
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a reproché mercredi à Paris
d'avoir appelé à "envahir" le Nord du Mali, assurant que cela risquait
d'aboutir à "la mort des otages" français et à "davantage de malheurs"
pour la France, dans un message publié sur un site mauritanien.
Dans ce message adressé aux familles des quatre otages enlevés en 2010 à
Arlit au Niger, Aqmi reproche au gouvernement français d'avoir
"l'outrecuidance d'appeler à envahir le pays des musulmans maliens".
"Cette initiative folle n'aura pas seulement pour conséquence la mort
des otages, mais noiera la France tout entière dans les marécages de
l'Azawad (Nord du Mali), ce qui aura pour conséquence pour elle et pour
son peuple davantage de malheurs et de drames", menace l'organisation.
Les trois régions administratives du nord du Mali - Tombouctou, Gao et
Kidal - sont occupées depuis plus de cinq mois par différents groupes
alliés d'Aqmi, qui multiplient les exactions en prétendant imposer la
charia (loi islamique).
Avant de se faire menaçante, la diatribe
en arabe commence toutefois par une proposition de négociations. Pour
la première fois, Aqmi s'adresse directement aux familles des quatre
Français - salariés du groupe nucléaire français Areva et de
sous-traitant Satom - qu'elle retient en otages depuis deux ans. "Nous
annonçons, via ce communiqué, notre disponibilité aux négociations",
affirment les islamistes, qui ajoutent : "c'est le gouvernement français
qui a fermé la porte aux négociations et continue de mettre en danger
la vie de vos fils".
"Nous attendons de votre gouvernement qu'il
fasse le premier pas, juste en prenant contact avec nous, afin de
pouvoir tenir ses dernières promesses et assurances aux familles", dit
encore l'organisation.
Contactées par l'AFP, les familles des
otages n'ont pas souhaité "réagir à chaud", selon leur porte-parole,
Mireille Blain. "J'attends", a simplement dit René Robert, grand-père de
l'otage Pierre Legrand. Ces familles avaient été reçues le 13 septembre
par le président François Hollande qui leur avait assuré que "tout
était fait avec la plus grande détermination" pour obtenir la libération
des otages enlevés au Niger, de même que celle de deux autres Français
enlevés au Mali fin 2011, également aux mains d'Aqmi.
Le message
d'Aqmi est publié par le site mauritanien Saharamedias, généralement
très bien informé sur les activités des groupes islamistes armés au
Mali, et qui a dit à l'AFP avoir "authentifié" le message auprès de ses
réseaux. Saharamedias avait mis en ligne le 8 septembre une vidéo datée
du 29 août, nouvelle preuve de vie des Français enlevés au Niger.
Chacun
d'eux demandait de faire le "maximum pour prendre contact avec
Al-Qaïda". La vidéo contenait aussi une allusion à une demande de
rançon, un des otages évoquant "peut-être un prix fort à payer".
Premier ministre malien à Paris
Le sort des otages dépendrait de l'Algérien Abou Zeid, l'un des chefs
les plus redoutés d'Aqmi, considéré comme responsable de la mort de deux
otages occidentaux. "Nous avions pensé que le nouveau pouvoir français
était plus sage que l'ancien et serait plus soucieux de la vie des
citoyens français" et qu'il traiterait "les vraies causes qui ont fait
que nos combattants ont pris pour cible les citoyens français", affirme
encore le signataire du texte, Salah Abou Mohamed, "responsable à
l'information d'Aqmi".
Ces menaces sont adressées à Paris au
moment où l'Afrique de l'Ouest étudie les conditions d'un déploiement
d'une force africaine au Mali, pour aider l'armée malienne à reconquérir
le Nord. Fin août, François Hollande avait annoncé que la France
appuierait "logistiquement cette intervention" si elle était organisée
"dans le cadre de la légalité internationale".
Le Premier
ministre malien Cheikh Modibo Diarra est actuellement en visite à Paris
où il doit s'entretenir jeudi avec le chef de la diplomatie française.
Cheikh Modibo Diarra a affirmé mercredi à l'AFP que le temps "pressait"
pour une intervention, réclamant "beaucoup plus de fermeté" de la part
de la communauté internationale. Mais "la question des otages pourrait
gêner la France, ce serait légitime", a-t-il relevé.
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