
Les Vingt-sept appellent le gouvernement britannique à «clarifier ses intentions dès que possible».
Tous les éléments de langage, préalablement négociés avec les Vingt-sept, étaient prêts depuis plusieurs jours à Bruxelles. Et les institutions européennes n'ont eu qu'à appuyer sur le bouton, mardi soir, pour faire partir les communiqués et les réactions, immédiatement après le vote aux Communes. Sans surprise, Theresa May essuie une lourde défaite, les députés rejetant par 432 voix contre 202 l'accord de Brexit négocié avec Bruxelles.
Jean-Claude Juncker, revenu spécialement de Strasbourg où le Parlement européen siège en plénière cette semaine, a pris acte «avec regret» du vote des Communes. Comme il l'avait fait ces derniers jours, le président de la Commission européenne a aussi défendu bec et ongle le deal accepté par la première ministre britannique le 14 novembre. Il y voit «un compromis équitable et le meilleur accord possible», «le seul moyen d'assurer un retrait ordonné du Royaume-Uni de l'Union européenne». Dans l'entourage du président du Conseil européen Donald Tusk, la tonalité était la même. D'un côté, la déception de voir le deal rejeté au Parlement britannique et, de l'autre, la volonté d'aboutir in fine à une ratification. «Les Vingt-sept resteront unis», affirmait également un porte-parole de Donald Tusk. De fait, il n'y a eu aucune voix discordante dans la soirée parmi les dirigeants européens ayant réagi. «L'accord est le meilleur possible et une sortie non ordonnée serait préjudiciable à l'UE», a ainsi écrit sur Twitter le premier ministre espagnol Pedro Sanchez. «C'est un jour amer pour l'Europe. Nous sommes prêts. Mais un Brexit dur est la pire de toutes les possibilités pour l'UE, mais surtout pour le Royaume-Uni», a estimé le ministre allemand des Finances Olaf Scholz.
La balle dans le camp des Britanniques
La défaite de May était attendue et tout était prêt à Bruxelles depuis plusieurs jours. «Nous compterons le nombre de morts ce soir à Londres», lâchait même mardi après-midi une source européenne. Reste que les Vingt-sept voient le précipice se rapprocher, le scénario d'une sortie sans accord prenant un peu plus de relief. Resté à Strasbourg, le négociateur en chef Michel Barnier avait ainsi une mine défaite après le vote. Au regard de la situation, Jean-Claude Juncker a affirmé que «la Commission européenne poursuivra son travail d'urgence pour aider l'UE à se préparer pleinement».
«On a été au bout de ce qu'on pouvait faire dans l'accord»
Emmanuel Macron
Que faire d'autre? A Bruxelles, on répète désormais que la balle est dans le camp des Britanniques. Jean-Claude Juncker a invité Londres à «clarifier ses intention dès que possible». «Maintenant, il est temps pour les Britanniques de nous dire quelles sont les prochaines étapes. De notre côté, nous resterons unis et déterminé à atteindre un accord», a répété, de son côté, Michel Barnier. Les Vingt-sept sont désormais suspendus à ce qui va se produire à Londres dans les prochains jours.
Depuis la Normandie, où il débattait mardi soir avec des maires ruraux, Emmanuel Macron a parié sur une demande de négociation et d'un report de la sortie de la part des Britanniques. Avant de fermer immédiatement la porte pour ce qui est de la renégociation de l'accord. «On a été au bout de ce qu'on pouvait faire dans l'accord et on ne va pas, pour essayer de régler un problème de politique intérieure britannique, ne pas défendre les intérêts des Européens», a souligné le président français. Concernant le report du Brexit fixé au 29 mars, l'idée fait son chemin à Bruxelles même s'il n'a pas été encore formellement étudiée par les Vingt-sept. L'idée selon laquelle le Royaume-Uni pourrait au final renoncer au Brexit fait aussi son chemin. «Si un accord est impossible et que personne ne veut d'une absence d'accord, alors qui aura le courage de dire quelle est la seule solution positive», a twitté Tusk. L'inquiétude grandit et les scénarios se multplient. «Personne ne sait ce qui va se passer», admet un source européenne.
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