
Dassault, Thalès, KNDS… : l’industrie française de défense pourrait tirer son épingle du jeu à l’heure d’investissements accrus des Européens dans le domaine militaire… à condition d’être rapide.
Emmanuel Macron a appelé, dans son allocution mercredi 5 mars, à accroître les investissements militaires en Europe face à la menace de la Russie (photo d’illustration sur le porte-avions Charles-de-Gaulle en décembre 2022)
ARMEMENT - Une prise de conscience de plus. Les relations entre les États-Unis et l’Europe crépitent depuis le retour de Donald Trump, avec un nouveau palier franchi depuis son clash avec Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale. Un électrochoc poussant Ursula von der Leyen à présenter un plan pour « réarmer l’Europe » adopté par les dirigeants de l’UE lors d’un sommet excpetionel à Bruxelles ce jeudi 6 mars. « Quoi qu’il advienne, il nous faut nous équiper », a abondé Emmanuel Macron lors d’une allocution aux Français mercredi.
« Défense européenne souveraine », « réappropriation » de la sécurité du continent… Une bonne nouvelle pour les les géants de l’industrie de défense européens, et pour les fleurons bleu-blanc-rouge. Dassault Aviation, Thales, MBDA, Airbus, Naval Group, NKDS, Arquus, Safran... Avec un parterre de PME sous-traitantes, ces groupes font de la France le deuxième pays exportateur d’armement au monde. Un écosystème qui a tout à gagner d’une augmentation des bugdets en Europe… à condition d’être assez rapide.
« Il faut montrer nos arguments face à Trump et je crois qu’en France, on a montré qu’on savait faire une défense sans forcément, systématiquement, acheter aux Américains », a réagi ce jeudi Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, au micro de Boursorama, soulignant toutefois qu’il fallait désormais que les autres pays orientent leurs dépenses pour la défense et de préférence vers l’Europe.
« Les acheteurs veulent leurs commandes rapidement »
Mais encore faut-il que les entreprises puissent répondre à cette nouvelle demande. « Ceux qui pourront tirer parti de la situation sont ceux qui pourront livrer très vite. Vu la situation actuelle, les acheteurs veulent leurs commandes rapidement, pas dans quatre, six ou sept ans. Ceux qui ont une capacité de production élevée auront plus de chance d’être choisis », explique auprès du HuffPost
Florent de Saint-Victor, consultant spécialiste des questions de défense.
Ainsi, Dassault, géant de l’armement français qui produit notamment des avions de chasse, bénéficiera difficilement de l’accent mis par les Européens sur la défence, du moins à court terme. Avec un carnet de commandes à honorer plein à craquer et ce sur plusieurs années, difficile d’être en première ligne pour fournir des appareils, qui sont eux-mêmes longs à fabriquer.
« Pour un sous-marin, il peut se passer entre deux et trois ans entre le début d’une commande et la capacité à l’honorer », Florent de Saint-Victor, consultant spécialiste des questions de défense.
Idem pour l’autre mastodonte du domaine, Thales. Celui-ci fournit des systèmes de transmission et d’information – radios, communications satellitaires, radars... Des produits moins imposants, mais « très technologiques et très complexes, donc cela demande du temps à produire », souligne Florent de Saint-Victor. Toutefois, il précise qu’un effort pour augmenter les cadences et les capacités de production a été opéré. Thales pourrait donc être en capacité de fournir l’Europe, « même si cela ne se fera évidemment pas en un claquement de doigts », précise le spécialiste.
Airbus, qui fournit hélicoptères et avions de transport comme les A400M, a également un carnet de commandes très chargé. « Jusqu’en 2027 ou 2028, ça risque d’être compliqué pour eux » de répondre à l’appel d’Emmanuel Macron et des Européens, poursuit l’expert. Même son de cloche Naval Group, qui produit les sous-marins et bateaux. « C’est encore plus complexe à construire, pour avoir un ordre d’idée, il peut se passer entre deux et trois ans entre le début d’une commande et la capacité à l’honorer. »
« Il faudra convaincre les Européens de miser sur la France »
D’autres entreprises du domaine pourraient en revanche saisir rapidement la balle au bond, comme MBDA, qui produit des missiles, notamment pour intercepter des drones. Ou KNDS (anciennement Nexter) avec ses canons et munitions (obus et plus petits calibres). La France compte aussi parmi ses fleurons Arquus, qui produit des véhicules terrestres blindés et des moyens logistiques, et évidemment Safran dont la gamme de produits reste très large.
Les autres acteurs qui pourront tirer leur épingle de jeu sont les 2 000 à 3 000 sociétés ou sous-traitants dans le domaine. « Certains peuvent livrer très vite, comme les dronistes ou ceux qui font des munitions volantes. Ça va beaucoup plus vite à construire qu’un sous-marin », souligne Florent de Saint-Victor.
Mais pour les géants bleu-blanc-rouge comme pour les PME, la concurrence sera rude. « Dans l’urgence de la situation, tout le monde va être sollicité. Nous ne sommes pas les seuls à fabriquer ce que l’on fabrique, mais il faudra convaincre les Européens de miser sur la France », conclut l’expert. Sur les starting-blocks, les géants et moins grands sont prêts pour la course à l’armement.
2 Commentaires
Karim-usa
il y a 2 jours (04:13 AM)Jeje
il y a 1 jour (19:09 PM)Zrdessssxxkkkknssssc
il y a 2 jours (04:16 AM)le marbre va bientot augmenter de prix en europe si nous n'arretons pas cette guerre.
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