Le Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine consacré à l’intégration du continent s’est achevé à Accra, au Ghana, très tard, hier soir, sur un constat d’échec. Aucun accord n’a pu être trouvé sur un calendrier pour l’établissement d’un gouvernement continental.
PAR NETTALI
C’est sur les notes de l’hymne de l’Afrique que les participants ont salué la déclaration du 9e Sommet de l’Union africaine. L’histoire nous dira s’il s’agit d’une oraison ou du coup de pistolet donnant le départ du marathon vers les Etats-Unis d’Afrique, dont le Sommet a préféré envoyer le dossier devant quatre commissions dont les conclusions seront présentées à un comité de chefs d’Etat. Lequel comité fera à son tour des recommandations à la prochaine session ordinaire de l’Union africaine à Addis-Abeba. Un comité piloté par le Sénégalais Abdoulaye Wade, le Sud-Africain Tabo Mbeki, l’Ougandais Yuweri Museweni, le Gabonais Oumar Bongo, ainsi que Muammar Kadhafi de Libye, successeur autoproclammé des pères fondateurs de la défunte Oua ; comité chargé de fixer des étapes et des préalables à remplir pour la réalisation d’un Exécutif fédéral. Le processus a été difficile à accoucher, comme l’atteste la longueur des débats, qui se sont prolongés jusqu’au milieu de la nuit. Pendant les discussions qui ont précédé la déclaration finale, un petit groupe de pays aurait envisagé de soumettre la décision finale au vote, ce qui aurait bien sûr consacré les divisions entre modérés et radicaux. Ce ne fut finalement pas le cas. Etonnamment, le colonel Kadhafi, qui a préféré quitter la salle avant l’adoption d’une déclaration finale, a lui adopté une position plus conciliatrice. L’idée initiale de Kadhafi prévoyait quinze portefeuilles dans un gouvernement continental en charge de la Défense, des Affaires étrangères et du Commerce extérieur. Selon des délégués, Kadhafi s’est finalement rallié au principe d’une évolution par étapes, mais a demandé l’annonce d’une date butoir pour la mise en œuvre des décisions du Sommet. Apparemment, le leader libyen n’a pas été entendu. A preuve, aucun calendrier n’a été fixé. Marie-Angélique Savané, membre du Mécanisme africain d’évaluation des pairs, a pris part au Sommet d’Accra. Elle estime au micro de la Bbc qu’il faut d’abord et surtout renforcer le pouvoir exécutif de la Commission de l’Union africaine. « Je crois que ce qui est important aujourd’hui, c’est que tout le monde réagisse. Car la Commission de l’Union africaine, tel qu’elle fonctionne actuellement, ne répond pas aux attentes et aux besoins des populations africaines et des gouvernements en particulier », plaide Mme Savané qui ajoute : « On a créé une Commission qui n’a pas de pouvoir exécutif. Donc, pour l’instant, l’une des préoccupations majeures, le président Konaré l’a dit dans son discours d’ouverture, est qu’on voie de quel exécutif on a besoin aujourd’hui en Afrique. Est-ce qu’il faut renforcer la Commission pour lui donner des pouvoirs réels ou est-ce qu’il faut créer une autre structure ? Quelle que soit la solution politique qu’on va trouver, il va falloir renforcer le pouvoir exécutif de cette Commission, sinon, on voit mal comment l’Afrique peut parler d’une seule voix au niveau international sur l’ensemble des problèmes liés à la mondialisation, à la gouvernance globale etc. »
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