
Des renseignements recueillis par le Canada indiquent que l'avion ukrainien qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran a pu être abattu par un missile iranien, a déclaré jeudi le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé ce jeudi que plusieurs sources de renseignement, y compris canadiennes, indiquent que le Boeing 737 qui s'est écrasé mercredi près de Téhéran a été « abattu par un missile iranien sol-air ». « Nous avons des informations de sources multiples, notamment de nos alliés et de nos propres services » qui « indiquent que l'avion a été abattu par un missile sol-air iranien. Ce n'était peut-être pas intentionnel », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Comme il l'avait fait la veille, le Premier ministre canadien a estimé que ces derniers développements « renforcent la nécessité d'une enquête approfondie dans cette affaire ». Le Premier ministre anglais Boris Johnson a également confirmé dans la soirée que le Boeing a été abattu par un missile. « J'ai mes doutes », a déclaré plus tôt dans la journée Donald Trump, interrogé sur les raisons du crash. « J'ai le sentiment que quelque chose de terrible s'est passé », a-t-il ajouté lors d'un échange avec les journalistes à la Maison Blanche.
Tir de missiles repéré par les Américains
Une vidéo que s’est procurée le New York Times montre le moment où l’appareil est touché, à l’aube, peu après son décollage de Téhéran, relate notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Le bruit d’une explosion est perceptible mais l’avion poursuit sa route, fait demi-tour vers l’aéroport, avant le crash fatal. Selon les chaînes de télévision américaines, plusieurs responsables du renseignement sont convaincus que le Boeing a été abattu par les Iraniens.
Des satellites américains auraient repéré le tir de missiles de défense anti-aérienne à proximité de l’aéroport de Téhéran explique notre correspondante. L’équipement militaire mobile aurait été déployé à cet endroit pour parer à d’éventuelles représailles des États-Unis suite aux raids menés par l’Iran contre des bases militaires en Irak. Le Boeing de Ukraine International Airlines (UIA) a décollé mercredi matin de Téhéran en direction de Kiev avant de s'écraser deux minutes après, tuant les 176 personnes à bord, principalement des Iraniens et des Canadiens.
L'Ukraine examine 4 théories
À Kiev, le président ukrainien Volodimir Zelenski a déclaré que le gouvernement envisageait plusieurs causes plausibles expliquant l'accident de l'appareil. Dans une allocution télévisée, il a invité ses compatriotes à ne pas céder aux spéculations, théories du complot ou conclusions hâtives. Oleksiy Danilov, le secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité nationale et de défense, a écrit sur Facebook que l'Ukraine examinait quatre principales théories : tir de missile, collision, explosion d'un moteur ou acte de terrorisme.
Les autorités iraniennes ont affirmé jeudi que les « rumeurs illogiques » selon lesquelles l'avion aurait été abattu par un missile n'avaient « aucun sens ». « Scientifiquement, il est impossible qu'un missile ait touché l'avion ukrainien », a déclaré Ali Abedzadeh, le responsable de l'aviation civile iranienne, cité par l'agence de presse Isna.
50 experts ukrainiens à Téhéran
Une cinquantaine d'experts ukrainiens sont arrivés jeudi à Téhéran pour participer à l'enquête et notamment au décryptage des boîtes noires du Boeing. « À un moment ou à un autre, ils remettront les boîtes noires, idéalement à Boeing, mais s'ils les donnent à la France ou un autre pays, cela irait aussi », a affirmé Donald Trump.
Une certaine confusion règne sur le sort de ces boites noires, cruciales pour les investigations à venir. Mercredi, l'agence Mehr, proche des ultraconservateurs, a cité des propos d'Ali Abedzadeh, président de l'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO) selon lesquels l'Iran ne remettrait pas les boîtes noires aux Américains. Jeudi, le ministère iranien des Transports a rejeté « les rumeurs sur la résistance de l'Iran à livrer les boîtes noires [...] aux États-Unis ». Seuls quelques pays, dont les États-Unis mais aussi l'Allemagne ou la France, ont les capacités techniques d'analyser les boîtes noires.
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