A quatre mois d’élections cruciales, sa popularité est à la baisse jusque dans la communauté noire.
Il était invité, il n’est pas venu. Les congressistes de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (NAACP) pensaient que le président Obama reviendrait les faire vibrer, comme il l’avait fait l’an passé à l’occasion du 100e anniversaire de leur institution. Ils ont eu droit à la place, cette semaine dans le gigantesque centre de conventions de Kansas City, à Michelle Obama. "Nous avons bien compris qu’il n’était pas question de nous reposer sur nos lauriers", a-t-elle martelé d’entrée de jeu en parlant de son mari et du gouvernement.
Si la First Lady avait voulu déminer les critiques croissantes au sein de la communauté noire sur l’insuffisance des programmes de la présidence vis-à-vis des Africains-Américains, elle ne s’y serait pas prise autrement. Il se trouve en effet que la popularité d’Obama est encore à la baisse ce mois-ci. Notamment parmi les électeurs noirs : selon le dernier sondage Gallup, le président a perdu presque 10 points auprès d’eux depuis l’automne dernier. Bien moins qu’au sein de la communauté latino (chute d’un tiers) ou chez les électeurs indépendants (baisse de plus de la moitié), mais le résultat est préoccupant. La hausse brutale du chômage, la lenteur de la réforme de la santé, les balbutiements de la réforme du système éducatif public, les conséquences de la marée noire en Louisiane et dans l’Alabama : les mauvaises nouvelles s’additionnent pour nourrir le désenchantement progressif des Noirs américains, deux fois plus nombreux en proportion à souffrir de la crise actuelle que les Blancs.
Jesse Jackson et Al Sharpton en défenseurs
A plusieurs reprises, au cours de ces derniers mois, interrogé par des journalistes de la presse africaine-américaine, le président Obama a répondu qu’il était "au service de tous les Américains, et pas seulement d’une partie d’entre eux". Impartial mais brutal. La réplique a été mal vécue. Pour faire diversion, les leaders charismatiques de la communauté, à l’image des révérends Jesse Jackson et Al Sharpton, sont venus dire à Kansas City que les démocrates, y compris le premier d’entre eux, n’étaient pas à blâmer. Que les lenteurs à réformer le pays venaient de l’obstruction des républicains et de la montée en puissance des Tea Parties, le mouvement anti-fédéral ultra conservateur emmené par Sarah Palin.
L’accusation de "racisme" a même fusé assez vite pour qualifier les Tea Parties, coupables, selon la NAACP, de révisionnisme vis-à-vis des droits civiques accordés aux Noirs dans les années 1960. Est-ce la façon la plus habile de remobiliser l’électorat à l’heure où le porte-parole de la Maison-Blanche avoue lui-même que "les élections de mi-mandat en novembre prochain peuvent très bien voir les républicains reprendre la Chambre des représentants" ? Toujours est-il que la NAACP a décidé à Kansas City de devenir le fer de lance de la lutte contre la droite dure américaine. Elle organisera début octobre, avec 170 autres organisations de gauche, une marche sur Washington.
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