Une jeune femme de 23 ans a été condamnée à 50 ans de prison au Salvador, pour homicide avec circonstances aggravantes, pour avoir accouché d'une fillette, qui n'a survécu que quelques heures, dans des toilettes en raison d'une urgence obstétrique, a dénoncé lundi le Groupe citoyen pour la dépénalisation de l'avortement (Acdatee).
Le verdict, prononcé le 29 juin, n'est basé que sur "de purs et simples préjugés de genre", a dénoncé l'organisation féministe dans un communiqué annonçant qu'il sera fait appel du jugement pour obtenir la libération de la jeune femme. L'un des arguments avancés par le tribunal est que la jeune femme a manqué à son devoir de mère d'être "la source de protection de ses enfants en toutes circonstances de la vie", selon l'Acdatee.
Le bébé, né vivant, n’a pas survécu
La jeune mère, identifiée sous le seul prénom de Lesli, fait partie d'une famille nombreuse d'agriculteurs pauvres vivant dans une maison sans eau ni électricité. En juin 2020, elle a accouché sans s'en rendre compte dans les latrines de sa maison. La fillette, née vivante après 37 à 40 semaines de gestation, selon le parquet, n'a survécu que quelques heures. "J'ai senti que quelque chose sortait (de mon corps), il faisait noir et je n'ai pas vu ce que j'expulsais", a expliqué Lesli à l'époque. Elle a été alors admise en urgence à l'hôpital, où elle a reçu trois transfusions sanguines avant d'être arrêtée.
Le Salvador interdit l’avortement
Depuis 1998, le code pénal salvadorien interdit l'avortement, même en cas de viol ou de danger pour la mère, et prévoit des peines pouvant aller jusqu'à huit ans de prison. Cependant, les procureurs et les juges requalifient les cas d'avortements, même involontaires, en "homicide avec circonstances aggravantes", passible d'une peine allant jusqu'à 50 ans de prison.
La peine maximale: une première
C'est "la première fois dans l'histoire que la peine maximale est prononcée depuis que l'on pénalise de manière totale l'avortement", selon l'Acdatee. Depuis 2009, 65 femmes, pour la plupart de condition modeste, ont été libérées après avoir été condamnées pour des fausses couches ou des urgences obstétriques grâce au soutien de l'Acdatee ou d'autres organisations féministes, mais une dizaine restent emprisonnées. La Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme a condamné l'année dernière l'Etat salvadorien pour le décès en 2010 de Manuela en prison, où elle purgeait une condamnation à 30 années d'emprisonnement pour un accouchement non médicalisé qualifié par la justice d'homicide avec circonstances aggravantes.
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Mayna Layne
En Juillet, 2022 (16:07 PM)Participer à la Discussion