
La Chine a lancé jeudi sa première sonde indépendante vers Mars. La mission Tianwen-1 (Questions au ciel-1) va déployer un petit robot téléguidé à la surface chargé d'explorer la planète pendant 90 jours.
Après les Émirats arabes unis lundi, la Chine. Le géant asiatique a lancé jeudi 23 juillet une sonde à destination de Mars et prévoit de déployer à sa surface un rover chargé d'explorer la planète pendant 90 jours.
L'engin a été propulsé par une fusée Longue-Marche 5 qui a décollé de la base de Wenchang, sur l'île chinoise de Hainan (sud). Les autorités doivent encore confirmer dans les prochaines heures la réussite du lancement.
La mission Tianwen-1 ("Questions au ciel-1") embarquera une sonde composée de trois éléments : un orbiteur d'observation (qui tournera autour de la planète rouge), un atterrisseur et un robot téléguidé (chargé d'analyser le sol martien).
La Chine n'est pas la seule à vouloir envoyer une sonde vers Mars cette année. Les Émirats arabes unis ont propulsé la leur ("Espoir") lundi et les États-Unis en lanceront une ("Mars 2020") le 30 juillet.
En cas de réussite, le lancement donnerait un regain de prestige à Pékin face à Washington, qui vient d'ordonner la fermeture du consulat de Chine à Houston, dernier avatar de l'intense rivalité entre les deux géants du Pacifique.
Une période propice aux voyages vers Mars
Les puissances spatiales profitent de l'actuelle distance réduite entre la Terre et la planète rouge. Une distance qui est tout de même d'environ 55 millions de kilomètres – l'équivalent de près de 5 000 allers-retours Paris-New York. Pour parcourir ce long trajet, il faudra environ sept mois à la sonde chinoise, qui doit arriver en février 2021 dans le champ de gravité de Mars.
Tianwen-1 est "similaire aux missions américaines Viking des années 1975-1976" en termes "d'échelle et d'ambition", déclare à l'AFP Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l'astrophysique, aux États-Unis.
"Je ne m'attends pas à ce qu'elle fasse quelque chose de significatif par rapport aux réalisations américaines", souligne-t-il, en référence aux multiples sondes et robots envoyés sur Mars par la Nasa.
La Chine veut rattraper son retard
Longtemps à l'écart de la féroce compétition spatiale États-Unis-URSS durant la Guerre froide, le pays asiatique rattrape patiemment son retard.
Il a envoyé son premier homme dans l'espace en 2003, fait atterrir des petits robots (les "Lapins de jade") sur la Lune en 2013 et 2019, et vient d'achever en juin de mettre en place la constellation de satellites de son système de navigation Beidou – rival du GPS américain.
Sa mission martienne est la prochaine grande étape de son programme, qui prévoit également la construction d'ici 2022 d'une station spatiale.
"Le fait que la Chine se joigne (à la conquête de Mars) va changer la situation actuelle qui est dominée par les États-Unis depuis un demi-siècle", souligne Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois. "Du point de vue de l'ensemble de l'humanité, c'est quelque chose de positif."
De l'avis des experts, l'expérience de la Chine sur la Lune va beaucoup lui servir pour Mars. "Mais la distance beaucoup plus grande signifie (...) que l'on doit faire les choses plus lentement, car le temps de parcours aller-retour du signal radio est important", note Jonathan McDowell.
"Et l'on a besoin d'une station plus sensible sur Terre car les signaux seront beaucoup plus faibles", souligne-t-il, pointant également les risques de défaillance durant le voyage.
Un premier échec en 2011
De fait, sur la quarantaine de missions soviétiques, américaines, européennes, japonaise ou indienne lancées vers la planète rouge depuis 1960, la majorité se sont soldées par des échecs.
En 2011, la Chine avait déjà tenté de partir à la conquête de Mars avec sa sonde Yinghuo-1 ("Luciole-1") placée dans un vaisseau russe. Mais ce dernier avait connu une avarie.
"Tant que (la nouvelle sonde) atterrit en toute sécurité sur la surface martienne et renvoie la première image, Tianwen-1 sera déjà une réussite", estime Chen Lan.
Loin de fanfaronner, la Chine fait preuve de prudence après avoir enregistré quelques échecs depuis début 2020, avec des lancements ratés et le retour sur Terre manqué d'une capsule spatiale.
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