Dakar, 3 nov (APS) - La relation sino-africaine va continuer de grandir nécessairement, mais les pays africains se doivent de ‘’vérifier les intentions que cache l’offensive de charme chinoise pour ne pas être, in fine, le dindon de la farce’’, a soutenu le journaliste Adama Gaye, spécialiste de la Chine.
‘’La relation sino-africaine continuera d’exister, de grandir. Car la Chine investira beaucoup d’argent en Afrique’’ et ‘’sera pratiquement la seule à pouvoir financer de grands travaux d’infrastructures’’, a-t-il dit dans une interview parue, mardi dans le journal Le Quotidien.
La réussite de la Chine ‘’qui lui a permis de tirer des centaines de millions de personnes de la pauvreté, ses villes où se déploient des tours géantes et ses routes gorgées de voitures alors qu’elles n’accueillaient auparavant que des embouteillages de vélos, sont les signes de sa vitalité qui fait rêver un nombre de plus en plus important d’Africains’’, a rappelé le sinologue.
‘’Tous se disent que les politiques néolibérales portées par le FMI ayant échoué, il est grand temps de regarder par delà l’Atlantique pour voir ce qui se passe à l’Est, dans l’Empire du Milieu. Le principal bémol consiste à rappeler que le développement reste un phénomène endogène’’, a fait valoir Adama Gaye.
‘’Toute excitée qu’elle puisse être à l’idée de découvrir un nouveau partenaire étranger, l’Afrique se doit de vérifier les intentions que cache l’offensive de charme chinoise pour ne pas être, in fine, le dindon de la farce’’, a insisté le journaliste, auteur d’un ouvrage publié en 2006 et consacré aux relations sino-africaines.
Intitulé ‘’Chine-Afrique : Le dragon et l’autruche’’, cet ouvrage cherche à établir les causes de la dissymétrie des destins sino-africains, en passant en revue leurs expériences au cours des 60 dernières années, mais aussi en analysant leurs ressorts politiques, économiques et sociaux actuels.
Selon lui, les pays occidentaux, notamment européens, qui veulent ‘’briser le face-à-face’’ entre l’Afrique et la Chine sont disqualifiés et ne peuvent conditionner cette relation. ‘’Il y a donc de quoi rire du souci désespéré’’ de ces ‘’partenaires classiques’’ du continent africain ‘’de vouloir s’entremettre entre deux partenaires majeures’’.
‘’Plus généralement, a-t-il poursuivi, la rivalité entre les puissances étrangères contribue au +rebranding+ de l’Afrique, son positionnement, pour parler comme les spécialistes du marketing’’.
L’Afrique n’est alors ’’plus perçue comme un panier troué, sans espoir, mais bien comme un continent riche de potentialités. De plus, elle n’est plus tenue de croire qu’il y a que le modèle économique libéral qui vaille’’, a-t-il relevé.
Mais en même temps, a-t-il préconisé, l’Afrique doi ‘’analyser avec froideur ce que lui veulent ses nouveaux courtisans, se doter de réponses stratégiques et coordonnées et s’appuyer sur des dirigeants déterminés, véridiques et intraitables dans la défense des intérêts africains qui auront été formulés au niveau continental’’.
BK/AD
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