Le gouvernement et les élus locaux ont multiplié mercredi les appels au calme après une nuit de violences dans plusieurs quartiers de Nantes (Loire-Atlantique), à la suite de la mort d’un jeune conducteur à un contrôle routier. Selon des sources policières, le jeune homme, âgé de 22 ans et connu des services de police, a refusé d’obtempérer à ce contrôle dans le quartier du Breil et heurté en marche arrière un policier qui protégeait deux enfants de cette manoeuvre.
Un CRS a alors ouvert le feu sur le jeune homme, le blessant à la carotide, précise la police. Il a succombé un peu plus tard à ses blessures à l’hôpital où il avait été transporté. Une version contestée, cependant, par des habitants du quartier interrogés par des chaînes de télévision, selon lesquels la voiture n’a pas touché le premier policier, le deuxième CRS a tiré sans sommation et les secours ont tardé. Une centaine de personnes ont alors attaqué les forces de l’ordre à coups de projectiles et de cocktails Molotov.
Des locaux et des voitures ont été incendiés, des barricades dressées, des commerces et des caméras de surveillance dégradés. Ces violences se sont ensuite propagées à deux quartiers voisins, Malakoff et Les Dervallières, précise la police. Au total, selon la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, une trentaine de véhicules ont été incendiées, ainsi que plusieurs bâtiments, dont la mairie annexe des Dervallières et les centres commerciaux du Breil et des Dervallières. Le calme est revenu vers 3h00 du matin à la suite de l’envoi de renforts de police et de gendarmerie.
DEUX ENQUÊTES
L’Inspection générale de la police nationale, saisie par le procureur de Nantes, a ouvert une enquête sur les circonstances qui ont conduit au décès du jeune automobiliste. La sûreté départementale enquête pour sa part sur les violences urbaines. “J’appelle la population au calme et à la responsabilité”, a déclaré Nicole Klein dans un communiqué. “Il appartient désormais à la justice de faire toute la lumière, en toute indépendance, sur cet événement.”
“J’appelle absolument au calme puisque l’Etat de droit sera pleinement respecté”, a renchéri la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, interrogée sur RTL. Le ministre de l’Intérieur a condamné ces violences et ces dégradations et annoncé dans un communiqué qu’il s’associait aux appels au calme des élus et responsables locaux. Selon ce communiqué, Gérard Collomb a garanti à la maire de Nantes, Johanna Rolland, “que tous les moyens nécessaires” seraient mobilisés “le temps qu’il faudra” pour apaiser la situation et prévenir de nouveaux incidents.
Le ministère de l’Intérieur rappelle que le secteur faisait l’objet d’un dispositif de sécurisation renforcé avec l’appui de CRS depuis des agressions violentes impliquant des habitants du quartier de Breil le 28 juin. Malakoff et les Dervallières sont par ailleurs des quartiers dits de “reconquête républicaine” dans le cadre du déploiement de la “police de sécurité du quotidien”, ajoute le ministère.
Guillaume Frouin, avec Emmanuel Jarry à Paris, édité par Yves Clarisse
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