Si les violences policières et la répression de l'État espagnol indignent à raison la communauté internationale, il convient d'analyser les "preuves" de ces exactions avec prudence et discernement. De nombreux témoignages des violences de la Guardia Civil espagnole en Catalogne ont été publiés sur les réseaux sociaux ce dimanche sous la forme de vidéos ou de photos.
Ces dénonciations continuent d'ailleurs à affluer cette semaine mais, attention, ces "pièces à conviction" ne sont pas toujours authentiques ou du moins pertinentes. Ainsi, différentes méthodes sont appliquées pour alimenter la désinformation et grossir le trait d'un conflit qui n'en a pas besoin tant les preuves formelles existent déjà en abondance. Comme le décryptent Les Décodeurs (Le Monde), certaines images ou documents vidéo n'ont rien à voir avec les incidents liés à l'organisation du référendum indépendantiste catalan.
Voici trois exemples.
1) Cette séquence (voir ci-dessous) prétend dénoncer l'agression d'un membre de la Guardia Civil sur un électeur, or il s'agit d'une manifestation contre l'austérité organisée à Tarragone (Catalogne) le 14 novembre 2012. Détail important: il ne s'agit pas d'un policier de la Guardia Civil (État espagnol) mais de membres des Mossos d'Esquadra (police catalane).
2) Cette publication Facebook montre l'intervention d'un policier sur une personne visiblement handicapée et en profite pour condamner avec virulence l'attitude des forces de l'ordre. Malheureusement, aussi indéfendable soit-il, l'assaut du policier date de 2011 et d'une manifestation des "indignés" catalans.
3) Ce tweet partagé 13.000 fois et approuvé 12.000 fois est un photo-montage. Un drapeau catalan y a été ajouté pour lui accorder une dimension symbolique encore plus forte. Voici la photo originale et elle n'avait nullement besoin d'un trucage.
Et là réside le paradoxe de l'intox ici présente: la répression policière orchestrée par Madrid à Barcelone s'est avérée suffisamment grave et déplorable pour avoir à subir les conséquences négatives de "fake news" sur les réseaux sociaux. Des documents qui prennent dès lors le risque de faire passer ces violences pour de la désinformation...
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