Il est accusé d'avoir aspergé d'essence sa compagne dans une voiture puis d'avoir allumé le feu: Jonathan Boillet, déjà condamné à deux reprises pour violences conjugales, est jugé à partir de mardi devant les assises du Pas-de-Calais pour le meurtre de Sandy Cucheval, qui voulait le quitter.
"Cette affaire est la chronique d’une mort annoncée", dit Nathalie Tomasini, avocate de la fille aînée de la victime. "Elle est révélatrice de toutes les histoires conjugales qui se terminent par un passage à l’acte mortel. Tous les signaux étaient au rouge avec cet individu: il avait le profil type de l'homme qui va passer à l'acte sur sa compagne et qui n'a pas été stoppé à temps par la justice", dénonce-t-elle.
Les obligations d'"injonctions thérapeutiques" n'ont "jamais été suivies" et les condamnations ont été "trop faibles", regrette cette avocate auprès de l'AFP, pointant une "défaillance" du "système police-justice".
Le 10 novembre 2020, à Bully-les-Mines, au sud de Béthune (Pas-de-Calais), la voiture dans laquelle se trouve le couple s'enflamme. Ils s’extirpent, lui légèrement brûlé, elle, "en flammes", selon des témoins. Un voisin l'enveloppe dans une couverture pour éteindre le feu.
"C'est lui qui m'a brûlée", lance Sandy Cucheval, désignant Jonathan Boillet, qui conteste. Selon l'enquête, encore consciente, elle insiste auprès d'une policière: "Il a voulu me tuer, il m'a aspergée d'essence et il a mis le feu avec un briquet."
- "Noyée d'essence" -
L'accusé, 36 ans, est placé dans la soirée en garde à vue. La victime conduite à l'unité des grands brûlés du centre hospitalier de Lille où elle décède sept jours plus tard.
Un bidon d'essence est retrouvé dans la voiture: il devait servir, d'après l'accusé, à remettre en marche sa débroussailleuse.
D'après l'enquête, l'origine de l'incendie résulte d'une "inflammation d'essence" et le foyer de l'incendie se trouve côté conducteur, place de la victime.
Tout au long de l'instruction, Jonathan Boillet affirme qu'il s'agit d'un accident, mais ne sait pas expliquer comment le bidon a pu s'ouvrir accidentellement et asperger la conductrice, soulèvent les enquêteurs.
Et les expertises ne confortent pas sa thèse: elles montrent qu'elle a été "largement aspergée" de liquide sur tout le corps, étant même décrite comme "noyée d'essence" par les pompiers.
Selon sa fille aînée, l'accusé était venu quelques jours avant les faits au domicile de Sandy Cucheval avec un bidon d'essence, menaçant de brûler toute la famille. Le jour du drame, elle avait annoncé à sa fille qu'elle allait le quitter.
Des voisins relatent une dispute du couple avant le drame avec des échanges verbaux "forts" et "violents".
- "Pas le choix" -
Le casier judiciaire de l'accusé, qui avait arrêté l'école en classe de 3e, comporte 12 mentions, dont deux condamnations pour violences conjugales sur sa précédente compagne, mère de ses trois enfants.
Il avait été remis en liberté le 29 juin 2020 et faisait l'objet d'un suivi socio-judiciaire au moment des faits.
Il était également suivi pour des troubles "anxio-dépressifs". Les experts évoquent à son propos "une personnalité peu construite" sur un mode "immaturo-égocentré". Victime dans son enfance d’agressions sexuelles par son oncle, il affirme que cela lui a "bousillé la vie".
Les proches de Sandy Cucheval, trentenaire, mère de quatre enfants, ont décrit lors de l'enquête une femme "joviale" avec "le coeur sur la main". La relation entre elle et l'accusé, un ami d'enfance, avait débuté en août 2020.
La victime avait fait part à plusieurs de ses proches de son intention de le quitter, affirmant qu'il "la harcelait", "l'insultait", "contrôlait ses sorties et ses vêtements" et l'avait "déjà frappée". Mais elle affirmait aussi qu'elle n'avait "pas le choix" et devait rester avec lui, faisant état de "menaces de mort" si jamais elle le quittait.
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministère de la Justice a dénombré 94 féminicides en 2023.
