L’oeil de Moscou plane toujours sur le résultat de la présidentielle américaine. Selon des fuites parues dans la presse américaine ces derniers jours, le renseignement U.S. a ouvert une enquête contre quatre anciens et actuels collaborateurs de Donald Trump pour déterminer s’il y a eu des communications illégales entre la Russie et l’équipe du candidat pendant la campagne. 20 Minutes fait le point sur la situation.
Michael Flynn, conseiller de la Maison Blanche à la Sécurité nationale
Le conseiller de la Maison Blanche à la Sécurité nationale, Michael Flynn, lors d'un dîner à Moscou, à gauche de Vladimir Poutine, le 12 octobre 2015. - M.KLIMENTYEV
C’est le dernier nom qui a filtré dans la presse, lundi. Selon le Wall Street Journal et CNN, le FBI et d’autres agences du renseignement examinent des appels téléphoniques entre l’ancien général Michael Flynn, conseiller de Trump à la sécurité nationale, et l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, qui ont eu lieu fin décembre. Aucune irrégularité n’a pour le moment été constatée mais « la nature des conversations a suscité suffisamment d’inquiétudes » pour que les agents creusent davantage, indique CNN. Barack Obama a été briefé avant son départ.
La Russie a cultivé une relation avec Flynn pendant toute la campagne : ce dernier est intervenu plusieurs fois comme analyste pour Russia Today, la chaîne officielle du Kremlin. A plusieurs reprises, il s’est dit favorable à davantage de collaboration entre Moscou et Washington sur la scène internationale, notamment sur la situation en Syrie et pour combattre Daesh. En 2015, il a également participé à un dîner en présence de Vladimir Poutine.
Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne de Donald Trump
L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, le 6 septembre 2016. - M.ALTAFFER/SIPA
C’est le plus haut placé. En avril 2016, alors que sa campagne patine, Trump se sépare du sulfureux Corey Lewandowski et appelle à la rescousse le vétéran Paul Manafort. Mais cinq mois plus tard, l’ancien lobbyiste, qui a épaulé des candidats républicains depuis Reagan, et dont le nom avait été cité en France dans l’affaire Karachi, est à son tour remplacé par Kellyanne Conway. Manafort est en effet visé par une enquête anticorruption en Ukraine, où il a fait du lobbying pour l’ancien président pro-russe Victor Ianoukovitch, et il a vraisemblablement dû s’écarter pour ne pas menacer la campagne.
Selon le New York Times, les autorités américaines s’intéressent notamment à des transactions financières secrètes (12 millions de dollars payés en cash) dont aurait bénéficié Manafort en Ukraine entre 2007 et 2012. L’ancien lobbyiste a gardé un pied à terre sur place jusqu’à mai 2016. A ce stade, on ne sait pas si l’enquête s’intéresse à son rôle dans la campagne de Trump ou uniquement à ses précédentes activités.
Carter Page, l’ancien conseiller proche de Moscou
L'ancien conseiller de Donald Trump, Carter Page, lors d'une conférence organisée par l'agence de presse gouvernementale russe Sputnik, le 12 décembre 2016. - P.GOLVNIK/AP/SIPA
Cet ex-banquier de Wall Street a conseillé la campagne de Trump sur la diplomatie. Il a travaillé pendant trois ans en Russie dans les années 2000 et a conservé de nombreux contacts à Moscou, où il se rend régulièrement. Il affirme qu’il n’a « rien fait d’illégal ». Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, avait précisé mi-janvier que Donald Trump n’avait « jamais rencontré » Carter Page, minimisant le rôle de ce dernier.
Roger Stone, le proche de Julian Assange
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L'ancien conseiller de Donald Trump, Roger Stone, quitte la Trump Tower à New York, le 6 décembre 2016. - A.JONES/SIPA
Ami de longue date de Trump, Stone a fait du lobbying pendant des années aux côtés de Paul Manafort. Conseiller du candidat aux premiers jours de sa campagne, il a été viré (ou a claqué la porte, selon les versions) en août 2015, mais il a continué de soutenir activement Donald Trump.
Le premier octobre 2016, il avait notamment tweeté : « Mercredi, Hillary Clinton est finie, #WikiLeaks », quelques jours avant la publication par l’organisation de Julian Assange des emails piratés du directeur de campagne de Clinton, John Podesta.
Depuis, Stone a affirmé qu’un « ami en commun » avec Julian Assange l’avait informé que quelque chose de gros allait sortir, sans lui donner de détail. De manière plus étrange, Stone a récemment juré qu’il avait été gravement malade et pourrait avoir été empoisonné au polonium – l’agent chimique utilisé contre l’espion russe anti-Poutine Alexander Litvinenko en 2006. Le but ? Le faire taire alors qu’il a, affirme-t-il, des éléments prouvant que la Russie n’est pas derrière le piratage des emails du parti démocrate et de John Podesta.
Wednesday@HillaryClinton is done. #Wikileaks.
— Roger Stone (@RogerJStoneJr) 2 octobre 2016
Et maintenant ?
Les autorités américaines ont officiellement accusé la Russie d’avoir mené une opération pour « compromettre l’élection américaine » dans le but de faire élire Donald Trump. Reste une question à un milliard de dollars : l’équipe de Trump était-elle au courant ou pire, y a-t-il eu collusion avec Moscou? A ce stade, on l’ignore, et le président laissera l’enquête aller jusqu’au bout, a affirmé lundi le porte-parole de la Maison Blanche. Techniquement, il a l’autorité pour obliger le FBI à interrompre ses investigations, mais le dernier président à avoir tenté cela était un certain Richard Nixon lors de l’affaire du Watergate...
2 Commentaires
Anonyme
En Janvier, 2017 (22:59 PM)Latsabetcha
En Janvier, 2017 (11:01 AM)Participer à la Discussion