Alors que le président brésilien Jair Bolsonaro ne cesse de pointer du doigt le système de vote électronique et de crier, sans preuve, à la fraude électorale, le Tribunal supérieur électoral du pays a décidé lundi d'ouvrir une enquête.
Le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil a décidé lundi 2 août d'enquêter sur le président Jair Bolsonaro pour ses attaques constantes et sans preuves sur la légitimité du système de vote électronique, en place depuis 1996.
La haute juridiction électorale a également accepté de demander au Tribunal fédéral suprême (STF) d'enquêter sur le leader d'extrême droite pour avoir propagé de fausses nouvelles sur les élections lors d'une diffusion en direct sur Facebook jeudi dernier : pendant plus de deux heures, il s'était dit convaincu qu'il y avait eu des fraudes lors des deux dernières élections présidentielles.
L'enquête du TSE déterminera si le président Bolsonaro a commis des délits "d'abus de pouvoir économique et politique, d'utilisation abusive des médias, de corruption, de fraude, de veto d'agents publics et de propagande extemporanée dans ses attaques contre le système de vote électronique et la légitimité des élections générales de 2022".
Manifestations pour un bulletin de vote imprimé
Le chef de l'État, qui cherche à se faire réélire, ne défend pas un retour au vote par bulletins en papier, mais l'impression d'un reçu par l'urne électronique pour que chaque suffrage puisse être recompté en cas de contestation.
Ce discours trouve un écho auprès d'une partie de son électorat. Ce dimanche, des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du Brésil, dont Sao Paulo, Rio de Janeiro et Brasilia, en faveur du bulletin de vote imprimé.
Ciblé pour sa gestion chaotique de la pandémie et par une enquête préliminaire pour "prévarication" l'accusant d'avoir fermé les yeux sur des soupçons de corruption dans l'achat du vaccin Covaxin, le président n'a pas participé directement aux manifestations.
La même stratégie que Donald Trump
Il a cependant prononcé un discours par vidéoconférence dans lequel il a réaffirmé qu'il n'accepterait pas des élections qui ne seraient pas "propres et démocratiques". Il y a trois semaines, Jair Bolsonaro avait déjà suscité une levée de boucliers en semant le doute sur la réalisation du scrutin de 2022. "Ou nous faisons des élections propres au Brésil, ou il n'y aura pas d'élections", avait-il affirmé.
Il avait traité d'"imbécile" le président du TSE, Luis Roberto Barroso, qui estime au contraire que l'impression de reçus en papier pourrait exposer le vote "aux risques de manipulation du passé".
Selon des analystes consultés par l'AFP, en remettant en cause le système électoral, le leader d'extrême droite prépare le terrain pour contester le résultat en cas de défaite, comme l'a fait l'ancien président américain Donald Trump, dont le président Bolsonaro est un fervent admirateur.
Lundi matin, Luis Roberto Barroso et tous ses prédécesseurs depuis la promulgation de la constitution en 1988 ont signé un document garantissant la transparence et la sécurité du système de vote électronique.
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