« Les accords de partenariat économique, ce n’est pas nous qui les avons voulus. C’est obligatoirement la conséquence d’une décision de l’Organisation mondiale du Commerce (Omc). Et nous essayons de faire en sorte que nos amis africains soient placés dans des conditions aussi bonnes que celles qu’ils connaissent aujourd’hui », a déclaré Louis Michel. Ce dernier explique ne pas comprendre les sorties de Me Wade qu’il présente comme un « vieil ami ». « Quand j’entends Monsieur Wade, je ne retrouve pas du tout les arguments que j’ai en ma possession pour juger des Accords de partenariat économique (Ape). Pour lui, les prises de position de Me Wade sur les Ape ne s’expliquent pas parce que « son pays (le Sénégal) n’est pas directement concerné car il a un accès total à nos marchés. J’ai l’impression que c’est simplement un débat politique », dit-il. Dénonçant dans la même lancée la méthode de Wade qui utiliserait « l’incantation sémantique pour dénoncer une sorte de complot imaginaire ».
Le commissaire européen au Développement nie aussi tout forcing dans le sens d’imposer des accords forcés à l’Afrique en s’adressant séparément aux pays pour contourner l’Union africaine. « Au départ, nous avons initié des négociations pour réaliser des Ape avec l’entièreté d’une région. C’est que dans une même région, vous avez deux types de pays. Les pays à revenus très bas, les plus pauvres qui, Accords de partenariat ou non, sont couverts par ce qu’on appelle « tout sauf les armes ». C’est-à-dire tous leurs produits sauf leurs armes peuvent arriver sur nos marchés. Il y a une ouverture totale sans quota, sans limitation. Le problème, dit-il, c’est que « les pays les plus pauvres ne voient pas un intérêt immédiat dans les Accords de partenariat économique. Par contre les pays à moyen revenu, il faut avec eux, qu’on négocie pour éviter qu’ils ne se trouvent dans une situation catastrophique en terme d’accès au marché », avance-t-il.
Mais devant le refus de certains pays à signer les accords proposés par l’Union européenne, Louis Michel explique que « nous avons voulu parer au plus pressé en faisant des accords intérimaires qui sont des mesures de sauvegarde de ces pays africains », en attendant d’en "rediscuter l’année prochaine". Pour lui, il est impératif de signer des accords provisoires. « Il faut que nous ayons des accords intégrés avec les pays qui sont directement exposés à un changement de régime car il est impensable de laisser des pays à revenus modérés dans une situation aussi catastrophique »
Pour preuve, il cite la Côte d’Ivoire dont l’économie serait menacée en cas de non-signature. « S’il n y a pas d’accord d’ici la fin de l’année, par exemple avec la Côte d’Ivoire, ce pays va perdre 700 millions d’Euros de chiffres d’affaires dans les échanges commerciales. Ce qui est pour lui une catastrophe pour ce pays. Et pas seulement pour la Côte d’Ivoire mais aussi par rayonnement pour toute la région ».
Louis Michel explique par ailleurs que l’Europe a fait des efforts. « Quand on dit à nos amis africains que vous allez avoir cent pour cent accès au marché sans limitation, c’est qu’on a fait quelque chose… » Il ajoute aussi que « nous avons prévu de doubler les fonds régionaux pour éventuellement composer la perte fiscale née de la suppression tarifaire ».
0 Commentaires
Participer à la Discussion