Les Zimbabwéens votent ce lundi 30 juillet et sont appelés à élire leur président, leurs députés et conseillers municipaux pour des scrutins historiques, les premiers depuis la chute de l’ex-président Robert Mugabe. Ce dernier a été contraint de démissionner en novembre dernier après l’intervention de l’armée. Il a été remplacé par l’actuel chef de l’État, Emmerson Mnangagwa. Aujourd’hui donc, Mnangagwa se présente à la tête de la Zanu-PF. Face à lui, Nelson Chamisa, le leader du principal parti d’opposition, le MDC. Ces élections sont historiques puisqu’il s’agit des premières sans Mugabe.
Après 37 ans au pouvoir, Robert Mugabe ne figure désormais plus sur les bulletins de vote. Il y a 23 candidats, mais les deux principaux sont Emmerson Mnangagwa le chef de l’Etat et Nelson Chamisa le leader de l’opposition.
Tous les deux se présentent pour la première fois sous la bannière du la bannière du changement. Bien qu’il soit issu du Zanu-PF et qu’il ait été longtemps le bras droit de Mugabe, Mnangagwa évoque un nouveau Zimbabwe. Il veut lutter contre la corruption, relancer l’économie et ouvrir le pays aux investisseurs. Nelson Chamisa, qui n’a que 40 ans, se présente comme le candidat de la rupture avec ce passé, qui incarne l’avenir et a les mains propres.
Des candidats au coude à coude
Les derniers sondages parlent de 40% pour la Zanu-PF, 37 pour le MDC avec un écart qui se resserre. Les candidats sont au coude à coude. L’opposition a notamment pu faire campagne dans les zones rurales qui sont habituellement aux mains du parti au pouvoir, et cela parce qu’il y a eu une ouverture de l’espace démocratique depuis novembre dernier, la Zanu-PF a un peu lâché du lest.
Le président Mnangagwa souhaite notamment convaincre la communauté internationale que les choses ont changé et que les élections seront libres et transparentes afin de faire revenir les investisseurs dans ce pays qui a été isolé pendant plusieurs décennies.
L'opposition a-t-elle réellement une chance ?
Mais est-ce que l’opposition a réellement une chance de remporter cette élection ? Ce n’est pas vraiment l’avis des différents analystes politiques que RFI a pu joindre. « S’il y avait une vraie élection libre et transparente, vu l’équilibre politique, il pourrait y avoir un second tour. Mais étant donné les gens qui sont à la tête du régime aujourd’hui, des gens comme Mnangagwa, comme Chiwenga, le vice-président, des gens qui ont été responsables de la violence et de fraudes lors des scrutins précédents, je pense qu’ils voleront cette élection », explique Pedzisai Ruhanya, un politologue de l’université de Johannesburg.
Les précédentes élections de 2008 et 2013 ont été marquées par d’importantes violences électorales. En 2018, on n'a pas eu, jusqu’à maintenant, à déplorer de violences importantes, mais des intimidations sont dénoncées par des ONG locales, notamment dans les zones rurales où la Zanu-PF domine. Par exemple, les sympathisants de l’opposition ne reçoivent pas de colis d’aide alimentaire et sont menacés de violences physiques. Les ONG évoquent également des anomalies sur les listes électorales, il y a aurait, entre autre nettement moins d’électeurs inscrits dans les villes comme Harare et Bulawayo qui traditionnellement sont plutôt pro-opposition.
Mugabe ne votera pas pour la Zanu-PF
Le dernier facteur qui risque de peser sur ces élections, c’est Robert Mugabe lui-même. Il est sorti de son silence dimanche 29 juillet pour dire qu’il ne voterait pas pour son parti, la Zanu-PF, un parti qu’il a pourtant fondé. « Je choisirai parmi les 22 autres candidats » a-t-il déclaré, laissant entendre que cela pourrait être Nelson Chamisa. Un coup dur pour le parti au pouvoir, car ses sympathisants pourraient suivre l’exemple et voter pour l’opposition.
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