Des agents des services de sécurité bélarusses (KGB) sont soupçonnés de s'être trouvés dans l'avion de Ryanair détourné par les autorités bélarusses, qui ont arrêté un opposant présent à bord, a affirmé lundi le patron de la compagnie aérienne irlandaise, Michael O'Leary.
Comme le gouvernement irlandais, M. O'Leary a dénoncé un acte de "piraterie" soutenu par le Bélarus. "Il apparaît que l'intention des autorités était de faire sortir un journaliste et la personne qui voyageait avec lui", a-t-il expliqué sur la radio irlandaise Newstalk.
"Nous pensons que des agents du KGB ont été débarqués à l'aéroport également", a-t-il ajouté, évoquant un incident "très effrayant" pour les passagers et l'équipage. "Je pense que c'est la première fois que cela arrive à une compagnie aérienne européenne".
Roman Protassevitch, 26 ans, ancien rédacteur en chef de l'influent média d'opposition bélarusse Nexta, a été interpellé dimanche après-midi à la suite de l'atterrissage d'urgence à l'aéroport de Minsk de l'avion, à la suite d'une fausse alerte à la bombe. En début de soirée, l'appareil qui reliait la Grèce à la Lituanie, un pays balte membre de l'Union européenne, a pu reprendre son vol, sans M. Protassevitch.
Piraterie aérienne
"C'était effectivement de la piraterie aérienne, sanctionnée par l'État", a déclaré le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, sur la radio-télévision publique irlandaise RTE. "C'était une compagnie aérienne irlandaise, un avion enregistré en Pologne, plein de ressortissants de l'EU, voyageant entre deux capitales de l'UE", a-t-il poursuivi. "Nous ne pouvons permettre à cet incident de se produire avec des avertissements ou de forts communiqués de presse" comme réponse, a-t-il ajouté, appelant à des "sanctions".
Nouvelles sanctions
Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE doivent examiner lundi soir de nouvelles sanctions contre le régime autoritaire de Minsk en réaction à ce détournement. Une centaine de responsables bélarusses, dont le président Alexandre Loukachenko, sont déjà sous sanctions européennes en raison des atteintes aux droits humains dans cette ex-république soviétique.
La Lituanie et la Lettonie ont appelé les vols internationaux à ne plus passer par l'espace aérien bélarusse. La cheffe de file de l'opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa a demandé sur RTE l'ouverture "immédiate" d'une "enquête internationale". Selon elle, "l'escalade de la violence au Bélarus est le résultat de l'impunité, nous devons donc mettre beaucoup de pression sur le régime".
“Des actes, pas des mots”
"Il faut des actes, pas des mots. Les simples paroles de condamnation ne suffisent pas", a insisté Franak Viacorka, journaliste et ami de Roman Protassevitch, sur la BBC. Il a confié que ce dernier lui avait fait part d'inquiétudes avant son départ à l'aéroport d'Athènes, où il s'était dit suivi. "Je ne peux imaginer ce qui est en train de lui arriver en ce moment", a-t-il ajouté. "Sa petite amie a été arrêtée avec lui. Elle est citoyenne russe (...) Ils vont se venger, les punir tous les deux".
De son côté, le Royaume-Uni, qui n'est plus membre de l'UE, "se coordonne avec ses alliés", a indiqué sur la BBC la secrétaire d'État chargée des Entreprises, Anne-Marie Trevelyan. Le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, avait averti dimanche de "graves conséquences" à la suite du détournement de l'avion de ligne.
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