Plusieurs sites internet de journaux américains, dont celui du Los Angeles Times, étaient inaccessibles depuis l'UE vendredi, jour de l'entrée en vigueur de nouvelles règles de protection des données personnelles plus strictes en Europe. "Malheureusement, notre site web est actuellement indisponible dans la plupart des pays européens", peut-on ainsi lire sur les sites du Los Angeles Times, du Chicago Tribune, du Baltimore Sun ou encore du Orlando Sentinel.
Le message ajoute que ces journaux du groupe de presse Tronc s'engagent à chercher "les options" pour fournir leur offre sur le marché de l'UE, ainsi que "des solutions techniques pour se mettre en conformité". D'autres journaux également inaccessibles depuis l'Europe, comme le Saint-Louis Post-Dispatch ou le Arizona Daily Sun, mentionnent eux explicitement sur leur site l'entrée en application vendredi du "Règlement général sur la Protection des Données" (RGPD) pour expliquer leur blocage.
Cette nouvelle législation européenne impose notamment à toute entreprise de demander un "consentement explicite et positif" pour utiliser des données personnelles collectées ou traitées dans l'UE. RGPD: des sanctions énormes Les entreprises s'exposent à des sanctions pouvant atteindre jusqu'à 20 millions d'euros ou 4% du chiffre d'affaires annuel mondial si elles violent ces règles, adoptées en 2016 mais applicables depuis vendredi après la période de deux ans qui avait été laissée aux autorités et aux entreprises pour se préparer.
Lors d'une conférence de presse à Bruxelles, la présidente de l'European Data Protection Board (EDPB) - l'organisme nouvellement constitué qui a pour mission de s'assurer de l'application du RGPD et éventuellement d'infliger des amendes -, Andrea Jelinek, s'est voulu rassurante concernant ces sites inaccessibles. "Je suis sûre que le Los Angeles Times ouvrira à nouveau son site web dans les prochains jours", a-t-elle souligné. Mme Jelinek a par ailleurs confirmé que de premières plaintes concernant des infractions au RGPD avaient d'ores et déjà été déposées.
Max Schrems, le déclencheur Le juriste autrichien Max Schrems, grand militant de la cause des données personnelles, a notamment saisi les nouvelles règles pour attaquer plusieurs géants américains, leur reprochant de recueillir un "consentement forcé" à leurs règles d'utilisation modifiées en raison du RGPD. "Vous avez probablement vu ces fenêtres contextuelles qui s'affichent partout, disant 'Vous devez accepter, sinon vous ne pourrez pas utiliser ce service'.
Or le RGPD interdit explicitement cela", a-t-il fait valoir dans un entretien avec l'AFP. M. Schrems a ainsi indiqué que son ONG None of Your Business (Pas tes affaires) avait "porté quatre plaintes: une en France contre Google sur Android, la deuxième contre Instagram en Belgique, la troisième à Hambourg contre WhatsApp et la quatrième en Autriche contre Facebook".
0 Commentaires
Participer à la Discussion