Des échauffourées ont opposé, avant-hier lundi, des policiers du commissariat de la commune de Ratoma, à des militaires du ministère des Services spéciaux, chargés de la lutte contre le grand banditisme et la drogue, selon des témoins. L’incident s’est produit en fin de matinée à mi-chemin entre Cosa et Petit Simbaya, deux quartiers situés dans la banlieue de Conakry. ‘Il y a eu des échanges de tirs entre les policiers et les militaires. Nous ne savons pas s’il y a eu des victimes, de part et d’autre, parce que nous étions obligés de fuir la zone’, a déclaré cet habitant de Cosa qui a requis l’anonymat. Les militaires étaient, en fait, à la recherche d’individus soupçonnés d’être des narcotrafiquants. Mais, leur camion était tombé en panne, en cours de route. Ils ont alors demandé aux policiers de leur remettre leur véhicule de service pour pouvoir accomplir leur mission. Ce que ces derniers ont refusé estimant qu’ils ne pouvaient pas accéder à cette requête en l’absence de leur chef. Il s’en est suivi une vive altercation qui a vite généré des affrontements. On ne sait pas, pour l’instant, si ces échauffourées ont fait des victimes ou non. Mais toujours dans la journée de lundi, des policiers de la Direction de la surveillance du territoire (Dst, renseignements généraux), ont aussi été maltraités par des militaires de la garde présidentielle. Ces derniers les ont obligés à se mettre à genoux ou de s’allonger à plat ventre sous la menace de leurs armes.
Des militaires de la garde présidentielle conduits par le ministre d’Etat, chargé de la sécurité présidentielle, le Capitaine Claude Pivi ‘Coplan’, ont par ailleurs semé la terreur lundi, au quartier Cosa. Ils ont arrêté plusieurs personnes dont l’imam de la grande mosquée, El Hadj Djoubairou Bah et son jeune frère, coiffeur de son état, rapportent des témoins. Un marabout soupçonné par la junte militaire d’être le ‘féticheur’ attitré du Lieutenant Aboubacar Sidiki Camara dit ‘Toumba’, a aussi été abattu lors de cette expédition punitive contre les habitants de ce quartier, considéré par les militaires au pouvoir comme des ‘ingouvernables’. L’homme avait tenté de s’enfouir lorsque les militaires ont débarqué chez lui dans les coups de 14 heures. ‘Il a été abattu de deux balles dans le dos et son corps a été emporté par les militaires pour une destination inconnue’, déclarent des témoins qui ont assisté à la scène. Plusieurs autres habitants du quartier auraient également été tabassés par les militaires sans donner la moindre explication sur les raisons de ces exactions.
Le Commandant du Bataillon autonome de la sécurité présidentielle (Basp), le Sergent-chef Mohamed II Camara, plus connu sous le nom de ‘Begré’, se serait par ailleurs suicidé, dans la nuit de samedi à dimanche, au camp Alpha Yaya Diallo, apprend-t-on de source sûre. Ce redoutable militaire est accusé, par plusieurs témoins, d’être l’un des bourreaux des militants de l’opposition, lors de la sanglante répression du 28 septembre dernier. Il avait donné, il y a quelques semaines, une gifle à un journaliste de la Radio télévision guinéenne (Rtg), en l’occurrence, Fana Souma. Ce tristement célèbre Sergent avait été arrêté, vendredi dernier, à Pamelap, poste frontalier entre la Guinée et la Sierra Léone, en compagnie du Lieutenant Mabinty Touré et de son chauffeur, par des militaires loyalistes, alors qu’ils tentaient de s’enfouir. De nombreux militaires en fuite ont aussi été arrêtés, ces derniers jours, à Kamsar, petite ville située à l’ouest de Conakry, Mamou (ville carrefour et point stratégique) et Koundara, non loin de la frontière avec le Sénégal.
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