Le gouvernement brésilien avait déposé un recours devant le Tribunal fédéral suprême pour annuler la procédure de destitution qui menace Dilma Rousseff. C'était l'une des dernières cartes à jouer pour la présidente. Mais la justice a rejeté la requête, dans la nuit de jeudi à vendredi 15 avril. Le processus poursuit donc son cours. La Chambre des députés, où un vote-clé est prévu dimanche, doit se réunir ce vendredi 15 avril.
Avec notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard
Les juges du Tribunal fédéral suprême se sont réunis dans la soirée, jusque tard dans la nuit, et ont finalement confirmé la procédure d'impeachment en cours. Le ministre de la Justice, Jose Eduardo Cardozo, a ensuite pris la parole une nouvelle fois, pour critiquer la manière dont est conduit le procès. Qu'à cela ne tiennent : les débats ont duré plus de quatre heures, mais à l'arrivée, une séance plénière aura bien lieu ce vendredi à la Chambre des députés, la chambre basse du Congrès national.
Le vote de la Chambre est prévu pour dimanche, dans des circonstances exceptionnelles. Pour la deuxième fois en moins d'un quart de siècle, le Congrès national du Brésil va en effet voter une procédure de destitution. La dernière fois, c'était en 1992 contre le président Fernando Collor de Mello. Cette décision du Triubunal fédéral suprême est une sorte de camouflet pour le gouvernement, qui souhaitait retarder voire annuler la procédure de destitution en cours.
Comment va se comporter la Chambre des députés ?
Le vote de dimanche, à défaut d'être définitif, sera clé. Si les partisans de Dilma Rousseff parviennent à bloquer l’offensive de l’opposition, l’affaire sera réglée et Mme Rousseff restera présidente. Mais si au contraire, l’opposition parvient à rassembler une majorité des deux tiers en faveur de la destitution, le dossier continuera sa route et sera transmis au Sénat fédéral. Pour cela, il faut obtenir 342 voix sur 513.
Ce n'est pas forcément chose facile, mais au cours des dernières semaines, le grand mouvement centriste, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), a rompu avec Dilma Rousseff et le Parti des travailleurs (PT). Et depuis lors, plusieurs autres partis ont eux aussi adhéré à la solution de la destitution, ce qui place la présidente dans une position inconfortable, à un peu plus de 48 heures de ce vote crucial à la Chambre des députés.
Contexte de tension dans le pays à l'approche du jour J
L’ambiance au Brésil n'est pas encore totalement tendue à l’approche du scrutin, mais le risque existe. Des manifestations sont prévues dimanche dans plusieurs villes du pays. Les gens vont suivre le décompte des voix les unes après les autres. A Brasilia, la capitale fédérale, les manifestants pro et anti Dilma Rousseff vont être séparés par une barrière de deux mètres de haut, pour éviter les incidents.
Pendant ce temps, les ambassades de France et des Etats-Unis ont demandé à leurs ressortisants de rester à l’écart des manifestations. Car la fièvre politique risque de monter en flèche. Pour rappel, Dilma Rousseff est accusée d'avoir maquillé les comptes publics du pays pour favoriser sa réélection en 2014. Son prédécesseur et mentor, Lula da Silva, est inquiété par la justice dans l'affaire Petrobras et a rejoint le gouvernement.
Dilma Rousseff n'est pas directement incriminée. Lula est soupçonné mais n'est pas mis en examen, contrairement à ce qu'on a pu dire
Philippe Faucher, spécialiste du Brésil à l'université de Montréal
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