Le nombre de victimes d'intoxications engendrées par les déchets toxiques déversés à Abidjan continuait d'augmenter hier, atteignant 9.000, dont six morts, alors que les autorités annonçaient sept arrestations et la construction d'un bunker pour y enfouir ces produits.
"Nous avons recensé au total à ce jour 8.887 personnes venues consulter les centres de santé" pour des symptômes liés" aux émanations des déchets toxiques, a déclaré hier le directeur général adjoint de la branche santé publique du ministère de la Santé, Jean Denoman, sur la télévision publique. "Ces chiffres vont aller en augmentant, car nous recevons entre 1.000 et 1.500 personnes par jour" dans les centres de santé, a-t-il ajouté. Un sixième décès en lien avec la pollution a été enregistré hier, a par ailleurs indiqué le responsable de la communication du ministère, Siméon N'Da. L'une des victimes décédée est un jeune détenu de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), dont certains bâtiments bordent un site où a été déversé une partie des déchets toxiques. Plusieurs dizaines de détenus de la Maca, en majorité des femmes et des adolescents, ont été évacués vers d'autres prisons pour les protéger des émanations des produits chimiques, a indiqué hier un membre du personnel administratif de la maison d'arrêt, sous couvert de l'anonymat. Selon plusieurs quotidiens ivoiriens, au moins 120 prisonniers auraient été évacués de cette prison, qui comptait, à la fin 2004, 5.500 prisonniers pour quelque 1.500 places.
De son côté, le procureur de la République du tribunal de première instance du Plateau d'Abidjan, Raymond Tchimou, a annoncé les premières arrestations, au nombre de sept, dans cette affaire, et dévoilé l'identité de trois d'entre elles, les dirigeants de trois sociétés travaillant au Port d'Abidjan, Puma Energie, Waibs et Tommy. M. Tchimou a précisé que les responsables de cette pollution encouraient une peine de 15 à 20 ans de prison. Selon le procureur, le Probo Koala, le navire battant pavillon panaméen qui transportait ces déchets, a accosté au port d'Abidjan le 19 août vers 13h. Le navire avait auparavant "informé la société Puma Energy de son intention d'y déverser des eaux usées contenues dans ses cales", selon le procureur. Pour l'enlèvement du produit, Puma Energie a pris contact avec un intermédiaire, la société Waibs, "qui lui a conseillé la société Tommy". Tommy, "bien que munis d'une autorisation du district d'Abidjan pour les dépôts desdits produits à la décharge d'Akouédo, (a été) les déverser dans des endroits savamment choisis à travers toute la ville d'Abidjan", a accusé le procureur.
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