
Le Monde s'effondre encore sur Papa Massata Diack. Dans son édition datée du 13 janvier, le journal français révèle dans un article titré, "Sortie de piste", les dessous d'une conférence de presse très attendue que la commission indépendante de l'Agence mondiale antidopage (Ama) organise exceptionnellement avec le parquet national financier (PNF) français, jeudi 14 janvier, à Munich en Allemagne. Le fils de l'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf), par ailleurs Consultant marketing pour l'Iaaf, est soupçonné d'être au cœur du système de corruption institué au sommet de la fédération.
Papa Massata Diack (PMD), 50 ans, n'a pas encore été mis en examen mais il reste la pièce maitresse et manquante dans cette affaire.
Papa Massata Diack (PMD), 50 ans, n'a pas encore été mis en examen mais il reste la pièce maitresse et manquante dans cette affaire.
Le 18 décembre 2015, Le Monde a révélé les incroyables confessions de son père, évoquant devant le juge Renaud Van Ruymbeke le financement de campagnes électorales au Sénégal pour faire battre l’ancien président Abdoulaye Wade, organisé par PMD avec de l’argent russe. Quand le magistrat demande à l’ex-patron de l’IAAF qui a reçu l’argent, Lamine Diack répond: « Papa Massata Diack peut vous répondre. » Quatre jours plus tard, le fils Diack dénonce une « cabale » et met les déclarations paternelles sur le compte du « poids de l’âge » (82 ans). Selon Le Monde, qui a pu consulter le dossier d'instruction, les motifs d’inquiétude s’accumulent pour PMD, malgré ses nombreux démentis. Dans le dossier d’instruction, que le journal français a pu consulter, il apparaît comme la pièce maîtresse – et donc manquante pour l’instant – de l’immense puzzle mêlant corruption, dopage et droits de sponsoring que tente de reconstituer Renaud Van Ruymbeke, épaulé par Stéphanie Tacheau et Charlotte Bilger.
Les enquêteurs ont ainsi découvert que PMD avait dépensé 131 400 euros, les 16 et 25 juillet 2013, « auprès de l’enseigne Elysées Shopping », dans le 8e arrondissement de Paris, pour acheter « des montres et des articles de luxe ». Dans quel but ? En garde à vue, l’ancien patron de l’antidopage de l’IAAF, Gabriel Dollé, mis lui aussi en examen, a dit aux policiers avoir reçu une montre de luxe de la part de PMD. M. Dollé a déclaré que le fils de Lamine Diack lui avait également remis 50 000 euros en espèces « en une seule fois à l’Hôtel Fairmont à Monaco », où siège l’IAAF, pour avoir couvert des cas de dopage d’athlètes russes. Les 131 400 euros intéressent d’autant plus les enquêteurs que les factures ont été partiellement remboursées par un virement de 85 000 euros « émis à partir de la société Black Tidings » – « sombres nouvelles » en anglais. Société basée à Singapour, Black Tidings est gérée par un certain Ian Tan Tong Han. Celui-ci travaille pour Athletics Management Services (AMS), structure qui intervient pour le compte de Dentsu, la société japonaise détentrice des droits marketing de l’IAAF. Ian Tan est surtout est un très bon ami de Papa Massata Diack. A tel point qu’il a appelé son fils Massata et qu’il a déposé le nom de domaine d’une des sociétés de son ami, PMD Consulting.
