Les services de renseignement occidentaux avaient prévenu ces derniers jours de la possibilité d'attaques terroristes à proximité de ce site stratégique.
AFGHANISTAN - Deux explosions suivies de fusillades ont eu lieu ce jeudi 26 août à proximité de l'aéroport de Kaboul, a indiqué le Pentagone, sans pouvoir établir de bilan précis dans l'immédiat. Près de cinq heures après le drame, le ministère de la Défense américain a communiqué un premier bilan de 12 soldats tués, sans en dire davantage sur le chiffre total de victimes.
D'après le site spécialisé SITE, le groupe terroriste État islamique (Daech) a revendiqué cet attentat.
À propos du bilan, l'agence de presse Reuters avait rapidement évoqué un bilan de 13 morts, citant pour ce faire une source au sein des talibans. L'AFP, de son côté, parlait "d'au moins cinq morts et d'une dizaine de blessés".
Un peu plus tard, le principal porte-parole des talibans a rehaussé ce chiffre auprès de l'AFP en parlant de 13 à 20 morts et 52 blessés. "Nos informations initiales montrent qu'entre 13 et 20 personnes ont été tuées, et 52 blessées dans les explosions à l'aéroport de Kaboul", a déclaré Zabihullah Mujahid, qui avait auparavant dit sur Twitter "fermement condamner" ces attaques survenues dans une zone sous "responsabilité" américaine.
De nombreux militaires américains parmi les victimes
Plusieurs militaires américains ont été tués et blessés dans l'attentat qui a frappé jeudi les abords de l'aéroport de Kaboul, a aussi indiqué le porte-parole du Pentagone. Au cours d'une conférence de presse, il a été annoncé que 12 soldats américains (11 marines et un médecin de la Marine) avaient été tués, et 15 blessés. Depuis février 2020, plus aucun soldat n'avait été tué en Afghanistan.
Le Pentagone a également fait savoir qu'il s'attendait à ce que les attaques de ce type continuent, ce qui n'empêcherait pas l'armée américaine de poursuivre les évacuations. D'ailleurs, les Américains ont directement accusé l'organisation terroriste État islamique d'être responsable de l'attaque, les menaçant de représailles au cas où de nouveaux attentats auraient lieu.
"Deux jihadistes considérés comme appartenant à l'EI se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a précisé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l'Afghanistan.
Du côté français, l'ambassadeur David Martinon a fait savoir qu'aucun "soldat, policier ou diplomate n'avait été engagé" sur la zone des explosions.
Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques terroristes". Dans un communiqué, il exprime "ses condoléances aux familles des victimes américaines et afghanes, adresse son soutien aux blessés, et salue l'héroïsme de celles et ceux qui sont sur le terrain pour mener à bien les opérations d'évacuation", avant de promettre que "la France les mènera à leur terme et maintiendra dans la durée l'action humanitaire et de protection des Afghans menacés".
Sur place, des témoins ont raconté à l'Agence France presse la "panique totale" qui s'est emparée de la foule après les explosions, survenues alors que le soleil commençait à se coucher sur la capitale afghane. Une fumée épaisse s'élevait dans les airs, alors qu'hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions.
"Panique totale"
Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des personnes ensanglantées mises à l'abri sur des brouettes, ou un enfant agrippant le bras d'un homme souffrant d'une blessure à la tête.
"C'était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l'aéroport", où étaient notamment passées ces derniers jours des personnes évacuées par les Français et les Britanniques, a déclaré à l'AFP un témoin, Milad. "Il y a beaucoup de morts et de blessés", dit celui qui a notamment vu "des corps et des fragments humains projetés" aux alentours.
"Quand les gens ont entendu l'explosion, ça a été la panique. Les talibans ont alors tiré en l'air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte", a indiqué à l'AFP un autre témoin, qui a notamment vu "un homme courir avec un bébé blessé dans les bras".
Des menaces récentes
Selon une source militaire corroborée par John Kirby, la première explosion s'est produite à proximité d'Abbey Gate, l'un des trois points d'accès à l'aéroport où se pressent depuis 12 jours des milliers d'Afghans soucieux de quitter le pays désormais aux mains des talibans. La seconde, elle, est survenue près du Baron Hotel, tout proche d'Abbey Gate. Cet hôtel avait notamment servi ces derniers jours à rassembler des citoyens américains en vue de leur extraction du pays.
Des responsables américains et alliés avaient fait état ces derniers jours de menaces crédibles d'attentats-suicides autour de l'aéroport de Kaboul où un gigantesque pont aérien est organisé depuis le 14 août.
Les mises en garde occidentales n'avaient pour autant pas dissuadé, avant l'explosion, nombre d'Afghans de continuer d'assiéger l'aéroport. Parmi les candidats à l'exil figurent beaucoup d'Afghans urbains et éduqués, qui craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.
Les évacuations s'accélèrent
Quelques minutes avant la première explosion, John Kirby avait démenti des informations selon lesquelles les évacuations d'Afghanistan pourraient se terminer plus tôt que prévu en raison de ces menaces. "Nous continuerons à évacuer autant de personnes que possible jusqu'à la fin de la mission", avait-il tweeté. "Les opérations d'évacuation de Kaboul ne vont pas prendre fin dans 36 heures", assurait-il.
Les opérations d'évacuation vont continuer malgré les attentats "barbares" intervenus devant l'aéroport de Kaboul, a aussi annoncé le Premier ministre britannique Boris Johnson. De son côté, Emmanuel Macron a indiqué que la France allait tenter d'évacuer encore "plusieurs centaines" d'Afghans de Kaboul, ajoutant que Paris faisait "le maximum" pour y arriver, mais sans garantie en raison de la situation sécuritaire "extrêmement tendue" à l'aéroport.
Les soldats américains, qui sécurisent l'aéroport de la capitale afghane, doivent avoir quitté l'Afghanistan d'ici mardi 31 août, date butoir de leur retrait total fixée et confirmée par le président Joe Biden. Le retrait, pour être achevé à ce moment-là, devra commencer avant, rendant plus complexes les évacuations d'étrangers et d'Afghans considérés en danger depuis la prise du pouvoir par les talibans mi-août.
Le rythme des départs, qui n'avait cessé de s'accélérer ces derniers jours, a commencé à ralentir. Selon un bilan de la Maison Blanche jeudi matin, 13.400 personnes ont été évacuées au cours des 24 dernières heures (5.100 à bord de 17 avions militaires américains et 8.300 sur 74 avions de la coalition). Depuis le début du pont aérien le 14 août, les États-Unis ont contribué à l'évacuation d'environ 95.700 personnes.
De nombreux pays alliés des États-Unis ont annoncé la fin imminente de leurs propres opérations. Certains, comme le Canada, ont déjà cessé leurs évacuations.
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