
Depuis, chaque année à Hong Kong, des foules immenses commémorent la sanglante intervention de l'armée chinoise. Cette année, pour la première fois en trois décennies, la veillée à Hong Kong n'a pas été autorisée par la police. Celle-ci a invoqué les risques liés au Covid-19, les rassemblements de plus de huit personnes restant interdits. Mais cela n'a pas détourné les foules pour autant.
Une centaine de manifestants est entrée jeudi soir dans un parc du centre de Hong Kong pour marquer ce funeste anniversaire. Quelques manifestants ont retiré des barrières qui avaient été installées autour du parc Victoria, avant qu'un groupe plus nombreux n'y pénètre et se rassemble sur les terrains de football en scandant des slogans, une bougie à la main.
Criminalisation de l'outrage à l'hymne chinois
Les veillées attirent généralement des foules de Hongkongais, surtout quand les relations avec Pékin sont dégradées, comme c'est particulièrement le cas cette année. Depuis sept mois, des manifestations quasi-quotidiennes ont lieu dans la métropole financière. En réponse à ce mouvement, Pékin a annoncé fin mai son intention d'imposer à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale, qui prévoit de punir les activités séparatistes, "terroristes", la subversion, et les ingérences étrangères dans le territoire.
Signe que les tensions restent vives, jeudi, le Parlement hongkongais - acquis à Pékin - a approuvé un projet de loi controversé visant à criminaliser tout outrage à l'hymne chinois. Ce projet est perçu par l'opposition pro-démocratie comme une mesure de plus de Pékin pour mettre au pas sa région semi-autonome. Les élus de l'opposition pro-démocratie ont d'ailleurs refusé de participer à ce vote perdu d'avance, et l'un d'eux a déversé un mélange fétide d'engrais liquide dans la chambre pour perturber le travail législatif.
Une cérémonie interdite en Chine continentale
Le territoire autonome, dans le giron de Pékin depuis 1997, est le seul endroit en Chine où l'on peut marquer la commémoration de Tiananmen, devenue tabou pour Pékin. Sur le continent, aucune commémoration publique n'est possible : les médias restent muets, les censeurs effacent toute mention sur Internet et la police surveille de près les dissidents avant la date fatidique du 4 juin.
Preuve de l'extrême sensibilité du sujet, même les émojis de bougie ont été rendus indisponibles sur le populaire réseau social chinois Weibo. Jeudi matin, un photographe de l'AFP a également été arrêté par la police. Il a été obligé d'effacer la plupart de ses clichés, alors qu'il circulait près de la place Tiananmen.
Washington appelle Pékin à fournir un bilan du massacre
Les États-Unis ont salué comme chaque année la mémoire des victimes.Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a rencontré mercredi à Washington quatre figures du mouvement, dont l'un des principaux leaders étudiants de l'époque, Wang Dan.
Washington a appelé Pékin à fournir "un bilan complet" du massacre, dont l'anniversaire télescope cette année l'actualité américaine : le président Donald Trump a menacé de faire appel à l'armée pour mettre un terme aux débordements observés à travers le pays en marge de manifestations contre le racisme et les violences policières.
Interrogé sur la répression, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a répété mercredi que le pouvoir chinois était "déjà parvenu à une conclusion claire sur les troubles politiques survenus à la fin des années 1980".
"Les grandes réalisations de la Chine nouvelle au cours des 70 dernières années ont pleinement démontré que la voie de développement choisie par la Chine est tout à fait correcte", a indiqué Zhao Lijian.
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