PMD était en dehors de tout contrôle à l'Iaaf
Les noms de Ian Tan et de la société Black Tidings apparaissent dans le dossier de la Russe Liliya Shobukhova. Cette marathonienne, finalement suspendue en avril 2014 pour dopage, a déclaré avoir payé 450 000 euros afin de pouvoir participer aux Jeux de Londres en 2012 et de cacher les données anormales de son passeport biologique, document qui rassemble tous les résultats de contrôles sanguins. Les enquêteurs soupçonnent PMD d’avoir pris part au chantage. Selon les conclusions de la commission indépendante de l’AMA, celui-ci s’est rendu, en compagnie de l’avocat Habib Cissé – mis en examen –, à Moscou, en décembre 2012. « Cissé et PMD étaient “en dehors de tout contrôle” au sein de l’IAAF et autorisés à faire ce qu’ils voulaient, écrivent dans leur rapport les enquêteurs de la commission indépendante de l’AMA. Ce pouvoir leur a permis d’organiser des escroqueries pour extorquer de l’argent. »
Les contrats de sponsoring épiés
Les enquêteurs s’intéressent aussi à un mail envoyé le 29 juillet 2013 par PMD à son père. Le fils écrit que Valentin Balakhnichev, le président de la Fédération russe, l’a sollicité pour intervenir auprès du personnel de l’IAAF qui se montrait trop curieux à propos des passeports biologiques des Russes. « A cette fin, précise PMD, un travail de lobbying et d’explication a été fait auprès de C. Thiaré (50 K), Nick Davies (UK press lobbying 30 K, et calmer Jane Boulter), G. Dollé (50 K) et PY Garnier (assistance Champagnolle 10 K, géré par Cheikh). » Interrogé par les policiers sur ce mail, lors de sa garde à vue, Lamine Diack a expliqué que son fils avait « donné de l’argent aux uns ou aux autres pour les faire taire ».
Papa Massata Diack qui vient d'être suspendu à vie par la commission d'éthique de l'Iaaf pourrait faire face à de nouvelles accusations. Le journal français explique que dans son rapport, la commission indépendante de l’AMA recommande « qu’une entité indépendante conduise un audit complet des contrats, des accords de marketing et de sponsoring concernant Papa Massata Diack ». Et pour cause, Papa Massata Diack aurait grandement contribué à renflouer les caisses de la fédération. "
« Pour aider Dentsu dans la vente des droits marketing, spécifiquement dans les territoires émergents où l’IAAF avait détecté un fort potentiel, il a été fait appel à PMD qui avait une expertise en la matière.
Papa Massata Diack qui vient d'être suspendu à vie par la commission d'éthique de l'Iaaf pourrait faire face à de nouvelles accusations. Le journal français explique que dans son rapport, la commission indépendante de l’AMA recommande « qu’une entité indépendante conduise un audit complet des contrats, des accords de marketing et de sponsoring concernant Papa Massata Diack ». Et pour cause, Papa Massata Diack aurait grandement contribué à renflouer les caisses de la fédération. "
« Pour aider Dentsu dans la vente des droits marketing, spécifiquement dans les territoires émergents où l’IAAF avait détecté un fort potentiel, il a été fait appel à PMD qui avait une expertise en la matière.
Cela concernait la Chine, la Russie, l’Inde, le Qatar, etc. », a expliqué, le 8 octobre, l’ancien secrétaire général de l’IAAF (2011-2015), Essar Gabriel, dans le bureau du juge Van Ruymbeke, rapporte Le Monde. Ces dernières années, ces marchés « émergents » ont été particulièrement gâtés avec des championnats du monde organisés à Daegu (Corée du Sud) en 2011, à Moscou en 2013, à Pékin en 2015, puis à Doha en 2019. Et d’importants partenariats ont été signés avec le groupe sud-coréen Samsung, le géant pétrolier chinois Sinopec ou la banque russe VTB Bank. « A cette époque, il y avait des discussions entre un sponsor et Papa Massata Diack, et il m’avait été dit qu’une mauvaise publicité nuirait aux négociations », se souvient Gabriel Dollé devant les enquêteurs, pour expliquer la mise en sourdine des cas de dopage russes. « C’est le meilleur vendeur, résume Lamine Diack, le 1er novembre. Il a contribué à développer l’athlétisme en Afrique puis au Qatar, en Chine. »
En décembre 2014, The Guardian fait état d’un mail envoyé par Papa Massata Diack, en octobre 2011, à des Qataris pour leur demander le versement de 5 millions de dollars. Doha, candidate à l’organisation des Mondiaux 2017, a perdu face à Londres, un mois après. Mais la capitale qatarie a obtenu ceux de 2019. Malgré ses dénégations de toute intervention de cette nature, PMD a dû quitter son poste de consultant.
En décembre 2014, The Guardian fait état d’un mail envoyé par Papa Massata Diack, en octobre 2011, à des Qataris pour leur demander le versement de 5 millions de dollars. Doha, candidate à l’organisation des Mondiaux 2017, a perdu face à Londres, un mois après. Mais la capitale qatarie a obtenu ceux de 2019. Malgré ses dénégations de toute intervention de cette nature, PMD a dû quitter son poste de consultant.
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