Le verdict est attendu vendredi.
"Cette affaire est la chronique d’une mort annoncée", dit Nathalie Tomasini, avocate de la fille aînée de la victime. "Elle est révélatrice de toutes les histoires conjugales qui se terminent par un passage à l’acte mortel. Tous les signaux étaient au rouge avec cet individu: il avait le profil type de l'homme qui va passer à l'acte sur sa compagne et qui n'a pas été stoppé à temps par la justice", dénonce-t-elle.
Les obligations d'"injonctions thérapeutiques" n'ont "jamais été suivies" et les condamnations ont été "trop faibles", regrette cette avocate auprès de l'AFP, pointant une "défaillance" du "système police-justice".
Le 10 novembre 2020, à Bully-les-Mines, au sud de Béthune (Pas-de-Calais), la voiture dans laquelle se trouve le couple s'enflamme. Ils s’extirpent, lui légèrement brûlé, elle, "en flammes", selon des témoins. Un voisin l'enveloppe dans une couverture pour éteindre le feu.
"C'est lui qui m'a brûlée", lance Sandy Cucheval, désignant Jonathan Boillet, qui conteste. Selon l'enquête, encore consciente, elle insiste auprès d'une policière: "Il a voulu me tuer, il m'a aspergée d'essence et il a mis le feu avec un briquet."
- "Noyée d'essence" -
L'accusé, 36 ans, est placé dans la soirée en garde à vue. La victime conduite à l'unité des grands brûlés du centre hospitalier de Lille où elle décède sept jours plus tard.
Un bidon d'essence est retrouvé dans la voiture: il devait servir, d'après l'accusé, à remettre en marche sa débroussailleuse.
D'après l'enquête, l'origine de l'incendie résulte d'une "inflammation d'essence" et le foyer de l'incendie se trouve côté conducteur, place de la victime.
Tout au long de l'instruction, Jonathan Boillet affirme qu'il s'agit d'un accident, mais ne sait pas expliquer comment le bidon a pu s'ouvrir accidentellement et asperger la conductrice, soulèvent les enquêteurs.
Et les expertises ne confortent pas sa thèse: elles montrent qu'elle a été "largement aspergée" de liquide sur tout le corps, étant même décrite comme "noyée d'essence" par les pompiers.
Selon sa fille aînée, l'accusé était venu quelques jours avant les faits au domicile de Sandy Cucheval avec un bidon d'essence, menaçant de brûler toute la famille. Le jour du drame, elle avait annoncé à sa fille qu'elle allait le quitter.
Des voisins relatent une dispute du couple avant le drame avec des échanges verbaux "forts" et "violents".
- "Pas le choix" -
Le casier judiciaire de l'accusé, qui avait arrêté l'école en classe de 3e, comporte 12 mentions, dont deux condamnations pour violences conjugales sur sa précédente compagne, mère de ses trois enfants.
Il avait été remis en liberté le 29 juin 2020 et faisait l'objet d'un suivi socio-judiciaire au moment des faits.
Il était également suivi pour des troubles "anxio-dépressifs". Les experts évoquent à son propos "une personnalité peu construite" sur un mode "immaturo-égocentré". Victime dans son enfance d’agressions sexuelles par son oncle, il affirme que cela lui a "bousillé la vie".
Les proches de Sandy Cucheval, trentenaire, mère de quatre enfants, ont décrit lors de l'enquête une femme "joviale" avec "le coeur sur la main". La relation entre elle et l'accusé, un ami d'enfance, avait débuté en août 2020.
La victime avait fait part à plusieurs de ses proches de son intention de le quitter, affirmant qu'il "la harcelait", "l'insultait", "contrôlait ses sorties et ses vêtements" et l'avait "déjà frappée". Mais elle affirmait aussi qu'elle n'avait "pas le choix" et devait rester avec lui, faisant état de "menaces de mort" si jamais elle le quittait.
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministère de la Justice a dénombré 94 féminicides en 2023.
Le verdict est attendu vendredi.
2 Commentaires
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En Mars, 2024 (09:58 AM)Reply_author
En Mars, 2024 (10:30 AM)Reply_author
En Mars, 2024 (10:30 AM)Reply_author
En Mars, 2024 (15:08 PM)Participer à la Discussion