Barack Obama ferait-il des émules jusqu’en Arabie saoudite ? Pour la première fois, un Noir, fils d’immigrants pauvres, a été nommé imam de la Grande Mosquée de La Mecque, au centre de laquelle se trouve la Sainte Kaaba. Pour Cheikh Adil Kalbani, c’est un immense honneur… mais pas tout à fait une surprise.
Dans un entretien accordé au New York Times, le 10 avril, il raconte avoir rêvé de cette nomination il y a deux ans. À son réveil, loin d’y voir une prémonition, il s’était accusé d’avoir fait preuve d’une grande vanité.
À 49 ans, Kalbani n’est pourtant pas un novice : il a été pendant plus de vingt ans l’imam de la mosquée de Riyad. L’homme à la célèbre voix de baryton aurait officiellement été choisi pour ses qualités de prêcheur. Mais, comme il le reconnaît lui-même, sa désignation est – aussi – éminemment politique : « Le roi fait comprendre à tout le monde qu’il entend gouverner son pays comme une seule nation, sans racisme ni ségrégation. » Car si « de nombreuses personnalités noires ont fait l’histoire de l’islam », les postes les plus honorifiques sont habituellement réservés aux Arabes de souche.
Lecteur assidu d’Al Watan, un journal progressiste, Cheikh Kalbani appartient au camp des modernistes. À l’instar du roi Abdallah, il estime nécessaire de réduire l’influence des ultraconservateurs pour mieux moderniser l’appareil judiciaire et éducatif de l’Arabie. Pour celui que la presse surnomme déjà l’« Obama saoudien », « tout individu, quelle que soit la couleur de sa peau ou son origine, doit pouvoir accéder aux postes les plus élevés, pour son bien et celui de son pays ».
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