Qu’a cherché à faire Amedy Coulibaly en manipulant ordinateurs et téléphones dans le huis clos meurtrier de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris ? Comment, dès le lendemain, une vidéo de revendication le mettant en scène s’est-elle retrouvée sur Internet ?
Selon des éléments dont Le Monde a pu prendre connaissance, le preneur d’otages a trouvé du temps à consacrer à une caméra GoPro, comme Mohamed Merah l’avait fait pour filmer ses crimes – et se mettre en scène. Amedy Coulibaly la portait, fixée au niveau de la poitrine, lors de son entrée dans l’Hyper Cacher. Selon des témoignages d’otages, il serait parvenu à transférer des données.
Le 10 janvier, dans une séquence de 7 minutes diffusée sur le Web et filmée entre le 8 janvier, après la tuerie de Charlie Hebdo, et le 9 janvier, avant la prise d’otages de la porte de Vincennes, Amedy Coulibaly discourt depuis son appartement et proclame son allégeance à l’Etat islamique (EI). Un document qui pose d’emblée la question de complicités.
D’une part à cause du montage, qui s’ouvre par des extraits de l’assaut des forces de l’ordre à l’Hyper Cacher, un élément qui n’a pu être ajouté qu’après sa mort. D’autre part, les enquêteurs ont en outre isolé des ombres et des paroles prononcées par des tierces personnes. Enfin, sa diffusion laisse une impression de déjà-vu : le mode opératoire portant la signature des activistes proches de l’EI, lesquels livrent quotidiennement des vidéos en suivant une « procédure » rodée.
Adresses jetables
« Soldat du califat » apparaît ainsi le 10 janvier à 17 h 55 sur la plate-forme américaine Archive.org, un rendez-vous habituel des adeptes de l’EI, qui affectionnent cette bibliothèque numérique. Archive.org présente un double avantage : la modération y est inexistante et seule est réclamée une adresse mail pour tout droit d’entrée.
Sans surprise, « [email protected] », l’internaute qui a chargé la vidéo, a disparu. Cette boîte mail s’est « autodétruite » quarante-cinq minutes après son ouverture… Soit le temps de se « loguer » et de déposer ses contenus. La combine, connue par les djihadistes, porte le nom d’« adresses jetables », fournies par des sites qui les génèrent anonymement.
Les ordinateurs par lesquels ont transité les fichiers n’ont probablement jamais « habité » à l’adresse indiquée : les adresses IP – la signature unique qui permet à une machine de communiquer avec un réseau – des internautes qui ont chargé la vidéo sur Archive.org, YouTube ou Dailymotion les localisent en Europe ou aux Etats-Unis, ce qui ne veut rien dire. Plusieurs d’entre elles renvoient en fait à des serveurs du réseau d’anonymisation TOR, qui permet à un utilisateur de cacher son adresse IP et la remplacer par d’autres. Le logiciel, utilisé au départ par des dissidents et des hackeurs, permet en théorie une connexion intraçable.
La vidéo mise en ligne, il reste à la diffuser sur les réseaux sociaux. A commencer par Twitter, le terrain de chasse favori des djihadistes, qui y déploient leur propagande. Dans cette « djihadosphère », où des milliers de comptes échangent petites et grandes informations, certains proches ou membres de l’EI ont acquis une notoriété telle qu’être diffusé par leurs soins est l’assurance d’une exposition maximale.
C’est exactement ce qui se passe dans les premières heures du 11 janvier quand la vidéo est relayée par des comptes proches du « Front médiatique de soutien à l’Etat islamique », une mouvance d’activistes proches du cœur de l’organisation terroriste, dont elle relaie la communication. L’effet boule de neige est immédiat et la vidéo se diffuse à la vitesse grand V.
Qu’est-ce qui relie Amedy Coulibaly avec les comptes djihadistes qui se sont chargés de diffuser sa vidéo ? Son cheminement reste une zone d’ombre et en filigrane un lien, même indirect, entre le terroriste et l’EI.
L’Etat islamique n’a pas tardé à surfer sur l’effet « Coulibaly ». Depuis la mi-janvier, la France est devenue une obsession, la cible numéro 1 : plus d’une dizaine de vidéos ont été diffusées en mettant en scène des djihadistes français ou francophones qui multiplient les menaces. La dernière a été postée samedi 14 février… sur le site Archive.org.
5 Commentaires
Moi
En Février, 2015 (15:24 PM)Sidi Hebdo
En Février, 2015 (15:30 PM)selon encore les memes musulmanteur comme sidi l'attentat a été monté (par l'occidant)
cherchons maintenant l'erreur.
Deug
En Février, 2015 (15:34 PM)@hypo
En Février, 2015 (17:37 PM)O didon pourquoi on est hypocrite jusqu'à ce point oubien cest de la lotterie?
Ndiaye Nopi
En Février, 2015 (18:05 PM)Participer à la Discussion