GENEVE - Titulaire d’un permis de résidence permanente en Suisse (Permis-C), la Sénégalaise Fatou Diop, qui a grandi à Genève, ne savait pas qu’en travaillant au bar répondant au nom évocateur de Good Time, depuis un mois et demi seulement, elle allait y trouver la mort de manière aussi atroce. Blessée grièvement le mardi 15 septembre 2009, vers 23 h, par un client britannique, Fatou, la serveuse sénégalaise âgée de 34 ans, est décédée à l’Hôpital cantonal de Genève. Une émigrée sans histoires perd ainsi la vie pour son empathie. ‘Elle était toujours prête à aider’, nous confie sa patronne.
L’assassin de Fatou est un Britannique éméché répondant au prénom de Jef. Après avoir fini de consommer, il n’a pas voulu payer sa note salée de 300 FCH (soit 120 000 F Cfa). Alors, la patronne décide de fermer le bar, Jef s’y trouvait encore. La Police arrive plus tard et contraint le client à payer. Il est ensuite conduit au poste de police, mais sera vite relâché sans passer par la cellule de dégrisement. Mais plutôt que de rentrer chez lui en vue de cuver tranquillement sa cuite, le Britannique âgé de 57 ans qui en voulait à la patronne du bar Good Time, la Nigériane Laurène (de son vrai nom Cynthia), est revenu sur ses pas. Serviable, Fatou Diop intervient auprès de lui en vue de le calmer. Mais c’est ce qu’il ne fallait pas faire. Puisque Jef en fera sa cible. C’est ainsi qu’il a sorti de sa poche un revolver de calibre 357 Magnum et a tiré une balle dans la tête de notre compatriote. Celle-ci s’affaisse, baignant dans son sang. Quand les personnes présentes dans le bar se sont portées à son secours, ‘elle avait la tête éclatée, mais son cœur battait’, nous confie sa patronne. Et c’est dans ces conditions qu’elle sera acheminée en ce soir du 15 septembre 2009 à l’Hôpital cantonal de Genève.
Les confidences de Mme la Juge d’instruction
Jointe par téléphone, la juge d’instruction, Mme Gaëlle Van Hove en charge du dossier, nous informera : ‘J’ai inculpé le Monsieur (le Britannique Jef, Ndlr) de meurtre, voire d’assassinat. Mais l’enquête d’instruction qui sera ouverte, va prendre plusieurs mois. Je dois réentendre le Monsieur. Il y aura des expertises médico-légales. Les avocats doivent aussi prendre connaissance du dossier. Ensuite, le dossier sera communiqué au Parquet au niveau du Procureur général. L’affaire ira en Cour d’assises, mais ce ne sera pas d’ici à une année. Il faut établir les faits.’ Autre précision de la juge d’instruction en charge du dossier : ‘Selon l’article 112 du Code pénal suisse, il risque pour le meurtre 5 à 20 ans de prison et pour l’assassinat entre 10 ans et la perpétuité. L’assassinat donc constitue une infraction plus grave. Cela aggrave la peine. C’est pourquoi, il faut se donner le temps’. A la question de savoir si les parents de la défunte peuvent prendre la dépouille mortelle de leur fille, elle a précisé ‘qu’une autopsie est actuellement en cours’.
Mme Gaëlle Van Hove nous a confirmé par ailleurs, ce que les journaux suisses ont totalement ignoré : la gérante du bar avait bel et bien fait appel à la police genèvoise. Un premier appel a eu lieu vers 21 h. Selon la gérante du bar, Laurène, ‘la Police a dit que ce n’était pas une urgence’. En ce moment précis, éméché, le Britannique ne voulait pas payer sa note. Alors, la patronne décide de fermer le bar, Jef s’y trouvait encore. La Police arrive plus tard et contraint le client à payer. Il est conduit au poste de police, mais sera vite relâché. Pourquoi ne l’a-t-on pas mis en cellule de dégrisement comme c’est souvent le cas ? Laurène nous dira : ‘Je me sens trahie par la police’. Mais pour le juge d’instruction Gaëlle Van Hove, on ne peut pas reprocher à la police de n’avoir correctement agi. ‘Il n’y a pas eu d’erreur de la part de la police’, a-t-elle souligné. Pourtant, elle confirme que le meurtre de Fatou Diop ‘était fortement alcoolisé. Mais il n’était pas armé et n’était pas connu des services de la Police’. Elle se demande par ailleurs : ‘Peut-on mettre tout le monde en cellule de dégrisement ?’. Ce qui est sûr, c’est qu’il a tiré sur sa victime ‘aux alentours de 23 h’, avance Mme Van Hove.
Hier matin, au cours de sa première audition, Jef s’est confié à Mme la Juge, qui nous l’a révélé dans une voix qui ne cache pas son émotion : ‘Il m’a dit qu’il ne voulait pas tuer la jeune fille, mais il se souvient de l’avoir fait’. L’inculpé qui a reconnu les faits qui lui sont reprochés, ‘avait obtenu un permis d'acquisition d'une arme en 1987 et était, depuis lors, propriétaire du revolver de calibre Magnum 357 utilisé le 15 septembre dernier. Il n'était, en revanche, pas bénéficiaire d'un permis de port d'armes’, souligne un communiqué de la justice genévoise.
El Hadji Gorgui Wade NDOYE (ContinentPremier.Com)
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