L'impasse perdurait lundi au sommet extraordinaire de Bruxelles, où les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne cherchaient toujours un compromis sur les nominations aux plus hautes fonctions. Un des scénarios discutés après le petit déjeuner voyait le libéral Charles Michel à la tête de la diplomatie européenne et une Commission dirigée par le socialiste Frans Timmermans. Mais les obstacles restaient nombreux.
Le coup de couteau porté dimanche par le Parti populaire européen (PPE) à un projet de solution soutenu par la France, l'Allemagne, l'Espagne et les Pays-Bas, qui reléguait le candidat principal du PPE, l'Allemand Manfred Weber, au profit de son rival socialiste, le Néerlandais Frans Timmermans, pour la présidence de la Commission européenne, faisait toujours sentir ses effets après une nuit blanche de négociations.
Le groupe de Visegrad ne veut pas de Timmermans
Le nom de M. Timmermans est en outre rejeté par les pays de l'Est formant le groupe dit de Visegrad (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie) ainsi que par l'Italie, mais sa candidature restait bien vivante lundi matin pour succéder à Jean-Claude Juncker dès lors que ces pays ne sont pas en nombre pour former une minorité de blocage.Mais le Conseil osera-t-il se départir du consensus pour aller à la confrontation par votes sur une nomination aussi sensible ?
Charles Michel au Conseil ou à la diplomatie?
Parmi les multiples scénarios évoqués, contredits ou ressuscités au cours des dernières heures, certains continuaient de voir le Premier ministre belge Charles Michel à la tête du Conseil européen. Mais un autre évoqué plus récemment encore par un diplomate européen le place plutôt à la tête de la diplomatie européenne (Service européen pour l'action extérieure), un poste actuellement occupé par l'Italienne Federica Mogherini. M. Michel serait en concurrence avec la libérale danoise Margrethe Verstager mais tiendrait la corde. La première vice-présidence de la Commission serait aussi dans la balance entre les deux libéraux.
Guy Verhofstadt cité à la présidence du PE
Dans ce dernier scénario, M. Timmermans aurait bien la Commission, la Bulgare Kristalina Georgieva (directrice générale de la Banque mondiale, apparentée PPE) le Conseil, et Manfred Weber (PPE) la présidence du Parlement, éventuellement scindée pour un demi-mandat avec les libéraux. A cet égard, le nom d'un autre Belge, l'ex-Premier ministre Guy Verhofstadt, restait cité.
Mais rien n'indiquait que le PPE se satisferait d'une telle répartition, ni qu'elle rencontrerait à suffisance les critères d'équilibre géographique (nord-sud, est-ouest) ou hommes-femmes. La Pologne, en particulier, continuait de rejeter avec virulence la perspective de voir à la tête de l'exécutif européen Frans Timmermans, qui a, durant son mandat de vice-président de la Commission, déclenché contre elle une procédure inédite de préservation de l'État de droit.
Vers un nouveau sommet à la mi-juillet?
Les pourparlers continuaient en milieu de matinée et la possibilité d'un nouvel échec persistait, auquel cas un nouveau sommet pourrait être convoqué à la mi-juillet. Mais dans ce cas, les eurodéputés pourraient ne pas attendre le Conseil. Leur séance d'installation, qui s'ouvre ce mardi à Strasbourg, a programmé l'élection du président de l'assemblée dès mercredi matin. Et le président sortant, Antonio Tajani, a déjà prévenu: cette élection est "complètement indépendante" de la décision du Conseil. "Nous avons l'intention de procéder à cette élection ce mercredi, quelle que soit l'intention du Conseil."
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