renseignement soulignent toutefois que leurs "capacités opérationnelles apparaissent (...) limitées" compte tenu de leurs actions en "ordre dispersé".
Cet état des lieux fait écho aux propos tenus en 2016 par Patrick Calvar, alors patron du renseignement intérieur (DGSI), qui avait marqué sa préoccupation d'une dérive vers "une confrontation entre l'ultradroite et le monde musulman, pas les islamistes mais bien le monde musulman".
4 Commentaires
Hypocrites
En Juin, 2018 (15:30 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (16:37 PM)Anonyme
En Juin, 2018 (17:21 PM)ULTIMATUM DONNÉ PAR LE PRÉSIDENT MACKY SALL A SES SERVICES.
Anonyme
En Juin, 2018 (21:32 PM)Participer à la Discussion