Limoges, (France) - Trois femmes et quarante-et-un hommes, Algériens et Guinéens sans papiers, entament aujourd’hui leur 4e semaine de grève de la faim à Limoges (centre ouest) pour obtenir un titre de séjour de douze mois, déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à son issue extrême plutôt que d’affronter la peur au quotidien, ont-ils indiqué à l’Afp.
Le document mettrait fin à leur angoisse permanente. "Se cacher tout le temps par crainte du contrôle qui conduirait au centre de rétention. Ne pas travailler et fuir le propriétaire, les huissiers. Aller chercher sa nourriture, celle des enfants surtout, auprès des associations humanitaires. Plutôt mourir dans la dignité, pour la dignité", déclare leur porte-parole, Houssni el Rherabi. La détermination commune de ces femmes et de ces hommes, leur solidarité dans l’action dans un espace confiné surprennent les membres les plus proches du Collectif de soutien. "Ils ont appris à vivre ensemble, à respecter l’autre. Ils en sont arrivés à faire l’effort de dépasser des différences culturelles qui, ailleurs, génèreraient des tensions. Tout cela parce qu’ils ont besoin d’un papier pour vivre", constate Cathy Guerry. Clandestins, ils ont fait l’amère expérience des patrons sans scrupules. Saïd a maçonné "de 07h 00 à 21h 00 pour 45 euros par jour" sans que son employeur tienne "sa promesse d’activer sa régularisation". Les autres ont nourri des vaches limousines dans les fermes, cueilli des pommes en Corrèze, fait la plonge, des ménages pour 20 à 25 euros quotidiens. Épuisés, ils vivent allongés sur des matelas posés à même le sol, dans un ancien local de police mis à leur disposition par la mairie de Limoges. Eau, thé, vitamines et potassium constituent leur ordinaire. "Un geste humain pour les grévistes de la faim", réclame pour eux auprès de la préfecture un Collectif de soutien, inquiet de la dégradation de leur santé. D’audience en entrevue, la réponse des services de l’Etat demeure le même "refus de sortir du cadre de la loi". Cette rigueur renforce la détermination des grévistes de la faim, convaincus, selon l’expression de Moktar, d’être "les jouets de la partie politique qui se dispute en France". "Des moyens pervers ne peuvent pas soutenir une fin humaine. C’est mon évangile", a déclaré à l’Afp le père Bernard de Montvallier, prêtre membre du collectif. "Nous aspirons à travailler et vivre dignement", résume Sako Mamadou Kalifa, 41 ans, marié en France à une compatriote Guinéenne et père de deux fillettes, de deux ans et demi et un an, nées à Limoges. Comme lui, ils sont plusieurs parents d’enfants en bas âge non encore scolarisés. Ils ont engagé leur action avec d’autres, jeunes célibataires, comme les trois Guinéennes d’une vingtaine d’années, retirées dans une pièce qui leur est strictement réservée.
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