Selon la télévision publique japonaise, l'ex-patron du groupe Renault-Nissan a indiqué à la justice n'avoir jamais eu l'intention de dissimuler des revenus. En France, Bruno Le Maire a indiqué ne pas croire à «la théorie du complot» contre Carlos Ghosn.
Nouvelle étape dans l'affaire qui secoue le Japon et la France et certains de leurs fleurons industriels. L'ex-patron du groupe Renault-Nissan Carlos Ghosn a nié aux enquêteurs toute dissimulation de revenus et les malversations dont il est accusé, a affirmé dimanche la chaîne de télévision publique japonaise NHK. Le Franco-Libano-Brésilien, qui est resté formellement PDG de Renault mais a été démis de ses fonctions chez Nissan, a été arrêté lundi à Tokyo et est depuis incarcéré.
Selon des sources non identifiées citées par NHK, Ghosn n'a pas fait usage de son droit à garder le silence auprès de la justice et a indiqué n'avoir jamais eu l'intention de dissimuler des revenus.
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Paris reste prudent, mais ne croit pas «à la théorie du complot»
De son côté, le gouvernement français, actionnaire de Renault, avance prudemment. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a indiqué que ni le gouvernement ni Renault n'ont obtenu d'informations officielles sur les charges pesant au Japon à l'encontre du bâtisseur de l'alliance Renault-Nissan. «Nous n'avons pas d'informations» sur ces charges, a indiqué M. Le Maire en demandant que le Japon ou Nissan fassent parvenir «rapidement» ces informations.
Une gouvernance a été mise en place chez Renault pour pallier à la mise en détention au Japon de M. Ghosn, mais celui-ci reste toujours PDG en titre de Renault. «Tant qu'il n'y a pas de charges tangibles», Carlos Ghosn ne sera pas démis, a répété Bruno Le Maire. Selon le ministre de l'Économie, la présidence de l'alliance Renault-Nissan restera à un Français malgré la crise. «Nous avons convenu avec mon homologue japonais (venu à Paris, cette semaine, ndlr) que les règles de gouvernance ne changent pas», a-t-il souligné. En revanche, pas de méfiance autour des intérêts japonais dans l'affaire, au moment où de grandes décisions pouvaient s'annoncer pour l'alliance Renault-Nissan: «je ne crois pas à la théorie du complot», selon laquelle cette crise serait la marque d'une défiance des Japonais vis-à-vis des Français au sein de l'Alliance, a ajouté Bruno Le Maire.
Renault lance un audit interne pour détecter toute fraude
«La nouvelle gouvernance de Renault a lancé un audit (...) à la fois sur les questions de rémunération et les questions d'abus de bien social, pour vérifier qu'il n'y a rien eu de difficile, de délicat que nous puissions trouver» chez le constructeur automobile français, a aussi déclaré Bruno Le Maire. L'audit, lancé avec le «plein accord du gouvernement» prendra «plusieurs jours».
Des hauts responsables de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi doivent se retrouver cette semaine aux Pays-Bas, l'un des sièges de cette alliance, lors de leur première réunion depuis l'arrestation de Ghosn. Une vidéo-conférence est prévue lors de cette réunion pour les hauts dirigeants qui ne pourront y assister physiquement, précise dimanche le quotidien Yomiuri Shimbun.
La réunion aux Pays-Bas était planifiée de longue date mais, à la suite des événements récents, le sort de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est susceptible d'y être discuté, ajoute le quotidien.
Carlos Ghosn accusé d'avoir dissimulé des revenus entre 2011 et 2015
Carlos Ghosn a été arrêté lundi dernier en même temps que son bras droit, l'Américain Greg Kelly. Il est soupçonné d'avoir dissimulé ses revenus de président du conseil d'administration de Nissan à hauteur de 5 milliards de yens entre juin 2011 et juin 2015. Il lui est reproché d'avoir fait la même chose pour les trois exercices comptables suivants, ont indiqué vendredi les quotidiens nippons Asahi Shimbun et Nikkei, soit un total de 8 milliards de yens, l'équivalent de plus de 62 millions d'euros de revenus dissimulés aux autorités financières japonaises. Celui qui a été révoqué jeudi de la présidence du conseil d'administration de Nissan est également suspecté de ne pas avoir déclaré un bonus de plus de 30 millions d'euros lié à des plus-values dégagées sur les actions, selon Nikkei.
L'agence de presse Kyodo a de son côté affirmé que Nissan avait payé la soeur de Carlos Ghosn 100.000 dollars (87.900 euros) par an depuis 2002 pour une mission de conseil fictive. Greg Kelly a lui aussi nié les allégations dont Carlos Ghosn fait l'objet, indiquant que les salaires de ce dernier avaient été versés comme il se devait, selon des informations de médias japonais publiées dimanche.
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Senegraal
En Novembre, 2018 (18:33 PM)Participer à la Discussion