Quand les pompiers couraient après les feux, les gendarmes pistaient les incendiaires. Selon un bilan provisoire de la gendarmerie dévoilé ce vendredi, 48 personnes ont été interpellées tout au long de cet été marqué par les incendies. Depuis le début de l’année, ce sont 65 000 hectares de forêt qui ont été en proie aux flammes, dont 50.000 rien que cet été.
Parmi les 48 personnes suspectées d’êtres des incendiaires ou des pyromanes, douze ont déjà été condamnées. La plus lourde peine, à savoir deux ans de prison, a été prononcée contre un jeune homme interpellé en août et reconnu coupable d’une série d’incendies en Gironde. Certains accusés, mineurs, ont écopé de mesures éducatives, comme ces deux adolescents dont les pétards d’artifice avaient déclenché un incendie brûlant cinq hectares dans le Morbihan début août.
À la fin du mois de juillet, un homme de 44 ans a été mis en examen après avoir avoué avoir causé plusieurs départs de feu qui ont ravagé 1.200 hectares en Ardèche. Un ancien pompier volontaire de 33 ans sera jugé à Béziers fin septembre pour deux incendies dans l’Hérault. Ces deux hommes et “plus d’une dizaine” d’autres ont été placés en détention provisoire le temps de l’enquête, selon la gendarmerie.
“On a des profils très variés, des jeunes, des mineurs, des retraités, tous les milieux sociaux sont représentés avec une majorité d’hommes”, explique à l’AFP la lieutenante-colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie nationale. Certains ont “un profil psychologique plus faible, parfois des troubles mentaux”, ajoute-t-elle. Les expertises médicales qui seront diligentées au cours des enquêtes doivent permettre de distinguer les pyromanes, qui mettent le feu pour satisfaire une pulsion, des incendiaires, dont l’acte répond à un mobile précis.
30% d'incendies volontaires
Chaque départ de feu, dont 90% sont causés par l’homme et 30% sont volontaires selon l’Office national des forêts (ONF), fait l’objet d’une enquête judiciaire. De par son implantation en zone rurale, la gendarmerie a été saisie de l’écrasante majorité des dossiers concernant les feux de forêt. “Au plus fort de l’été, le 13 août, nous avons eu jusqu’à 500 gendarmes déployés sur 18 incendies”, souligne Mme Pezant.
Traces et témoignages
“Le feu n’efface pas tout, on arrive toujours à retrouver des traces, de l’ADN ou des objets pour remonter jusqu’à l’auteur”, comme un tesson de bouteille ou un briquet, insiste la lieutenante-colonelle. Par exemple, fin juillet, près d’Orange, dans le Vaucluse, l’analyse d’un mégot de cigarette a permis de remonter à une personne qui sera jugée prochainement.
Quand la technique fait défaut, c’est le renseignement humain qui peut s’avérer décisif. “Quand il y a un départ de feu, on a des gens qui observent et les informations nous remontent très vite”, souligne Marie-Laure Pezant. Ainsi, les gendarmes ont pu rapidement remonter la piste d’un jeune homme soupçonné d’être à l’origine de deux incendies en juillet dans les Pyrénées-Orientales, grâce à des témoins qui ont reconnu sa voiture quitter les lieux avant le départ des flammes.
La plus grande surface brûlée depuis 2006
Cette année, plus de 65.000 hectares de forêt ont brûlé en France, dont 50.000 rien que depuis le début de l’été. Selon le Système européen d’information sur les feux de forêts (Effis), cela représente la plus grande surface brûlée depuis le début des données satellitaires en 2006.
La Gironde, qui abrite une partie de la plus grande forêt de résineux d’Europe, a été particulièrement touchée avec 30.000 hectares partis en fumée, dont plus de 21.000 pour le seul secteur de Landiras.
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