Les habitants des favelas de Rio sont descendus dans les rues dimanche 26 mai pour manifester contre les violences policières. Le nombre de personnes tuées par la police a augmenté de 18% en un an. Les manifestants dénoncent un génocide des habitants noirs et pauvres.
Avec notre correspondante à Rio de Janeiro,Sarah Cozzolino
« Arrêtez de nous tuer ! », crie une femme noire, une cible dessinée sur son t-shirt.
À travers des performances de danse, slam, théâtre, plusieurs collectifs sont venus représenter la souffrance quotidienne des habitants des favelas. On entend des enregistrements de tirs et les larmes coulent de long des joues des spectateurs.
A Rio, le nombre de personnes tuées par la police a augmenté de 18% en un an. Un record qui s’explique par la ligne sécuritaire du nouveau gouverneur de la ville. Il a récemment reconnu avoir recours à des snipers pour abattre des suspects dans les favelas.
Artur Viana a vingt ans, est noir, et habite le complexe de favelas de la Maré. « Je fais partie de cette catégorie des corps qui peuvent être tués selon notre modèle de sécurité publique actuelle, explique-t-il. J’ai conscience que mon corps est la cible de ces opérations policières et de ces violences. »
Il y a treize ans, Monica Cunha a perdu un fils de l’âge d’Artur, tué par des policiers. « Nous ne sommes pas la minorité, nous sommes la majorité et nous implorons qu’on nous laisse en vie. Nous aussi nous méritons de faire partie de cet État, un État que nous avons construit », clame-t-elle.
Nous sommes le long de la plage d’Ipanema, un des quartiers les plus riches de Rio. La députée socialiste Renata Souza est venue soutenir une manifestation qu’elle juge symbolique. « C’est la favela, la périphérie, qui vient dire à l’élite qu’on ne peut pas négliger les vies dans les favelas. Parce que tant que les favelas ne connaîtront pas la paix, alors la paix ne sera nulle part dans cette ville », rappelle-t-elle.
Présidente de la commission des droits de l’homme de l’État de Rio, la députée a récemment dénoncé les actions de la police civile auprès des Nations unies et de l’Organisation des États américains (OEA).
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